Un homme de 47 ans a été placé en garde à vue jeudi soir, dans l'enquête sur l'attaque de Nice, a-t-on appris vendredi de source judiciaire. Il est soupçonné d'avoir été en contact avec le Tunisien de 21 ans qui a tué trois personnes et blessé plusieurs autres, jeudi matin, dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption de Nice, à la veille des faits. Un Conseil de défense doit se tenir ce vendredi matin, selon le Premier ministre, Jean Castex. Que sait-on, à ce stade, de ce qu'Emmanuel Macron a qualifié «d'attaque terroriste islamiste» ?
Que s’est-il passé à Nice jeudi ?
Un jeune homme armé d'un couteau a tué jeudi matin en quelques minutes trois personnes dans l'église Notre-Dame de l'Assomption de Nice : le sacristain de la basilique, âgé de 55 ans, une sexagénaire et une quadragénaire de nationalité brésilienne. Le parquet national antiterroriste a été saisi dans la foulée. L'assaillant est «entré dans la basilique et y est resté un peu moins d'une demi-heure», a relaté le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard lors d'une conférence de presse jeudi soir à Nice. Une des victimes, qui succombera peu après à ses blessures, s'est enfuie par le côté gauche de l'édifice. Alertée, la police municipale est intervenue et s'est retrouvée face au tueur dans le couloir de cette entrée latérale de l'église. «Cet homme s'était avancé vers eux de manière menaçante en criant "Allah akbar", les contraignant alors à faire usage d'abord d'un pistolet à impulsion électrique puis en faisant feu à plusieurs reprises avec leur arme de service», a rapporté Jean-François Ricard. Quatorze étuis de balles seront retrouvés au sol. Le suspect, grièvement blessé, est transporté à l'hôpital. «Son pronostic vital reste actuellement engagé», a précisé le magistrat. «Cet attentat visait des paroissiens tout à fait ordinaires qui venaient prier très tranquillement», a déclaré sur place Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France.
Que sait-on de l’assaillant ?
L'auteur présumé de l'attaque est un Tunisien de 21 ans, identifié par un document de la Croix rouge italienne. Selon les premières investigations, il est arrivé en Europe par l'île italienne de Lampedusa le 20 septembre, avant de débarquer sur le continent à Bari le 9 octobre, a expliqué le procureur antiterroriste. Ce jeune homme, selon une source locale proche du dossier, se nomme Brahim A. Il avait été mis en quarantaine par les autorités italiennes avant d'être visé par une obligation de quitter le territoire italien et laissé libre. Il n'a pas fait de demande d'asile en France, selon cette même source. Il est par ailleurs «inconnu au fichier national des empreintes digitales» et «inconnu des services de renseignements», selon Jean-François Ricard. Lors d'une conférence de presse, le maire de Nice, Christian Estrosi, a affirmé que l'assaillant n'avait cessé «de répéter "Allah akbar" devant nous alors qu'il était médicalisé sur place».
Où en est l’enquête ?
Le parquet antiterroriste a ouvert immédiatement une enquête pour «assassinats et tentatives d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste criminelle», coordonnée par la Sous-direction antiterroriste (Sdat). Dès jeudi soir, un homme de 47 ans a été placé en garde à vue. Il est soupçonné d'avoir été en contact avec l'assaillant à la veille de l'attaque. Sur place, les enquêteurs ont trouvé l'arme du crime, un couteau avec une lame de 17 centimètres, selon Jean-François Ricard, ainsi qu'un sac d'effets personnels contenant un coran, deux téléphones et deux couteaux non utilisés. «L'enquête se poursuit activement afin de préciser le déroulement précis des faits, le parcours de l'auteur ainsi que les éventuelles complicités dont il a pu éventuellement bénéficier», a conclu le procureur antiterroriste.
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Comment le gouvernement a-t-il réagi ?
Emmanuel Macron, qui était sur place jeudi, a dénoncé une «attaque terroriste islamiste» et annoncé un renforcement du plan de sécurité Vigipirate : le nombre de soldats patrouillant dans les rues passera de 3 000 à 7 000. «Si nous sommes attaqués, c'est pour les valeurs qui sont les nôtres, notre goût de la liberté», a estimé le chef de l'Etat, évoquant également l'attaque au couteau d'un vigile du consulat français à Jeddah, en Arabie Saoudite, au même moment ou presque. Un Conseil de défense aura lieu vendredi matin, selon le chef de l'Etat et son Premier ministre, Jean Castex.