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Israël-Gaza : l'escalade de la violence s'intensifie encore

L'armée israélienne a affirmé que des soldats étaient entrés « dans » l'enclave palestinienne, avant de rétropédaler en évoquant « un problème de communication interne ». Les échanges de missiles se sont poursuivis toute la nuit. Israël a mobilisé une partie de ses militaires réservistes.

Des tirs de roquette depuis Gaza sont dirigés vers Israël dans un échange de violences qui est le plus important depuis 2014.
Des tirs de roquette depuis Gaza sont dirigés vers Israël dans un échange de violences qui est le plus important depuis 2014. (MAHMUD HAMS/AFP)

Par Catherine Dupeyron

Publié le 13 mai 2021 à 18:06Mis à jour le 14 mai 2021 à 13:37

« Welcome in Israël ! Ici, le fameux 'retour à la vie normale', c'est aussi la guerre ! » remarque Tali avec dérision lorsqu'elle évoque les dernières nuits passées dans les escaliers de son immeuble en plein coeur de Tel-Aviv avec ses trois enfants. Mais, Tali est inquiète : « C'est beaucoup plus intense et inquiétant que lors de la guerre de 2014. » En effet, depuis lundi soir, le Hamas réussit à tenir sous la menace de ses roquettes plus de 4 millions d'Israéliens, soit près de la moitié de la population du pays, en les obligeant à se réfugier régulièrement dans les abris et à fermer toutes les écoles des régions du sud et du centre du pays. Par ailleurs, l'aéroport Ben-Gourion étant désormais à portée de tir, plusieurs compagnies aériennes ont décidé de suspendre leurs vols vers Israël jusqu'à nouvel ordre.

« Terroriser les civils est l'arme du pauvre, remarque David Khalfa, chercheur associé au Center for Peace Communications à New York. Et ce conflit reste sans aucun doute asymétrique. Mais le Hamas a réussi à envoyer des centaines de roquettes en quelques minutes, saturant ainsi le système de protection israélien 'Dôme de fer', qui en principe intercepte les roquettes qui doivent tomber dans les zones habitées. Par ailleurs, il y a une montée en gamme des missiles, ils sont plus précis et de plus grande portée. Ils sont de fabrication iranienne, nord-coréenne, mais aussi locale ; le Hamas a acquis un savoir-faire. »

Rappel des réservistes en Israël

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Le bilan humain ne cesse de s'alourdir notamment côté palestinien (103 morts, dont 27 enfants, et 580 blessés), et pour le moment aucun cessez-le-feu ne semble à l'horizon. Au contraire même. Jeudi, Abu Ubaida, porte-parole de la branche militaire du Hamas, menaçait de lancer des roquettes sur l'aéroport de Ramon, à côté de la ville d'Eilat sur la mer Rouge. Il est probable que le Hamas ne calmera pas le jeu avant ce samedi 15 mai, jour anniversaire de la Nakba, qui pour les Palestiniens correspond à la « catastrophe » de la création de l'Etat d'Israël en 1948. Le conflit risque de s'étendre : l'armée israélienne a confirmé jeudi soir le tir vers Israël de trois roquettes depuis le sud du Liban qui seraient tombées en Méditerranée.

De son côté, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a officiellement annoncé au Cabinet de sécurité qui s'est tenu mercredi soir, qu'Israël avait refusé une offre de cessez-le-feu qui, selon lui, aurait été faite par le Hamas. Quant à l'armée israélienne, elle a rappelé 16.000 de ses réservistes et a pris des positions autour de la bande de Gaza. Cela présume-t-il d'une attaque terrestre de plusieurs semaines comme lors de l'opération « Bordure protectrice » en 2014 ?

En tout cas, les plans sont prêts et devaient être présentés jeudi soir au chef d'état-major, Aviv Kokhavi. Ensuite, ce sera à l'échelon politique de décider. Amos Harel, correspondant militaire du quotidien « Haaretz » pense que « dans la mesure du possible, Netanyahou et Gantz [ministre de la Défense, NDLR], ainsi que les généraux, préféreraient éviter une incursion terrestre à Gaza. »

Dans la nuit de jeudi à vendredi, l'armée israélienne a d'abord affirmé que « l'aviation israélienne et des troupes au sol mènent actuellement une attaque dans Gaza », puis a confirmé que des soldats étaient entrés « dans » cette bande de terre contrôlée par les islamistes du Hamas. Deux heures plus tard, Jonathan Conricus, porte-parole de l'armée israélienne, a émis une « clarification » pour indiquer « qu'il n'y avait actuellement pas de troupes dans la bande de Gaza ». Celui-ci a alors évoqué « un problème de communication interne ». Des troupes bombardaient Gaza, mais de l'extérieur du territoire palestinien, a-t-il affirmé.

Netanyahou et le Hamas profitent du chaos

Mais, David Ben Ishaï, qui manifeste depuis des mois pour réclamer le départ de Benyamin Netanyahou, pense que « Bibi est prêt à tout, y compris à faire brûler le pays pour garder le pouvoir et sauver sa peau face à la justice ». S'il n'est pas le seul responsable de ce conflit, le Premier ministre israélien en est, sans conteste, l'un des rares bénéficiaires. En effet, la création d'un nouveau gouvernement semble renvoyée aux calendes grecques, ce qui pourrait déboucher sur un cinquième tour d'élections et permettrait à Netanyahou de continuer à gouverner pendant plusieurs mois.

Par ailleurs, les comptes rendus de son procès sont passés de la première à l'avant-dernière page des journaux, voire en ont totalement disparu. L'autre gagnant de ce conflit est le Hamas. En lançant ses premières roquettes sur Jérusalem, l'organisation terroriste a mis le feu aux poudres et a repris l'ascendant sur l'Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas. Ce dernier est très critiqué pour avoir annulé les élections, les premières depuis quinze ans.

Les réactions à l'internationale se multiplient

Malgré l'intensification du conflit, une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU prévue vendredi a été annulée, mais Washington se dit désormais ouvert à l'idée pour le début de semaine prochaine. Deux précédentes réunions n'ont abouti à aucune déclaration. En coulisses, l'ONU, le Qatar et l'Egypte s'activent pour faciliter une médiation. Et les Etats-Unis ont annoncé l'envoi d'un émissaire en Israël et dans les Territoires palestiniens pour exhorter à la désescalade. Pour le président russe Vladimir Poutine et le chef de l'ONU Antonio Guterres, « la première des priorités est la fin des violences des deux côtés ». Le département d'Etat américain a appelé les ressortissants américains à « éviter de se rendre en Israël » en raison de la flambée de violence des derniers jours entre Israéliens et Palestiniens.

Emmanuel Macron, qui s'est entretenu avec le président de l'Autorité palestinienne, a « fermement condamné les tirs revendiqués par le Hamas et d'autres groupes terroristes » qui mettent « en grave danger la population de Tel Aviv » et nuisent « à la sécurité de l'Etat d'Israël », a indiqué l'Elysée dans un communiqué. Tout en lui présentant « ses condoléances » pour les « nombreuses pertes de civils palestiniens résultant des opérations militaires et des affrontements en cours avec Israël », le chef de l'Etat a demandé à Mahmoud Abbas « d'user de tous les moyens de son influence pour que le calme soit rétabli au plus vite ». Le président français a apporté « son plein soutien » à la médiation du président égyptien, Abdelfattah Sissi.

Catherine Dupeyron (Correspondante à Jérusalem)

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