Série : Mathieu Lamboley, le compositeur qui a enchanté la musique de « Lupin »

Rencontre avec le compositeur français derrière la bande-son de « Lupin », qui multiplie les projets au cinéma.
Lupin  Mathieu Lamboley le compositeur qui a enchant la musique de la srie Netflix

Fort de son succès international sur Netflix, Lupin a remis au centre de l’échiquier les séries françaises, déjà dopées par l’exportation réussie de Dix pour cent ou la fascination suscitée par Le Bureau des légendes. Béret, long manteau noir, paire de Jordan et catchphrase égrenée à tout-va (« Vous m’avez vu, mais vous m’avez pas regardé »), le héros incarné par Omar Sy a apposé une signature reconnaissable entre toutes. Mais parmi les singularités de cette fiction, dont la partie 2 est diffusée ce 11 juin sur la plateforme, figure aussi cette bande-son hautement romanesque signée Mathieu Lamboley. Et qui nous donnerait presqu’envie d’aller braquer le Louvre.

C’est justement grâce à cette première séquence au musée, où Assane Diop s’empare d'un collier ayant appartenu à Marie-Antoinette, que le compositeur français a séduit le géant du streaming. « J’ai répondu à un appel d’offres. Dans le brief, ils expliquaient vouloir une couleur un peu suspens, dans la veine d’Ocean’s Eleven, mais avec de la classe et de l’emphase. Comme j’aime écrire de la musique orchestrale, c’est ce que j’ai proposé », affirmait-il en mars dernier, lors d’une rencontre dans son studio d’enregistrement du 19e arrondissement de Paris. Dans cette série devenue vitrine de la France à l’étranger, Mathieu Lamboley amène ses influences très hexagonales, citant comme inspiration Debussy ou encore Ravel. D’une formation plutôt classique, il nous confie, reniant toute tentative de storytelling, s’être lancé dans la musique de film par un heureux concours de circonstances. « Alors que j’étais au Conservatoire national supérieur de musique de ­Paris, je suis tombé sur l’annonce d’un étudiant en arts décoratifs, Étienne Chaillou qui cherchait un compositeur pour son projet de fin d’études, Les oreilles n’ont pas de paupières. J’ai tout de suite adoré cette première rencontre avec l’image », se souvient-il.

Jean-Baptiste Courtin

Touche-à-tout, l’artiste de 41 ans a alterné documentaires, fictions télé, courts-métrages, tout en s’attelant à l’écriture de musiques de chambre. Sur le mur de son studio, on peut apercevoir des vestiges de ses collaborations marquantes, un Jean Dujardin conquérant sur l’affiche de la comédie Le Retour du héros (2018) de Laurent Tirard, ou encore un masque de Batman, le nom de code utilisé sur l’appel d’offres de son premier long-métrage, Libre et Assoupi de Benjamin Guedj (2014). Du Discours de Laurent Tirard, en salles actuellement, au Quai de Ouistreham d'Emmanuel Carrère, en passant par Le Dernier mercenaire, marquant le retour de Jean-Claude Van Damme sur Netflix… Il enchaîne les projets, mais ce succès mondial estampillé Netflix lui a offert une reconnaissance nouvelle : « La seule différence, nous confie-t-il, c’est que lorsque j’évoque Lupin, les gens savent tout de suite de quoi je parle. Mais j’ai la même exigence sur toutes mes productions. »

S’il se réjouit de voir la série dépasser les frontières, travailler sur une fiction télé offre aussi son lot de challenges, qui l’ont tenu bien occupé pendant le confinement. Après avoir effectué l'enregistrement deux semaines plus tôt avec l’Orchestre national d’Île-de-France, il peaufine encore la musique d'un moment pivot de l'épisode final, dont les images s'affichent sur un grand écran en face de son plan de travail : « C’est une scène qui se déroule au théâtre du Châtelet, et les personnages assistent à un concert. Il fallait que la musique diégétique, celle qu'ils entendent, aille de pair avec celle qui rythme l’action. D’où le fait que ce soit très symphonique. J’avais composé une première version, mais qui finalement était trop gentille et ne collait pas à l’image. J’ai donc dû en réécrire une deuxième, en faisant en sorte que les départs soient les mêmes. C’est complexe et c’est pas fini encore ! (rires). » D'autant que le succès de Lupin laisse présager une saison 2, où l'on aura tout le loisir de se laisser distraire par les tours de passe-passe d'Assane, et de se délecter (encore une fois) du thème qui rythme ses aventures.