Le ministre de la Santé, Olivier Véran, l’a rappelé mardi soir, sur France 2, les personnes qui ont déjà été infectées par le Covid-19 n’ont besoin que d’une seule dose de vaccin au lieu de deux :
«Si vous avez un test PCR positif, pas récent, il y a quelques semaines ou mois, ou une sérologie positive, c’est-à-dire que vous avez des anticorps, donc que vous avez été exposé à la maladie, vous n’avez plus besoin d’avoir deux injections de vaccin ARN, Pfizer ou Moderna, une seule injection suffira. […] C’est une bonne nouvelle pour vous, et c’est une bonne nouvelle aussi pour les Français qui pourront récupérer la deuxième dose, ce qui nous permettra de récupérer, d’accélérer encore.»
Interrogé mardi par CheckNews, le ministère de la Santé précise que, malgré les propos d’Olivier Véran, ce protocole ne concerne pas que les vaccins à ARN (Pfizer et Moderna), mais également celui d’AstraZeneca, puisque la décision de la Haute autorité de santé (HAS) sur laquelle s’appuie le ministre ne précise par la nature du vaccin concerné par cette procédure.
«Un rôle de rappel»
Dans un avis rendu le 12 février, la HAS estime en effet que les personnes ayant contracté le virus n’ont besoin que d’une seule dose, inoculée au moins trois mois après la fin des symptômes et au mieux vers les six mois, et sans faire de distinguo entre les trois vaccins actuellement autorisés en France. «A ce stade des connaissances, les personnes ayant déjà été infectées conservent une mémoire immunitaire. Cela conduit la HAS à ne [leur] proposer qu’une seule dose […], quelle que soit l’ancienneté de l’infection. La dose unique de vaccin jouera ainsi un rôle de rappel», explique ainsi la HAS.
Exception à ce dispositif dérogatoire : les personnes immunodéprimées (en particulier celles qui reçoivent un traitement immunosuppresseur) qui, trois mois après l’infection, devront bien recevoir le vaccin en deux fois. Mais aussi «les personnes qui ont reçu une première dose de vaccin et qui présentent une infection par le Sars-CoV-2 avec PCR positive dans les jours qui suivent cette première vaccination». Dès lors, celles-ci «ne doivent pas recevoir la seconde dose dans les délais habituels, mais dans un délai de trois à six mois après l’infection».
Combien de premières doses économisées cette décision représente-t-elle, sachant que pour l’heure la vaccination ne concerne que les adultes ? Selon la dernière étude de modélisation réalisée par l’Institut Pasteur, environ 17 % des 20 ans et plus en France ont contracté le Sars-Cov-2 depuis le début de l’épidémie, soit 8,7 millions d’adultes. Sauf que la grande majorité de ces personnes ne savent pas qu’elles ont croisé le virus, notamment lors de la première vague où les tests étaient très peu nombreux. Et la HAS ne recommande pas la réalisation de tests sérologiques permettant de savoir si l’on a développé des anticorps.
3 millions de doses économisées
Pour évaluer le nombre de personnes dispensées de première dose, il faut donc s’en remettre aux tests positifs réalisés jusqu’ici. Or selon le recueil Si-Dep, qui centralise les résultats des tests effectués par les laboratoires en France, plus de 3,5 millions de personnes ont eu un test PCR positif entre le début de la crise sanitaire et le 25 février, dont près de 3 millions d’adultes. On peut donc considérer, à ce jour, que 3 millions de premières doses pourraient être économisées en France, dont plus de 800 000 pour les plus de 60 ans (principaux concernés, pour l’instant, par la vaccination), et 2,2 millions, à plus long terme, pour les 20-59 ans. Des chiffres auxquels il faut cependant soustraire les immunodéprimés.
Pour rappel, au 27 février, soit deux mois après le lancement de sa campagne de vaccination contre le Covid-19, la France comptait 2 967 937 personnes vaccinées avec une dose (4,4 % de l’ensemble de la population) et 1 582 433 avec deux doses (2,3 %). Pour plus de la moitié, il s’agit de personnes âgées de plus de 75 ans. Dans cette classe d’âge, 25 % ont ainsi déjà reçu au moins une dose de vaccin.