Écrans : La véritable histoire du film « Les enfants de Windermere »

Le film de Michaël Samuels raconte l'histoire vraie de ces 300 enfants survivants de la Shoah, accueillis au Royaume-Uni après la Seconde Guerre mondiale.
Les enfants de Windermere
BBC FIlms

Août 1945. Quatre mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale sur le sol européen le 8 mai 1945, le gouvernement britannique accorde le statut de réfugiés à mille enfants survivants de la Shoah. 300 d'entre eux sont recueillis dans le domaine de Calgarth, près du lac Windermere, région touristique-phare de l'époque.

Pour Les enfants de Windermere (2020), Anna Maciejewska, Tomasz Studzinski, Lukasz Zieba et Kuba Sprenger prêtent leurs traits à ces réfugiés. Michaël Samuels, réalisateur du film, s'intéresse ici au nouveau départ. Celui de jeunes Juifs, brisés par l'atrocité des camps de concentration, qui, en s'appuyant sur les uns et les autres, parviennent à se reconstruire une identité. C'est grâce aux témoignages de certains d'entre eux que le réalisateur a pu donner vie à cette fiction diffusée ce dimanche sur France 3.

« De l'enfer au paradis »

Vaste lac naturel, étendue de landes, chênes et pins aux pieds des majestueuses montagnes et collines… C'est au sein de ce paysage rural qu'est niché Windermere, au Nord-Ouest de l'Angleterre, à la limite de frontière irlandaise. Ici, Leonard G. Montefiore, joué par Tim McInnerny, organise l'installation d'un refuge pour accueillir les orphelins survivants de la Shoah. Son but : leur accorder des soins et les réinsérer au sein de la société britannique. L'humanitaire les fait venir de Prague dans des bombardiers Royal Air Force. « C'était comme un voyage de l'enfer au paradis » confira à ce sujet Jack Aizenberg, un adolescent survivant de Buchenwald, dans le documentaire The orphans who survived the Nazi camps de la BBC (2010).

Ce n'est pas la première fois que Leonard G. Montefiore vient en aide à sa communauté. Connu pour sa philanthropie, il préside le comité des L'Association anglo-juive et le Conseil des députés des Juifs britanniques qui ont pour mission de soutenir et protéger les Juifs du monde entier. En 1933, les deux établissement deviennent la Central British Fund for German Jewry (CBF). Et pour mettre le projet Windermere sur pied, l'organisation lance un appel aux dons d'un million de livres. La somme récoltée permet aux bénévoles locaux de dépoussiérer un ancien lotissement construit pour les ouvriers d'une usine d'avion en temps de guerre, d'acheter les fournitures essentielles, mais surtout, de sauver 732 enfants, dont environ 80 filles, âgés de 8 à 16 ans.

Une nouvelle vie

300 d'entre eux sont accompagnés à Windermere. Les orphelins y restent jusqu'en janvier 1946, avant d'être dispersés dans des familles et des auberges de jeunesse dans des villes de Grande-Bretagne. Pendant ces six mois, le Dr Oscar Friedmann (interprété par Thomas Kretschmann dans le film), psychologue et réfugié juif d’Allemagne, a mis en place une stratégie simple pour la réhabilitation de ces enfants qui sortaient tout juste du régime nazi : leur laisser la plus grande liberté possible. Ainsi, à côté des cours d'anglais, ils passent le plus clair de leur temps à se reposer, mais aussi à jouer et faire du sport comme le football ou la natation dans le lac de Winermere.

« Quand nous sommes arrivés, les premières choses qui nous ont été données étaient des sous-vêtements et des gilets. Les chemises et les costumes ne sont arrivés que plusieurs jours plus tard », se souvient Minia Munter, survivante d'Auschwitz, pour BBC, « Nous les attendions pour pouvoir sortir. Le lendemain, il a plu. Nous commencions à être impatients, alors nous sommes allés dehors en sous-vêtement sous la pluie. » Les nouveaux moments de bonheur n'empêchent pas la difficile adaptation à la vie civilisée. À la cantine du refuge, de nombreux pains disparaissent sous les vestes et dans les poches des rescapés, souvenir de la famine subie pendant la guerre. Le Dr Oscar Friedmann note qu'il est difficile pour eux de parler de la violence qu'ils ont vécus de l'autre côté de la mer, mais avec leur camarade, ils se remémorent ceux qu'ils ont perdus : leur famille.