Le 16 octobre 1984, le corps sans vie du petit Grégory Villemin était retrouvé dans les eaux glaciales de la Vologne, dans les Vosges. Depuis, l'assassinat du petit garçon de quatre ans n'est toujours pas résolu, mais ses parents, Jean-Marie et Christine Villemin, n'ont pas renoncé à ce que la vérité soit découverte dans cette affaire toujours très suivie. 

En ce mois de janvier, Jean-Marie Villemin brise un silence maintenu depuis 2006, où le couple avait accordé un entretien au quotidien La Croix. Le père de famille de 62 ans signe une postface de neuf pages dans Parole d'avocat*, le livre de l'un des avocats historiques du couple, Maître Thierry Moser. Publié ce 15 janvier, il revient sur l'affaire Grégory.

La mort de Grégory, un "anéantissement total"

Dans cette postface, Jean-Marie Villemin écrit son espoir de voir une issue à cette affaire, "par respect pour la mémoire de Grégory". "Nous espérons, nos avocats, Christine (Villemin, son épouse, ndlr) et moi, que nous pourrons enfin aboutir, dans un avenir pas trop éloigné, à une juste solution", formule-t-il, reprend l'AFP, citée par HuffPost

Jean-Marie Villemin explique que la mort de son fils aîné a représenté un "anéantissement total" pour lui et son épouse. Depuis, le couple a quitté les Vosges pour la région parisienne, et a eu trois enfants. 

Bernard Laroche impliqué dans le meurtre de Grégory ?

Dans cette postface, Jean-Marie Villemin règle aussi ses comptes.

Le juge Jean-Michel Lambert, premier à avoir instruit l'affaire Grégory, avant d'incriminer Christine Villemin, vivement remis en cause pour ses méthodes à l'époque, essuie des critiques du père de l'enfant, qui le qualifie de "triste". Il s'est suicidé en 2017. 

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Par ailleurs, il exprime aussi ses regrets d'avoir tué son cousin Bernard Laroche, premier suspect dans l'affaire, et qu'il soupçonnait d'être le meurtrier, en 1985. Un assassinat pour lequel il a écopé de cinq ans de prison, dont un avec sursis, en 1993. "Je l'ai tué dans un moment d'aberration et de total désespoir", confie-t-il, cite encore l'AFP, reprise par Le Figaro.

"C'est un poids pour lui que d'avoir pris la vie de Bernard Laroche même s'il continue à penser que Bernard Laroche est impliqué dans l'acte criminel dont Grégory est la victime", révèle de son côté Maître Moser auprès de franceinfo.

Nous voyons à peu près qui a fait quoi, et comment et pourquoi. Encore faut-il le démontrer.

Le conseil évoque l'hypothèse soutenue par le couple Villemin et lui-même : "Nous pensons les Villemin et moi-même qu'il s'agit d'un crime collectif commis par différents personnages. Nous voyons à peu près qui a fait quoi, et comment et pourquoi. Encore faut-il le démontrer."

L'espoir d'une procédure aux assises

Maître Moser dit "espérer d'ici deux, trois ans une comparution aux assises du ou des responsables de ce crime abject, dont un enfant est la victime".

"Ce que j'admire chez les époux Villemin, c'est qu'ils n'ont pas d'acrimonie, ils n'ont pas de haine, ils n'ont pas désir de vengeance. Ils ont tout simplement un désir de justice, de sérénité", précise-t-il encore. 

La publication de ce livre intervient alors que l'information judiciaire de l'affaire Grégory a été relancée fin 2020, avec des expertises inédites en stylométrie, demandées par le nouveau juge d'instruction, à Dijon (Bourgogne), qui a repris le dossier en 1987. Elles auraient permis d'identifier l'un des corbeaux qui menaçait le couple Villemin pendant des années, avait révélé Le Parisien. Elles doivent être versées au dossier. De nouvelles auditions ont aussi été menées. 

Jean-Marie et Christine Villemin auraient réclamé de nouvelles expertises ADN, a avancé Vosges Matin en décembre dernier. 

En 2017, Murielle Bolle, belle-soeur de Bernard Laroche, et les époux Jacob, grande-tante et grand-oncle de l'enfant, avaient été mis en examen, puis relaxés, à cause d'un vice de procédure. Début 2020, elle a obtenu l'annulation de la garde-à-vue où elle avait incriminé son beau-frère

* Parole d'avocat, Thierry Moser, Éditions La Valette, 23 euros