Faut-il faire vacciner son fils contre les HPV ?

Publié par Dre Brigitte Blond  |  Mis à jour le par Nastasia MontelExperts : Pr Philippe Descamps, chef du service de gynécologie-obstétrique au CHU d’Angers ; Dre Hélène Péré, virologue spécialiste des HPV à l’Hôpital européen Georges Pompidou, Paris

L’infection à papillomavirus (HPV), sexuellement transmissible, concerne garçons et filles. Le vaccin aussi ! Il est désormais remboursé pour les garçons. La décision en revient aux parents. Quand se faire vacciner ? Quid des risques et de l’efficacité ?

Comment se transmettent les papillomavirus (HPV) ?

Les infections à papillomavirus se transmettent quasiment toujours par contact sexuel, avec ou sans pénétration. La majorité des jeunes filles ou garçons attrapent donc l’un ou l’autre des virus de cette famille au début de leur vie sexuelle. À la différence d’autres infections sexuellement transmissibles (chlamydia ou gonocoque, par exemple), ces virus sont éliminés 9 fois sur 10 sans laisser de traces. Mais pour les 10 % restants, les complications sont loin d’être négligeables puisqu’ils peuvent être responsables de cancers. Le plus fréquent étant le cancer du col de l’utérus, c’est pourquoi la vaccination anti-HPV est recommandée aux jeunes filles depuis 2006.

Le préservatif ne suffit pas pour se protéger des infections à papillomavirus. C’est un très bon moyen d’éviter les infections sexuellement transmissibles, mais il est moins efficace contre les HPV. « Ceux-ci sont présents sur la peau aussi et véhiculés par les caresses ou les sextoys », précise la Dre Péré, virologue spécialiste des HPV à l’Hôpital Georges Pompidou, Paris.

Quelles maladies les HPV peuvent-ils provoquer chez les hommes ?

Les HPV que l’on dit à bas risque de cancer peuvent provoquer des condylomes génitaux, c’est-à-dire des verrues gênantes et contagieuses, ou des troubles de la voix (enrouement, voix cassée, extinction).

Les HPV à haut risque peuvent, eux, causer des cancers de la bouche (base de la langue notamment), de la gorge (pharynx et larynx), de l’anus et du pénis.

« Les hommes ont une sensibilité plus particulière à l’infection à HPV, leur immunité naturelle étant vraisemblablement moins efficace », souligne la Dre Hélène Péré.

Selon une étude publiée en août 2023 dans The Lancet Global Health, 31 % des hommes de plus de 15 ans seraient touchés par un papillomavirus, et 21 % d’un HPV à haut risque. Les hommes sont particulièrement touchés entre 25 et 29 ans, mais également de façon notable avant 20 ans et jusque 50 ans. « Les hommes sexuellement actifs, quel que soit leur âge, constituent un important réservoir d’infection génitale au HPV », confirme l’étude (source 1).

1 750 nouveaux cas de cancers masculins HPV sont induits chaque année en France, dont 1 000 environ de l’oropharynx (Haute autorité de santé, décembre 2019).

Des lésions précancéreuses non dépistables chez l’homme

Autre difficulté rencontrée avec les infections à HPV du garçon : les lésions précancéreuses ne peuvent pas être dépistées, à l’image de ce qui se fait pour le col de l’utérus des femmes avec le frottis. Les infections à HPV sont asymptomatiques et lorsque les virus persistent, les premières lésions se produisent des années après la contamination.

« Les possibilités de dépistage de ces cancers sont à l’évidence inégales, puisqu’il n’existe pas de dépistage pour les cancers de l’anus, du pénis ou ORL contrairement aux cancers du col », regrette le Pr Philippe Descamps.

Le vaccin contre le papillomavirus est-il efficace ?

Il prévient efficacement les verrues anogénitales et les lésions précancéreuses de l’anus. Comme chez les jeunes filles, son efficacité est maximale si la vaccination est faite avant le début de la vie sexuelle.

« S’agissant des cancers spécifiquement masculins, l’Australie qui vaccine la presque totalité des garçons depuis 2013 est un exemple réjouissant : les infections à HPV y ont pratiquement disparu », observe le Pr Descamps. Ces infections ont diminué de 70 % au Danemark ou en Suède qui ont encouragé la vaccination. Les virus circulent beaucoup moins, ce qui protège les filles et les garçons : on obtient une immunité de groupe, directe parce que l’on est vacciné, et indirecte, puisque le virus est moins présent. Le taux de vaccination en France est beaucoup trop faible (à peine 30 % des jeunes filles sont vaccinées) pour diminuer la transmission des papillomavirus.

La vaccination contre les HPV est-elle sûre ? Quels risques ?

420 millions de doses ont été distribuées dans le monde et aucun “signal de sécurité” n’a été notifié. Les cas de maladie auto-immune, sclérose en plaques en particulier, ne sont pas plus nombreux que l’on ait été ou non vacciné. Le sur-risque de syndrome neurologique (de Guillain Barré) n’est pas confirmé par les récentes études cliniques internationales.

À quel âge vacciner son fils ? Combien ça coûte ?

La vaccination par le vaccin nonavalent (Gardasil 9) est remboursée. Elle est indiquée pour les garçons et filles de 11 à 14 ans révolus (2 doses espacées de 6 mois), avant les premières rencontres sexuelles. Un rattrapage est possible de 15 à 19 ans révolus (3 doses à 0, 2 et 6 mois).

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