Violences policières

Affaire Théo : trois policiers renvoyés devant les assises

Le 2 février 2017, Théodore Luhaka, 22 ans, avait été interpellé très violemment à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Il est désormais handicapé à vie, selon l’expertise médicale.
par Juliette Delage, avec AFP
publié le 26 novembre 2020 à 19h51

Fait extrêmement rare : trois des quatre policiers impliqués dans «l'affaire Théo», seront jugés devant une cour d'assises pour «violences volontaires», a annoncé ce jeudi le parquet de Bobigny. Le 2 février 2017, l'interpellation violente de Théodore Luhaka à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), après ce qui devait être, au départ, un simple contrôle d'identité, avait jeté une lumière crue sur les violences policières. Le jeune homme, 22 ans à l'époque, avait dû être hospitalisé le jour même en raison d'une plaie de 10 centimètres du canal anal et une section du muscle sphinctérien, causées par une matraque télescopique. Il est désormais handicapé à vie, selon l'expertise médicale.

Les poursuites pour viol abandonnées

La juge d'instruction en charge de l'enquête a décidé de renvoyer devant les assises les trois fonctionnaires pour violences volontaires avec circonstances aggravantes. Le principal accusé est également renvoyé pour violences volontaires avec armes par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente. La juge a en revanche abandonné les poursuites pour viol, comme le préconisait le parquet, qui estimait dans son réquisitoire rendu en octobre que «les éléments constitutifs du crime de viol n'étaient pas réunis». Un non-lieu a par ailleurs été ordonné concernant le quatrième policier qui avait été témoin de la scène. Des décisions prises le jour même où de nouvelles images de violences policières ont été révélées.

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La défenseuse des Droits, Claire Hédon, avait demandé dans un rapport dont les conclusions ont été rendues publiques mardi, des «poursuites disciplinaires» à l'encontre des quatre policiers ayant violemment interpellé Théodore Luhaka. Elle y pontait également des «manquements» et «plusieurs gestes […] disproportionnés». Une fois «maîtrisé, assis au sol, menotté dans le dos et grièvement blessé, aucun cadre légal ne pouvait justifier l'exercice de la force à son égard», écrit Claire Hédon, en rappelant que le jeune homme a été arrêté «sans que le motif d'interpellation ait pu être clairement établi».

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