Publicité

Attentat de Nice: «J’ai perdu mon meilleur copain»

Des hommages à la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption. ERIC GAILLARD/REUTERS

PORTRAITS - Nadine Devillers, Vincent Loquès et Simone Barreto Silva sont les trois victimes du terroriste.

À Nice

«Si on avait voulu toucher un symbole, on ne pouvait pas trouver mieux. Simone était très croyante et elle était solaire, elle incarnait la joie de vivre.»Au lendemain de l’attaque qui a frappé la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption, à Nice, les témoignages sur les trois victimes sauvagement tuées dans cette église commencent à affluer, tel celui-ci qui décrit la Brésilienne de 44 ans, Simone Barreto Silva, décédée dans l’attaque. Il émane de Nathalie Moya, qui coordonne, au sein de l’association niçoise Forum Jorge-François, un projet d’accompagnement des femmes, «Des étoiles et des femmes», vers le métier de chef de cuisine. Il y a deux ans, Simone avait bénéficié de ce programme et obtenu son CAP. «Elle voulait monter son restaurant», raconte Nathalie Moya, qui se souvient d’une personne «qui aimait tout le monde, toujours en train de rire et de danser, de prendre les gens dans ses bras et de leur donner des accolades».

Brésilienne de 44 ans, Simone Barreto Silva vivait à Nice avec ses trois enfants. SIMONE BARRETO SILVA/via REUTERS

Cette mère célibataire, ancienne danseuse de samba, vivait dans le quartier populaire de Gambetta, à Nice. Dans la petite impasse où elle résidait avec ses trois enfants, au premier étage d’un modeste immeuble, les volets vert d’eau écaillés étaient vendredi fermés. Dans la soirée, après l’identification de la victime, la police est venue en quête de la famille, racontent les voisins. L’une des sœurs de Simone a pris en charge les enfants de la défunte. «Je l’ai croisée hier matin, elle m’a dit qu’elle allait passer à l’église avant d’aller travailler», raconte Luis, qui tient un petit restaurant cap-verdien au rez-de-chaussée de la maison avec sa femme, Angela Tavarès. Celle-ci a bien du mal à sécher ses larmes. «Simone était une femme extraordinaire, toujours souriante, elle parlait bien à tout le monde. Elle venait souvent manger chez nous avec sa famille. Parfois, elle passait devant le restaurant et disait “La voisine, ça va? La voisine, je vais chercher mes enfants à l’école.” Elle aimait bien les picanhas, une spécialité brésilienne. L’autre jour, on a mis la musique et on a dansé», repense-t-elle émue.

Simone est décédée, selon Jean-François Ricard, le procureur du parquet national antiterroriste, «des suites des multiples plaies occasionnées par arme blanche». Elle a eu le temps de s’enfuir après l’agression, a indiqué le magistrat, et de se réfugier, avant malheureusement d’y décéder, à L’Unik, une pizzeria halal jouxtant la basilique. Devant cet établissement, vendredi, seul un bouquet de chrysanthèmes et quelques roses blanches rappelaient ces instants tragiques.

Vincent Loquès aurait eu 55 ans vendredi. Coll. personnelle

Le trésorier de la basilique, Jean-François Gourdon, évoque de son côté la mémoire de Vincent Loquès, le sacristain de l’église. «J’ai perdu mon meilleur copain. Tous les matins, on buvait le café ensemble, tous les jours on était là. Cela faisait vingt-cinq ans qu’il était sacristain et depuis six ou sept ans, il était ici, à Notre-Dame», raconte-t-il depuis les marches de l’édifice. Il déroule encore le film de ce début de matinée, l’ouverture, comme tous les jours, des portes «handicapés», puis celle de la sacristie, et enfin, «pile à 8 h 30», comme tous les jours, des grilles donnant sur la grande porte d’entrée. «Mais à ce moment-là, on n’a vu personne entrer. On a discuté encore 15 à 20 minutes et je suis parti. Arrivé au bout de la rue, j’ai entendu qu’il se passait quelque chose, je suis revenu, mais c’était déjà bouclé par la police», ajoute-t-il. Jean-Louis Giordan, l’ancien curé de la paroisse, se souvient d’un «brave garçon plein de dynamisme». Selon lui, Vincent Loquès, qui aurait dû avoir 55 ans ce vendredi, «a dû être attaqué par-derrière, car sinon il se serait défendu, il ne craignait rien», avance le père Gourdon, aujourd’hui prêtre auxiliaire, à la retraite, de l’église Saint-Marc, à Nice.

Divorcé puis de nouveau en couple, père de deux filles, l’une infirmière et l’autre puéricultrice, Vincent était une figure du quartier, comme le raconte Ludovic Balade, un voisin qui croisait souvent le sacristain. «Tous les matins je le voyais prendre son petit café en terrasse, il avait toujours le sourire, il était tout le temps là pour les autres, il aidait les gens. Parfois des SDF venaient sur les marches et il leur disait gentiment “partez”, parce que c’est un lieu de culte, il faut le respecter», témoigne-t-il. «C’est ce qu’il faut garder de cette personne-là, qu’il était toujours là pour son quartier et sa basilique», ajoute-t-il après avoir déposé en sa mémoire un petit bouquet de roses blanches sous le porche de l’édifice.

Le parquet antiterroriste a précisé que Vincent Loquès, lors de la découverte de son corps, «présentait une importante plaie à la gorge». Tout comme la troisième victime, une femme de 60 ans. L’AFP indique qu’elle s’appelait Nadine Devillers. Retrouvée près de l’entrée de la basilique, celle-ci «présentait un égorgement très profond, de l’ordre d’une décapitation», a précisé le parquet.

À voir aussi - Attentat à Nice: le responsable du restaurant où est décédée l’une des victimes envoie un «message d’humanité»

Attentat à Nice: le responsable du restaurant où est décédée l'une des victimes envoie un «message d'humanité» - Regarder sur Figaro Live

Attentat de Nice: «J’ai perdu mon meilleur copain»

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
47 commentaires
  • couscousetchoucroute

    le

    Un article émouvant puisqu'il met en relief 3 personnalités intéressantes, celle de Nadine Devillers apparaissant en fait dans un autre article. Je pense que cet acte ignoble est en réalité de nature, du fait même du caractère positif des victimes, à renforcer la foi de tous les chrétiens sincères. Simone, Vincent et Nadine dormez en paix et que vos familles soient au moins soutenues, et nous aussi, par la noblesse de vos coeurs généreux.

  • nenuphar75

    le

    Lamentable de laisser notre pays se coucher devant la minorité islamiste. Quand va-t-on arrêter cette immigration qui nous tue?

  • grognard d.

    le

    Elle était un exemple de ce qu'est une immigration réussie. Son agresseur, celui d'une immigration incontrôlée et un échec total de la politique d'acceptation des étrangers en France.

À lire aussi