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Un milliard pour les quartiers prioritaires : «Les promesses ne valent que si elles sont tenues»

Le gouvernement a assuré ce lundi que 1% des 100 milliards d’euros prévu par le plan de relance serait destiné aux quartiers défavorisés après l’appel d’une centaine d’élus. Pas confiants, les maires réclament de nouvelles méthodes.
par Pauline Achard
publié le 23 novembre 2020 à 22h03

A l'issue d'une visioconférence tenue ce lundi matin avec 9 maires de «villes pauvres», le Premier ministre s'est engagé à «flécher» 1% du plan de relance vers les quartiers prioritaires de la politique de la ville, soit la somme d'un milliard d'euros. Cette demande fait suite à une lettre ouverte adressée au président de la République le 14 novembre, appelant notamment l'exécutif à venir en aide aux quartiers populaires. La centaine de maires signataires de cette tribune dénonce «un sentiment de non-assistance à territoire en danger» au regard de la «détresse sociale et économique» dans laquelle la crise sanitaire actuelle a plongé ces quartiers.

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Sans précision, Jean Castex et les ministres présents ce lundi ont affirmé s’employer à tenir cet engagement à travers différents chantiers dont celui de l’insertion et de l’emploi, du secteur associatif, de l’éducation, du renouvellement urbain ou des commerces de proximité.

«Flou»

«Nous avons été entendus sur le milliard d'euros requis, mais nous n'avons pas été écoutés sur le changement de méthode que nous réclamions», regrette Philippe Rio, le maire PCF de Grigny (Essonne). Lors de cette réunion, les initiateurs de l'appel du 14 novembre ont formulé une série de propositions concrètes, dont la création d'un conseil national des solutions visant à assurer la mise en œuvre de ces politiques publiques à l'échelle locale. Le chef du gouvernement a préféré renvoyer les élus vers le conseil national des villes, en évoquant l'organisation de groupes de travail en ce sens.

En charge de la thématique «Education et emploi jeune», Philippe Rio a également réclamé lors de cet entretien un doublement des crédits pour l’aide aux devoirs au titre du raccrochage scolaire causé par le confinement, la généralisation des cités éducatives, une augmentation des moyens pour les associations dans la loi de finance 2021, 150 000 parcours emploi compétences plutôt que 24 000, ou encore l’implantation de recycleries pour booster l’économie circulaire.

«Mais force est de constater qu'il demeure un flou quant à l'encadrement de ce milliard, sera-t-il compris dans le plan de relance ou dans la loi de finances ? Pour le moment, toutes nos demandes ont été rejetées, nous ne sommes pas à l'abri d'un enfumage», s'inquiète l'élu.

«Vigilants et déterminés»

En réponse à la fronde des collectivités territoriales défavorisées, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, a tenu à rappeler que 6,7 milliards d'euros étaient déjà débloqués pour la formation et l'insertion des jeunes. De son côté, la ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon, a évoqué le programme de renouvellement urbain porté à 10 milliards d'euros. Une manière, selon Philippe Rio, d'expliquer aux maires à l'origine de cet appel «qu'ils ne se sont pas bien approprié les mesures du plan de relance mis en place par le gouvernement».

«Nous sommes unanimes : les promesses ne valent que si elles sont tenues, nous restons vigilants et déterminés», affirme le représentant municipal. Malgré l'hostilité de l'exécutif, les membres du collectif de maires concernés, organiseront le 14 décembre à Roubaix un conseil national des solutions afin de mutualiser des solutions efficaces contre la précarité, en attendant que des fonds soient débloqués par l'Etat pour pallier les conséquences de la crise sur les quartiers prioritaires.

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