Ana Girardot : « Mon métier doit s’intégrer à ma vie de famille »

De films en séries, l’actrice s’est imposée en révélant plusieurs visages. Alors que « 5ème Set », de Quentin Reynaud, sort sur les écrans, on retrouve la jeune maman pour parler cinéma et... bébé.
Clara Géliot
Ana Girardot : « Mon métier doit s’intégrer à ma vie de famille » Bestimage

Vous jouez au côté d’Alex Lutz. Quel camarade est-il ?
Ana Girardot - Le meilleur ! Alex est un acteur que j’aime beaucoup et avec lequel j’avais envie de travailler depuis longtemps. Il est tellement passionné par son métier que, sur un plateau, c’est un moteur pour l’équipe. Pendant le tournage de 5ème Set, où il campe un tennisman professionnel en fin de carrière, il jonglait entre les entraînements de tennis et les séances d’équitation qui le préparaient à son spectacle, mais j’ai pu prendre le temps de construire avec lui le couple que nous formons à l’écran. Nos personnages sont deux sportifs de haut niveau qui ont grandi ensemble et partagé à la fois leurs efforts professionnels et leur vie de famille. Ils évoluent en binôme et le spectateur devait ressentir cette intimité.

Comprenez-vous la difficulté qu’un sportif ou même un acteur peut avoir à raccrocher ?
Ana Girardot - L’avantage pour un comédien est de pouvoir user de son corps jusqu’à la fin. Mais l’on peut aussi s’entendre dire qu’il n’est pas raisonnable de s’accrocher à ses rêves quand on n’y a pas accédé après plusieurs années... Pour ma part, j’ai eu la chance que les choses se goupillent plutôt bien, mais le métier d’acteur est fait de moments de doutes et de périodes bénies, qui nous convainquent qu’on a bien fait d’y croire.

Que tournez-vous actuellement à Prague ?
Ana Girardot - Totems, une série produite par Amazon Prime Video, qui suit, en pleine guerre froide, un jeune scientifique recruté par les services secrets pour devenir espion. Je partage l’affiche avec Niels Schneider, Vera Kolesnikova, Lambert Wilson et José Garcia. Le tournage est prévu jusqu’en juillet et la première saison devrait arriver sur la plate-forme fin 2021, avec une diffusion dans 240 pays.

Cette série vous offrira une visibilité internationale. Vous êtes tentée par une carrière à l’étranger ?
Ana Girardot - Oh oui, sans problème, car je n’ai jamais envisagé ce métier avec des barrières. J’ai déjà joué au Japon, dans un biopic du peintre Foujita, et au Panama, pour Paradise Lost, avec Benicio Del Toro. A l’heure des plates-formes, on voit bien qu’il y a moins de frontières dans le cinéma, les coproductions internationales se développent, tout ça est assez excitant...

Quel souvenir gardez-vous de votre expérience « américaine » ?
Ana Girardot - J’ai adoré cette période ! Après mon bac, l’envie de voyager et d’apprendre mon métier à travers l’anglais m’a amenée à suivre des cours de théâtre à New York, puis à Los Angeles. Au-delà de devenir assez vite bilingue – avec les cours d’improvisation, je n’avais pas le choix –, j’ai eu la chance de tomber sur une prof incroyable, qui m’a beaucoup appris. Après deux ans et demi passés là-bas, je suis rentrée à Paris et j’ai décro- ché mes premiers rôles.

Le regard que les femmes portent sur les hommes est un sujet qui m'inspire !

Parmi les films tournés avant le confinement, il y a Ogre et Naufrages. Que racontent-ils ?
Ana Girardot - Ogre est un très joli conte fantastique d’Arnaud Malherbe. J’y incarne la mère d’un petit garçon traumatisé par le souvenir d’un père violent et qui voit, chaque nuit, revenir un ogre menaçant. Quant à Naufrages, il s’agit d’un drame historique de Dominique Lienhard, dans lequel je côtoie Igor Van Dessel, un for- midable acteur belge, et Jérémie Elkaïm.

Quels sont vos projets désormais ?
Ana Girardot - En parallèle de Totems, j’ai réalisé une audiofiction adaptée du roman de Joël Dicker, la Disparition de Stéphanie Mailer. Cela consiste à mettre l’histoire en scène uniquement à travers le son et à « immerger » l’auditeur grâce notamment à l’audio 8D, qui vous enveloppe totalement. Ce podcast comptera huit épisodes de douze minutes et sera disponible sur les plates-formes d’écoute. Sinon, à la rentrée prochaine, je devrais tourner, sous la direction d’Anissa Bonnefont, l’adaptation de la Maison, le roman d’Emma Becker où elle retrace deux ans passés dans un bordel berlinois. Puis, en 2022, j’aurai le tournage décalé de Madame de Sévigné, d’Isabelle Bro- card, où je jouerai la fille de Karin Viard.

Etes-vous tentée par la mise en scène ?
Ana Girardot - Oui ! J’ai d’ailleurs eu la chance de tourner en septembre dernier, à Venise, mon premier court-métrage, avec Lou Lampros et Alexis Michalik. Il s’appelle Venise n’existe pas et suit une jeune femme per suadée que son amoureux va la demander en mariage... mais elle déchante et s’aperçoit qu’elle peut vivre un conte de fées sans recevoir la validation d’un homme. Cette expérience m’a tellement plu que je me suis déjà attelée à l’écriture de mon premier long-métrage. Comme c’est un autre regard de femme porté sur les hommes, je me plais à croire que c’est un sujet qui m’inspire !

Que vous ont transmis vos parents, Hippolyte Girardot et Isabel Otero, eux aussi comédiens ?
Ana Girardot - Ma mère m’a donné ce côté solaire et mon père m’a transmis un certain détachement, un regard amusé sur les choses. Résultat, je souris tout le temps... même quand je n’y suis pas obligée. Pour le travail, mon père m’apprend la patience et, avec ma mère, on échange beaucoup sur les personnages que j’ai à jouer, sur la psychologie de ces femmes, leur dualité.

Aimez-vous leur donner la réplique ?
Ana Girardot - Je l’ai fait avec ma mère dans la série Diane, femme flic, où elle tenait le rôle principal. Et mon père et moi avions tourné ensemble un court-métrage. C’est intéressant, mais ça n’est pas ce que je préfère. Je pense que nous sommes très bien chacun sur notre plateau !

Quand on intègre le casting de la série la Flamme, a-t-on le sentiment de faire partie de la « grande famille du cinéma » ?
Ana Girardot - Effectivement, j’ai été très flattée de participer à ce projet de Canal+. Je n’avais jamais tourné de comédie, et c’était un pari pour Jonathan Cohen de me confier un personnage présent sur tous les épisodes. Sa confiance m’a touchée. Et la série était tellement bien écrite qu’on était toutes ravies de s’y embarquer.

Dans la vie, qui vous fait rire ?
Ana Girardot - Rowan Atkinson, alias Mr. Bean. D’une manière générale, c’est la confrontation entre des personnages simples et des situations cocasses qui me fait rire. Peter Sellers ou Charlie Chaplin étaient les rois pour ça. Mais, en vérité, celui qui me fait le plus rire, c’est Jazz, mon fils de 5 mois.

En quoi le rôle de maman a-t-il pu vous changer ?
Ana Girardot - Cela m’a incitée à sélectionner les projets qui me tiennent vraiment à cœur et à avoir moins peur de décliner les autres. C’est important pour moi de continuer à faire ce que j’aime tout en gardant du temps pour les miens. Avec mon compagnon, qui est restaurateur, nous avons envie de partager des choses. C’est pour- quoi je ne ferai jamais de mon métier une priorité – ou, en tout cas, je m’arrangerai pour qu’il s’intègre à ma vie de famille.

Quelle mère êtes-vous avec votre fils Jazz ?
Ana Girardot - Je suis à l’écoute et dans l’observation. Je respecte mon fils comme une personne à part entière, dont j’adore le caractère. Dans Lost in Translation, Bill Murray disait à Scarlett Johansson quelque chose comme : « Les enfants sont les personnes les plus intéressantes que je connaisse. » Maintenant que je suis maman, je partage cet avis : ce sont des gens qui débarquent dans votre vie et l’illuminent !

5ème Set, de Quentin Reynaud. Sortie le 16 juin.

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le 06/06/2021