Menu
Libération

«La Peintre et le Voleur», art, larcin et larmes

Article réservé aux abonnés
Le Norvégien Benjamin Ree documente l’étonnante amitié née entre une artiste et l’homme qui a dérobé ses toiles.
par Didier Péron
publié le 16 avril 2021 à 10h37

C’est le genre d’histoire qui ne fait même pas l’objet d’une brève dans un journal. Deux grandes toiles figuratives d’une jeune artiste méconnue, exposées dans une petite galerie à Oslo, sont dérobées par deux types filmés par les caméras de surveillance. L’un d’eux est vite identifié et arrêté. Il passe au tribunal, les toiles restent introuvables. Mais ce micro-fait divers alimente la curiosité du documentariste Benjamin Ree (lequel a précédemment passé une dizaine d’années à suivre le parcours du champion du monde d’échecs Sven Magnus Carlsen pour son documentaire Magnus).

L’artiste, Barbora Kysilkova, a invité le voleur, Karl-Bertil Nordland, dans son atelier. Elle veut faire son portrait, il doit poser de longues heures. Cette première approche donne lieu à une toile dont la révélation dévaste sous nos yeux Nordland, le visage marqué par les galères, les années de dope, de dépression et de taule. Soudain, il se voit par ce regard paradoxalement bienveillant. Tout le film va se déployer dans la profondeur souvent vertigineuse de cette amitié qui se noue pour l’un et l’autre sur le partage de traumas, de violences conjugales ou sociales, de fascination commune pour la mort ou la noirceur du monde. Le cinéaste les a suivis sur trois ans ; ce temps long – passé avec elle qui galère à placer ses toiles et qui doit affronter ses propres failles, son passé de femme battue, avec lui qui, de cure de désintox ratée en rédemption psy dans l’enceinte d’une nouvelle prison – t

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique