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Vaccins : face aux retards de la Commission, ces pays européens qui se tournent vers la Chine et la Russie

Le premier ministre slovaque, Igor Matovic, devant une cargaison fraîchement arrivée de vaccins russes Spoutnik V.
Le premier ministre slovaque, Igor Matovic, devant une cargaison fraîchement arrivée de vaccins russes Spoutnik V. PETER LAZAR / AFP

Plusieurs pays d'Europe centrale ont choisi de se tourner vers les vaccins russes ou chinois, non homologués par l'Agence européenne des médicaments, pour anticiper la pénurie.

L'Union Européenne (UE) peine à satisfaire les besoins en vaccins de ses pays membres. Les pays de l'UE ont choisi de mutualiser leurs commandes. Seulement, plusieurs membres ont décidé de faire cavaliers seuls et de se tourner vers les vaccins russes et chinois pour pallier à la pénurie.

Ni le vaccin Spoutnik V, ni celui du laboratoire Sinopharm, n'ont reçu le feu vert de l'Agence européenne des médicaments (EMA), contrairement aux vaccins Pfizer/BioNTech, Moderna ou AstraZeneca/Oxford. D'abord accueilli avec méfiance voire mépris dans l'UE, Spoutnik V - du nom du premier satellite soviétique - est désormais auréolé d'une bonne évaluation dans la revue médicale Lancet .

De son côté, la Commission européenne a estimé par la voix d'un porte-parole mardi 23 février, qu'en dehors des vaccins déjà couverts par la stratégie commune, «rien n'empêchait les États membres d'avoir des pourparlers ou des contrats» avec les laboratoires pharmaceutiques.

  • La Hongrie, premier pays de l'UE à vacciner au Spoutnik V

C'est la Hongrie qui, en Europe, a été la première à inoculer le vaccin russe à sa population. Quelques semaines plus tard, le 24 février, elle annonçait avoir commandé des doses du vaccin Sinopharm et Viktor Orban, son premier ministre, était vacciné du produit chinois quatre jours plus tard.

«Sans les vaccins chinois et russe, nous aurions de gros problèmes», a déclaré Viktor Orban vendredi 26 février. Le pays a déjà commandé cinq millions de doses du vaccin de Sinopharm. À ce jour, près d'un demi-million de Hongrois ont reçu au moins une dose, principalement du vaccin Pfizer.

  • Slovaquie et République Tchèque suivent le pas, l'Autriche réfléchit

D'autres pays ont suivi le pas. La Slovaquie a reçu sa première livraison du vaccin Spoutnik V le 1er mars. Son premier ministre, Igor Matovic, a annoncé que le pays devrait recevoir un premier million de doses du vaccin en mars et avril, suivi d'un autre million en mai et juin.

Son voisin, la République Tchèque attend son tour. «Les informations venant de l'ambassade russe donnent à penser qu'elle [la livraison de vaccins russes] pourrait arriver dans les prochains jours», a indiqué le président Milos Zeman, dimanche 28 février. En parallèle de ces livraisons attendues, le président tchèque envisage aussi de recourir au vaccin du laboratoire chinois Sinopharm, mais pour l'heure, aucune commande ne semble avoir été actée.

«Soixante-cinq pays dans le monde veulent le vaccin russe, y compris six pays de l'UE, alors pourquoi dire 'Mon Dieu, c'est terrible!'?», a déclaré le premier ministre tchèque, Andrej Babis. «Croyez-moi quand je dis que les États membres de l'UE demanderont aussi le vaccin Spoutnik dans quelques mois», a-t-il ajouté.

Autre pays d'Europe centrale, l'Autriche a annoncé être aussi en pourparlers avec la Russie pour une éventuelle commande tout en se déclarant ouverte à des livraisons de vaccins chinois.

  • La Pologne en négociation avec la Chine

Le président polonais Andrzej Duda a échangé lundi 1er mars avec Xi Jinping, pour discuter de livraisons de vaccin, selon le média en ligne Politico . «À la demande du premier ministre Mateusz Morawiecki, le président a également soulevé la question de la coopération polono-chinoise dans la lutte contre la pandémie de coronavirus, y compris la possibilité d'acheter des vaccins produits en Chine par la Pologne», a déclaré le directeur de cabinet, Krzysztof Szczerski, cité par l'agence publique polonaise PAP.

De son côté, la Chine s'est dite prête à assurer ces livraisons. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères chinois déclarait : «la Chine est prête à fournir dans les mesures de ses moyens des vaccins contre la COVID-19 à la Pologne en fonction des besoins du pays».

L'Agence européenne des médicaments (EMA) est trop lente à approuver les vaccins et il y a des goulets d'étranglement dans l'approvisionnement de la part des sociétés pharmaceutiques »

Sebastian Kurz, chancelier autrichien
  • L'Autriche et le Danemark s'associent avec Israël pour préparer le vaccin de 2e génération

Outre ses négociations avec la Russie concernant les vaccins, l'Autriche a annoncé se préparer aux années à venir en lançant un programme de coopération avec le Danemark et Israël. «Nous devons donc nous préparer à d'autres mutations et ne plus dépendre uniquement de l'UE pour la production de vaccins de deuxième génération», a ainsi déclaré le chancelier autrichien Sebastian Kurz.

Si le chancelier autrichien a reconnu que l'approche commune de Bruxelles était «correcte sur le principe», il a déploré la gestion du dossier par l'UE. «L'Agence européenne des médicaments (EMA) est trop lente à approuver les vaccins et il y a des goulets d'étranglement dans l'approvisionnement de la part des sociétés pharmaceutiques», a-t-il déclaré dans un communiqué.

Jeudi 4 mars, Sebastian Kurtz se rendra en Israël où il doit rencontrer le premier ministre Benyamin Nétanyahou et la première ministre danoise Mette Frederiksen afin de lancer ce partenariat inédit, portant à la fois sur la production et la recherche de vaccins.

À voir aussi - Covid-19: «Les prochaines semaines» seront «difficiles sur le terrain de la vaccination»

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51 commentaires
  • XXXXX

    le

    Le vaccin russe est selon notre PDT destiné à flatter l'ego de Poutine, et nous ne céderons pas à cette flagornerie. (au mépris des morts du covid...)

  • Lets go Brandon

    le

    Pauvre Europe aux mains des scribes de Bruxelles toujours dans les palabres et le virtuel qui ne valent plus rien quand le réel revient au galop.

  • alceste

    le

    La logique de la Commission depuis des années est "la concurrence libre et non faussée"... Alors, une "politique industrielle française" serait un gros mot, vulgaire et archaïque ! D'autant que s'il fallait s'appuyer sur un meilleur financement dans la formation des jeunes, dans la recherche, dans l'hôpital public, ce serait impensable compte tenu de l'impératif (sic!) de la éduction des dépenses publiques... Alors, on met la bride sur le cou à des mécaniques Commission + Parlement en leur donnant le feu vert pour des contrats mal ficelés, à volumes trop faibles, avec un approvisionnement pas trop rapide pour ne pas heurter nos antivax, des fournisseurs pas Russes ni Chinois (au moins jusqu'à ce que Mme Merkel en parle avec les 2 présidents en cause...)

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