Story : Le destin tragique de Jean Harlow, le premier sex-symbol d’Hollywood

Elle restera à jamais la « première blonde platine » du cinéma hollywoodien. Dans les années 1930, Jean Harlow est l'une des femmes les plus reconnues et désirées aux États-Unis. Mais alors qu'elle connaît un gloire fulgurante, l'actrice meurt tragiquement à l'âge de 26 ans.
Le destin tragique de Jean Harlow la « Blonde platine » dHollywood
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Un véritable sex-symbol des années 1930

Jean Harlow, née Harlean Carpenter le 3 mars 1911, a grandi à Kansas City, dans le Missouri. Celle qui deviendra plus tard l’une des plus grandes actrices de sa génération, connaît une enfance aisée. Son père est un chirurgien dentiste reconnu, sa mère la fille d’une riche courtier dans l’immobilier. Enfant unique, le petite fille est l’objet de toutes les attentions, jusqu’au divorce de ses parents en 1920. À l’âge de 15 ans, l’Américaine part dans un pensionnat dans l’Illinois, selon Irvin Shulman, auteur du livre Jean Harlow, biographie intime (1964), l’adolescente y est particulièrement malheureuse. L’année suivante elle décide donc d’arrêter ses études, et se marie avec Charles F. Mac Grew, le fils d’un banquier. Pensant ainsi se libérer d’une famille trop religieuse qui l’oppresse, la future star ne reste cependant mariée que trois mois, avant de divorcer.

Si elle n’a fait aucune étude, celle qui se fait désormais appeler Jean Harlow remarque rapidement que son physique, et son sex appeal sont des atouts majeurs. Elle songe alors à faire de la figuration dans le cinéma pour gagner de l’argent. Dès 1928, elle joue dans des comédies de secondes zones et décroche par la suite plusieurs apparitions dans des films de Laurel et Hardy comme Son Altesse Royale (1929). C’est alors que Jean Harlow est repérée par le grand producteur hollywoodien Howard Hughes. Captivé par son charisme et sa plastique de rêve, il l’embauche pour le rôle d’Helen dans Les Anges de l’enfer (1930). Le film est un triomphe, Jean Harlow devient une véritable star. Si le public l’adore, la presse n’est pas tendre avec la jeune actrice, pointant du doigt son manque d’expérience. Des critiques auxquelles l’Américaine répondra avec audace : « Quand on plaît au public, on n'a pas besoin d'être une actrice. Les hommes m'aiment parce que je ne porte pas de soutien-gorge. Les femmes m'aiment parce que je n'ai pas l'air d'une fille qui leur volera leurs maris. Enfin, pas pour longtemps ».

La popularité de l’actrice blonde platine ne cesse de croître. En 1931, elle décroche son premier rôle dans la mythique maison de production Metro Goldwyn Mayer (MGM), avec Tribunal Secret. C’est le premier de ses six films au côté de la star de l’époque**Clark Gable**. Rien ne semble arrêter le succès de Jean Harlow, cette année-là elle tourne également dans L’Ennemi Public de William Wellman, et L’Homme de fer de Tod Browning. Elle fascine les spectateurs, si les hommes tombent sous son charme, les femmes, elles, veulent lui ressembler. L’année suivante, elle est à l’affiche de La Blonde platine de Franck Capra, l’inscrivant un peu plus dans la légende hollywoodienne. Jean Harlow est l’une des actrices les mieux payées de l’époque. Si ses premiers succès lui rapportaient entre 1 500 et 1 750 dollars la semaine, en 1931 elle touche jusqu’à 7 000 dollars, une véritable fortune pour l’époque.

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Une vie privée loin des contes de fées

Mais derrière la lumière et les paillettes, la réalité est souvent bien différente. Jean Harlow pense avoir trouvé l’amour en 1931, dans les bras de Paul Bern. Ce dernier, de 20 ans son aîné, est le numéro trois de la MGM, et a la réputation d’être un homme très gentil. En juin 1932, le couple s’unit officiellement. Une belle histoire qui tourne dès la nuit de noces au véritable cauchemar. Lors de leur première nuit ensemble, Jean Harlow découvre que son nouveau mari souffre d'impuissance et d’un penis extrêmement petit. Surprise, la jeune actrice rigole, déclenchant la rage de son mari. Complexé, ce dernier espérait qu’en se mariant avec le nouveau « sex-symbol » d’Hollywood, il compenserait son « manque de virilité ». Mais face à la réaction de l’actrice, Paul Bern s’énerve, il la frappe alors à plusieurs reprises, et notamment au niveau des reins. Paniquée et traumatisée, Jean Harlow se rend en pleine nuit chez son imprésario, Arthur Landau. L’actrice est couverte de bleus et de morsures.

Dans la biographie de cette dernière, Irving Schulman révèle qu’Arthur Landau était en réalité bien au courant de la situation de Paul Bern. C’est lui qui a alors convaincu Jean Harlow de pardonner son mari, et de tenter de sauver leur mariage. Si pendant des mois l’actrice refuse, elle finit par revenir, et pardonner son époux. Le 4 septembre 1932, le couple se retrouve dans leur maison, sur les hauteurs de Los Angeles. Paul Bern semble apaisé et heureux. Mais quelques heures plus tard, l’homme se suicide dans la salle de bain, laissant un mot à son épouse : « Très chère chérie, malheureusement c'est la seule façon de transformer en bien le mal affreux que je t'ai fait et effacer mon humiliation abjecte. Je t'aime. Paul. Tu comprends que la nuit dernière était seulement une comédie ». Le suicide de Paul Bern passionne les médias, Jean Harlow, elle, est effondrée. Si certains semblent la suspecter un temps, son innocence est évidente aux yeux de l’opinion publique.

Alors qu’elle traverse ce drame, l’actrice est au même moment à l’affiche de La Belle de Saïgon de Victor Fleming. Si sa vie privée est dramatique, sa performance est pour la première fois largement saluée par la critique. Jean Harlow est alors au sommet de sa carrière. L’année suivante, elle livre une nouvelle performance remarquée dans Dans tes bras puis Les invités de Huit Heures. En 1935, Jean Harlow retrouve l’amour avec William Powell, son partenaire dans le film Imprudente Jeunesse. Comme si sa vie privée ne pouvait aller de pair avec sa carrière, le film est lui un échec commercial. Sa carrière n’en pâtit pas et Jean Harlow reste une célébrité reconnue et populaire. En mai 1937, elle est la première actrice de cinéma à faire la couverture du magazine Life.

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Un mort tragique au sommet de sa gloire

À l’apogée de sa gloire, à seulement 26 ans, Jean Harlow tombe gravement malade. Ce qui semble être en premier lieu être une grippe oblige l’actrice à rester alitée. La star ne suivra cependant pas les conseils des médecins, devant commencer le tournage de Saragota, au côté de Clark Gable. Son état de santé se détériore : depuis les coups reçus par Paul Bern, l’actrice souffre de problèmes de reins, qui s’aggravent brutalement. La douleur est telle que Jean Harlow doit se reposer entre chaque prise sur le tournage de son film. Elle finira par s’évanouir dans les bras de Clark Gable. Si Jean Harlow tarde à se faire soigner, c’est parce que sa mère Mama Jean, très religieuse, refuse que sa fille se fasse prodiguer les soins nécessaires. Pour cette dernière, l’utilisation de médicaments est un péché, et seule la prière peut sauver son enfant.

Mais Clark Gable, inquiet de l’état de santé de Jean Harlow, prévient alors l’agent de cette dernière, Arthur Landau, pour qu’il intervienne. Avec l’aide des médecins, il va alors emmener de force l’actrice dans un centre hospitalier. Il est malheureusement trop tard, le 7 juin 1937, la star décède. Malgré les efforts des médecins, il sera impossible de sauver Jean Harlow, qui meurt à l’âge de 26 ans. « Sa mère lui parlait et la secouait doucement pour essayer de la réveiller. Elle disait des paroles incohérentes. William Powell s'est avancé pour lui dire quelque chose mais il n'a pas pu. Il a craqué et a reculé. [...] Miss Harlow a été déclarée morte à 11 h 37 », déclare devant la presse le capitaine des pompiers.

L’annonce de sa mort provoque l’émoi de l’opinion publique. Ses obsèques restent à ce jours parmi le plus grandioses de l’histoire du cinéma. Adorée de tous, Jean Harlow sera honorée par de nombreux articles dans les médias, le Time écrira : « Elle fut la première incarnation américaine du sex appeal ». Reconnaissance ultime, l’American Film Institute classe l’actrice 22e des « légendes hollywoodiennes du XXe siècle ». Elle inspirera des générations entières d’actrices, dont l’une des plus connues après elle, Marilyn Monroe.

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