BFM Business
Assurance Banque

Les banques françaises pourront-elles résister sans tailler plus massivement dans leurs réseaux?

Les difficultés de la banque de détail en France se sont encore accentuées avec la crise, pointe une étude du cabinet Alvarez et Marsal.

Avis de tempête sur les réseaux bancaires? La banque de détail est de plus en plus sous pression. Les revenus ont encore baissé de 3% l'an dernier et, avec la crise, les banques ont dû passer d'importantes provisions pour faire face à d'éventuels impayés, soit près de 4 milliards d'euros supplémentaires en 2020, assure une étude du cabinet Alvarez & Marsal. Si le secteur bancaire est confiant pour la reprise économique et table désormais sur une baisse de ces provisions, l'arrêt progressif des aides pourrait entraîner une nouvelle explosion.

Les banques, elles, continuent de réduire leurs coûts, mais pas suffisamment pour faire face aux difficultés auxquelles elles sont confrontées. Elles pourraient devoir tailler plus massivement dans leurs effectifs. Entre 2012 et 2019, 16.000 emplois ont été supprimés, un niveau très inférieur à ce qui s'est fait en Espagne, où 120.000 postes et un quart des agences ont disparu depuis 2008.

Mais le vrai sujet sera "un sujet de vitesse, en fonction notamment de l'évolution du modèle économique et notamment lié au coût du risque", explique ce jeudi Nicolas Taufflieb, associé chez Alvarez & Marsal, sur BFM Business.

La "menace" du e-commerce

Les banques françaises "ont déjà commencé à restructurer assez fortement leurs réseaux. Il y a des exemples européens qui montrent que certains pays vont plus loin", mais "la France a un secteur bancaire extrêmement solide" et "les situations de départ ne sont pas du tout les mêmes", poursuit-il, précisant qu'il faudra tout de même "très certainement" aller plus loin dans les restructurations des réseaux et "plus vite" dans le changement de modèle économique. "C'est une équation qui peut être assez compliquée", résume-t-il.

Par ailleurs, il y a d'autres menaces dont "on ne parle beaucoup", notamment l'essor du e-commerce, estime Nicolas Taufflieb.

"Les commissions sur les paiements, la consommation de crédits avec le paiement fractionné, cela va beaucoup changer le modèle de revenus des banques (…), poursuit Nicolas Taufflieb. Quelle va être la vitesse du e-commerce et quelle est la perte de revenus engendrée? Si ces éléments s'intensifient, s'accélèrent, si le coût du risque se dégrade parce que l'économie ne se porte pas bien, c'est sûr qu'il va falloir poser la question de la vitesse et de l'intensité des réorganisations".
Caroline Morisseau avec Jérémy Bruno