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Turquie : des plaines transformées en gruyère par la sécheresse

Un spectacle inquiétant. Ce phénomène géologique impressionnant s'est multiplié ces dernières années à cause de la sécheresse, dans les plaines fertiles turques près de Konya, en Anatolie centrale.

Depuis une quinzaine d'années, les agriculteurs de la province de Konya constatent une augmentation du nombre de gouffres gigantesques qui apparaissent soudainement au milieu de leurs champs, conséquence de la surexploitation des nappes phréatiques.

Appelés dolines en géologie, ces trous géants extrêmement profonds  se forment lorsque les cavités souterraines qui contenaient de l'eau s'affaissent sous le poids du sol. Cette multiplication de dolines sème l'inquiétude et la peur parmi les habitants de la région qui les voient se rapprocher de leurs maisons. Professeur de l'université technique de Konya, Fetullah Arik a recensé environ 600 trous cette année, presque le double des 350 répertoriés l'an dernier.

«La situation, en ce qui concerne la sécheresse, est de pire en pire», déclare préoccupé Tahsin Gundogdu, un cultivateur de pommes de terre dans la province de Konya. Face à ce phénomène qui gagne en ampleur d'année en année, les agriculteurs se retrouvent face à un dilemme pour irriguer leurs cultures : soit ils font faire venir de l'eau d'ailleurs pour arroser leurs champs ce qui entraine un surcoût et réduit d'autant leurs bénéfices ou soit ils continuent de pomper les eaux soutteraines ce qui ne fait qu'aggraver le problème.

 la turquie face à une double sécheresse à l'heure actuelle

Depuis le second second semestre de 2020, une pénurie d'eau exceptionnelle frappe la Turquie. Le pays est confrontée à une double sécheresse. D'une part, on constate une sécheresse liée à la météo, à cause d'un temps sec et de très faibles précipitations ; et d'autre part, une sécheresse hydrologique avec la baisse du niveau des rivières, lacs et nappes soutteraines. Au mois de novembre, par exemple, les précipations ont été deux fois moins importantes que la moyenne nationale. Il pourrait s'agir de la plus sécheresse la plus inquiétante depuis plus de dix ans.

A cause de la sécheresse, les besoins en eau se sont accrus. «Avant, arroser les champs deux fois par an suffisait. Aujourd'hui, nous devons le faire cinq ou six fois», explique Hazim Sezer, agriculteur à Karapinar, dans la province de Konya.

Le ministre de l'Agriculture Bekir Pakdemirli a estimé en mars 2021 que la sécheresse qui sévissait dans le pays était surtout due à la hausse des températures et au changement climatique.

Une sécheresse aux conséquences économiques pire que le coronavirus

Si la sécheresse perdure, elle pourrait des conséquences pour l'ensemble de la population turque «aussi graves, voire plus que les ravages économiques de la pandémie de coronavirus», a prévenu Baki Remzi Suicmez, patron de la chambre des ingénieurs agronomes de Turquie.

En effet, si le déficit hydrique n'est pas comblé dans les prochains mois par un niveau suffisant de précipitations ou par la mise en place par le gouvernement turc d'un système souterrain de récupération des eaux de ruissellement, les récoltes ainsi que les rendements seront impactés et la Turquie se verra contrainte d'importer plus de nourriture. Cette pénurie d'eau menace aussi les grandes villes du pays comme Istanbul et Ankara.

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