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L'Argentine pleure son « Dieu » du football Diego Maradona

En attendant que les portes du palais présidentiel s'ouvrent pour un dernier adieu à leur idole, tout un peuple a prolongé la nuit dans une insomnie presque thérapeutique.

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L'Argentine n'a pas dormi car elle ne veut pas se réveiller. Dans cette nuit que personne ne voulait voir terminer, il y a eu les larmes de La Boca et de La Paternal, les deux quartiers où Maradona a aiguisé ses crampons. Il y a eu les chants (voir tweet ci-contre) et les feux d'artifice place de l'Obélisque, où les supporters se sont rassemblés spontanément dès la fin d'après-midi. Il y a eu de la sueur et de la bière. Il y a eu des passes échangées sur une avenue du 9 juillet coupée à la circulation, et des canettes pour improviser les cages d'un « picadito » (petit match entre amis) qui ne s'est jamais joué.

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« Diego n'est pas mort. Diego n'est pas mort. Diego vit dans le coeur du peuple »

Un chant argentin

« Je travaillais quand j'ai entendu un cri dans le quartier. Mon coeur s'est arrêté de battre pendant 10 minutes. J'ai travaillé toute la journée et là, je suis avec lui et je suis heureuse. [...] il n'aimait pas qu'on pleure pour lui », assure Lina, employée de ménage, en montrant fièrement une VHS de la Coupe du monde 86 encore emballée.

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« Diego n'est pas mort. Diego n'est pas mort. Diego vit dans le coeur du peuple. » Dans la nuit de Buenos Aires, le chant semble monter vers le ciel le long de l'Obélisque. Un air bien connu, un chant de manifestations. Sauf que jusqu'alors, il était réservé aux noms de Juan Perón ou de Nestor Kirchner, deux ex-présidents qui ont particulièrement marqué l'histoire du pays.

Ils pourraient être un million à défiler au palais présidentiel pour voir sa dépouille

Mais rien n'est trop grand pour Maradona. C'est d'ailleurs à la Casa Rosada, le palais présidentiel, que la dépouille du Dieu du football argentin, arrivée dans la nuit escortée par une dizaine de motards (voir tweet plus bas), sera veillée. Les résultats préliminaires de l'autopsie indiquent que Maradona est mort « d'un oedème pulmonaire aigu secondaire et d'une insuffisance cardiaque chronique exacerbée. Il avait un coeur avec cardiomyopathie dilatée. »

Le président argentin Alberto Fernandez a décrété trois jours de deuil national. Il a aussi annoncé que la veillée funèbre, initialement prévue pour trois jours, se tiendrait finalement sur la seule journée de jeudi à la demande de la famille. La dernière fois que le palais a ouvert ses portes au public pour une telle occasion, c'était il y a un peu plus de dix ans, pour Nestor Kirchner.

Au fil des heures, ils et elles ont convergé par centaines vers l'emblématique Place de mai, au pied du bâtiment officiel, pour attendre que ses portes s'ouvrent enfin. Ils pourraient être un million quelques heures plus tard. Alors pas question de perdre sa place, on commence à faire la queue des heures auparavant.

Les Argentins ont afflué en masse devant la Casa Rosada, le palais présidentiel. (Martin Villar/Reuters)
Les Argentins ont afflué en masse devant la Casa Rosada, le palais présidentiel. (Martin Villar/Reuters)

Les centaines de supporters ont vu arriver la famille de Maradona, son ex-femme Claudia Villafañe et leurs deux filles, Dalma et Gianinna, peu avant minuit, suivies du gratin du foot local et de l'équipe de 1986, entourés d'un dispositif de sécurité impressionnant qui n'a presque pas eu à intervenir. En attendant, les bougies allumées et les pancartes qui rendent hommage au « 10 » sont les seuls indices d'un départ encore trop récent. Les trompettes et tambours de la 12, légendaire groupe de supporters de Boca Juniors, donnent le ton. Cette nuit sera une fête et on la prolongera autant qu'il faudra.

Les différents hommages du peuple argentin devant La Bombonera, le stade de Boca Juniors où Diego Maradona a évolué entre 1981 et 1982. (Martin Villar/Reuters)
Les différents hommages du peuple argentin devant La Bombonera, le stade de Boca Juniors où Diego Maradona a évolué entre 1981 et 1982. (Martin Villar/Reuters)
publié le 26 novembre 2020 à 09h38 mis à jour le 26 novembre 2020 à 11h15
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