Publicité

Sommet du G7 : le « oui mais » des Européens à Joe Biden face à la Chine

Durant trois jours à Carbis Bay, les chefs d'Etat et de gouvernement du G7 ont tenté de trouver le ton juste face au géant économique asiatique et à ses visées internationales. Entre fermeté et attitude conciliante, la voie des démocraties occidentales devient de plus en plus étroite.

Face à un Joe Biden ferme vis-à-vis de la Chine, Mario Draghi, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen s'efforcent de trouver un juste milieu pour leurs relations avec le géant asiatique.
Face à un Joe Biden ferme vis-à-vis de la Chine, Mario Draghi, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen s'efforcent de trouver un juste milieu pour leurs relations avec le géant asiatique. (Patrick Semansky/Pool via Reuters)

Par Richard Hiault

Publié le 13 juin 2021 à 18:40Mis à jour le 14 juin 2021 à 11:36

Sans être invitée à la table, la Chine s'est tout de même immiscée dans les débats. Réunis physiquement à Carbis Bay pendant trois jours, pour la première fois depuis le sommet de Biarritz en 2019, les chefs d'Etat et de gouvernement du G7 se sont efforcés d'établir une ligne claire vis-à-vis du géant asiatique. Un exercice pour le moins délicat face à l'offensive de Pékin.

« L'époque où les décisions mondiales étaient dictées par un petit groupe de pays est révolue depuis longtemps », avait fustigé dimanche un porte-parole de l'ambassade de Chine à Londres. Deux jours plus tôt, Pékin avait donné le ton lors d'un échange téléphonique entre Antony Blinken, secrétaire d'Etat américain, et le chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi. Pour ce dernier, « le seul authentique multilatéralisme […] c'est celui qui traite tout le monde d'égal à égal et promeut une coopération mutuellement bénéfique. » « Pas le pseudo-multilatéralisme basé sur les intérêts de cliques et sur une politique des blocs », avait-il martelé, selon la chaîne chinoise CCTV.

Un rival et un partenaire

Dimanche, à l'issue du sommet, à l'occasion de sa conférence de presse finale, le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, a voulu calmer le jeu.

Publicité

« Le G7 n'est pas un club hostile à la Chine », a-t-il souligné. Mais, « il ne faut céder à aucune naïveté » que ce soit face à la Chine ou face à la Russie, a-t-il précisé. Samedi, les dirigeants européens du G7, Royaume-Uni exclu, s'étaient mis d'accord sur une ligne claire à l'égard de Pékin : la Chine est « un rival systémique, un partenaire sur les enjeux globaux, et un concurrent », avait indiqué la présidence française à l'issue de leurs discussions. Les agissements de la Chine inquiètent les démocraties occidentales et le Japon. C'est un fait.

Les décisions du sommet du G7 pourront irriter les autorités chinoises. Les leaders du G7 ont appelé dimanche la Chine à « respecter les droits humains » de la minorité musulmane des Ouïghours dans la région du Xinjiang et à Hong Kong. Sans mentionner leurs soupçons sur les activités du laboratoire de la ville de Wuhan, qui pourrait être à l'origine de la pandémie du Covid-19, les leaders du G7 demandent par ailleurs à l'Organisation mondiale de la santé une enquête scientifique plus poussée sur l'origine de ce coronavirus. Ce que Pékin refuse catégoriquement.

Concurrencer les Nouvelles routes de la soie

Dans un autre registre, ils ont évoqué un vaste plan d'infrastructures pour aider les pays en développement et les pays pauvres. Le projet, qui, implicitement, se veut un concurrent du programme chinois des « Nouvelles routes de la soie », avait été dévoilé samedi par la Maison-Blanche avant même la fin du sommet. Estimé à plus de 40.000 milliards de dollars, il se focalise sur le climat, la santé, le numérique et la lutte contre les inégalités. « Il ne s'agit pas de pousser les pays à choisir entre les Etats-Unis et la Chine. Il s'agit de proposer une autre vision et une autre approche », avait assuré un haut responsable américain.

Dimanche, Joe Biden a enfoncé le clou : « Nous pensons qu'il existe des moyens plus équitables de répondre aux besoins des pays dans le monde », a-t-il déclaré. « Nous savons qu'il y a un énorme besoin d'infrastructures en Afrique […]. Nous ne pouvons pas nous contenter de dire que la Chine s'en chargera », a pour sa part expliqué la chancelière allemande, Angela Merkel.

Riposte chinoise

Mardi dernier, dans un rare moment d'union entre démocrates et républicains, le Sénat américain avait adopté un projet de loi prévoyant des investissements ambitieux dans la science et les technologies, présenté comme un texte « historique » pour contrer la menace économique de la Chine et son modèle « autoritaire ».

Les Européens entendent toutefois garder une certaine indépendance vis-à-vis de Washington, même si une « convergence grandissante » sur la Chine émerge au sein du G7, selon un haut responsable américain présent à Carbis Bay. Mais l'Allemagne est réticente. Elle s'est montrée hésitante à propos de cette proposition d'alternative aux Nouvelles routes de la soie. Si le communiqué final du G7 ne mentionne aucun montant pour ce projet d'infrastructures, Berlin en serait à l'origine.

L'Europe marche donc sur des oeufs. Vendredi dernier, cependant, les entreprises européennes en Chine ont fait part de leur vive émotion. La veille, une loi chinoise contre les sanctions étrangères avait été adoptée, risquant de placer les multinationales en position délicate, avait alerté la Chambre de commerce de l'Union européenne. Face aux pressions occidentales, la Chine s'est dotée jeudi d'un arsenal juridique, au libellé vague, qui légalise des représailles en cas de sanctions étrangères contre des individus ou des entités chinoises. Le texte légalise « la mise sous scellés, la saisie et le gel des biens » de personnes ou d'entreprises qui appliqueraient des sanctions contre la Chine. Les tensions risquent de continuer, voire de s'exacerber.

Richard Hiault

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité