FAKE OFFOui, Macron avait bien dit : « Nous serons prêts en cas de deuxième vague »

Oui, Emmanuel Macron avait bien dit : « Nous serons prêts en cas de deuxième vague »

FAKE OFFLes internautes font circuler de façon virale ces mots du président de la République prononcés en juillet, accusant le gouvernement de ne ne pas avoir augmenté les capacités de réanimation pour faire face à la deuxième vague de coronavirus
Emmanuel Macron lors de son allocution du 28 octobre 2020.
Emmanuel Macron lors de son allocution du 28 octobre 2020. - Christophe Ena/AP/SIPA / SIPA
Marie-Laëtitia Sibille

Marie-Laëtitia Sibille

L'essentiel

  • Sur Facebook et Twitter, des internautes ont fait circuler massivement, depuis l'annonce du nouveau confinement, les mots du président de juillet 2020 : « Nous serons prêts en cas de deuxième vague. »
  • Ces propos ont été tenus lors d’une interview télévisée à l’occasion du discours de la fête nationale du 14-Juillet, en réponse à une question de la journaliste Léa Salamé sur les stocks de masques et de gel hydroalcooliques, les tests, les respirateurs et les médicaments.
  • Si le gouvernement argumente sur les délais nécessaires pour accroître les capacités de réanimation, une épidémiologiste et statisticienne jointe par 20 Minutes partage la colère des internautes.

Mercredi soir, les mots d’Emmanuel Macron et la décision de confinement ont sonné comme une sentence incontournable à un phénomène inéluctable. Inexorable, implacable… inévitable ? Dans son discours, le président de la République a fait allusion aux « efforts » fournis, à la « stratégie » mise en œuvre par le gouvernement face à l’épidémie de coronavirus, et aux mesures prises plus particulièrement pour les hôpitaux.

« De 5.000 lits avant la première vague à 6.000 aujourd’hui »

Extraits : « Nous avons les stocks de médicaments, les respirateurs, les masques, les blouses et les gants, tout le matériel nécessaire parce que nous avons appris de nos insuffisances, de nos manques durant la première vague. Nous avons aussi formé près de 7.000 infirmiers et médecins pour pouvoir travailler en réanimation, et nous avons aussi repoussé nos capacités, qui sont passées de 5.000 lits avant la première vague, à 6.000 aujourd’hui, nous allons les porter au-delà de 10.000 lits en réanimation. Un effort colossal a été fait de formation, d’investissement. Mais il n’est pas suffisant face à cette vague. »

« Pas suffisant ? » Ces propos sur le matériel et les effectifs des centres hospitaliers n’ont pas manqué de faire réagir en nombre les internautes, qui ont rappelé ces autres mots du chef de l’Etat prononcés en juillet : « Nous serons prêts en cas de deuxième vague. » Une publication, très virale sur Facebook, reproche au gouvernement de ne pas avoir augmenté les capacités de réanimation :

Cette image est devenue virale sur Facebook.
Cette image est devenue virale sur Facebook. - Capture d'écran

En dessous de cette image, virale depuis mercredi soir sur Facebook, c’est la colère qui domine dans les commentaires : « Ils savent très bien que les hôpitaux sont déjà surchargés chaque année à cette période » ou encore « Cela fait 20 ans qu’ils détruisent le système hospitalier de France, lui n’a fait que continuer ».

FAKE OFF

Les propos de juillet ont été prononcés sur un plateau de télévision et 20 Minutes s’en faisait également fait l’écho dans un article publié le 14 juillet : « Emmanuel Macron a répondu durant 1 h 15 aux questions des journalistes Gilles Bouleau et Léa Salamé en ce mardi de fête nationale. Il a affiché une confiance dans la préparation du pays pour affronter une deuxième vague : "Oui, nous serons prêts" si besoin. »

L’interview est à voir ci-dessous et ces mots sont prononcés à partir de 26 minutes 50 :

« Nous pourrons faire face à une recrudescence, si elle était là. »

Cette phrase est en réponse à une question de Léa Salamé sur les stocks de masques, gel, tests, respirateurs et médicaments. « Nous avons à la fois les stocks et les approvisionnements qui sont sécurisés, répond Emmanuel Macron. Et nous avons l’organisation au plus près du terrain, qui permettrait de faire face à une recrudescence, si elle était là. Tout ce que nous avons appris nous a permis de nous organiser […]. Nous sommes en train de tout faire pour éviter une nouvelle vague et pour avoir une approche différenciée [des personnes à confiner] si elle apparaissait. »

Comme nous l’avons déjà souligné, Emmanuel Macron a assuré mercredi soir que l’Etat avait œuvré pour accroître le nombre de lits de réanimation. Mais il a souligné le délai nécessaire pour renforcer les moyens hospitaliers : « Nous agissons aussi sur le moyen terme : le Ségur de la santé, qui correspond à 8 milliards par an investis dans l’hôpital et notre santé, permettra de renforcer l’attractivité des métiers. Mais il faut cinq ans pour former un infirmier réanimateur, dix ans pour former un anesthésiste. Il n’y a pas de solution magique, ce n’est pas en quelques mois que nous pourrons créer véritablement une capacité totalement différente. »

« Les autorités se défaussent de leur responsabilité politique »

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait lui aussi mis en avant l’argument du temps de formation des spécialistes à l’Assemblée nationale, le 15 octobre : « Un anesthésiste réanimateur, c’est onze ans de formation. » Le mardi 20 octobre, il annonçait devant l’Assemblée nationale une rallonge budgétaire de 2,4 milliards d’euros pour permettre aux hôpitaux de faire face à la seconde vague de l’épidémie.

Catherine Hill, épidémiologiste et biostatisticienne, comprend l’ire des internautes : « On a pris le problème à l’envers ! souligne-t-elle à 20 Minutes. Les autorités laissent entendre que la responsabilité du contrôle de l’épidémie est dans les mains de la population et dans les mains des régions, se défaussant ainsi de la responsabilité politique qui leur revient. »



Selon la spécialiste, toutefois, c’est la méthode du gouvernement qui cloche, et non les moyens : « Le système actuel est inefficace. Le nombre de cas connus chaque jour sous-estime énormément l’étendue de l’épidémie. Les pays qui ont testé largement autour des cas au début de l’épidémie ont eu peu de morts. Pour trouver et isoler les porteurs asymptomatiques, il faut tester massivement la population. » Et de conclure : « Tester les 65 millions d’habitants de France en quinze jours, oui, c’est faisable. »

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