Chronique «Bac, première»

Bac : «Pour les épreuves de spécialités, je ne sais pas si on aura le temps de tout finir»

«Libération» suit cette année trois élèves de terminale, qui nous racontent chaque mois à tour de rôle comment ils vivent la réforme du lycée bousculée par la crise sanitaire. Ce mois-ci, Camille évoque le calendrier du bac.
par Marlène Thomas
publié le 28 octobre 2020 à 10h59

Après le «Bulletin des secondes» et la chronique «Bac, première», Libération continue de suivre Inès, Camille et Maxence, désormais en classe de terminale. Cobayes de la réforme du lycée à la sauce Jean-Michel Blanquer, ils nous racontent tous les mois – chacun à leur tour – les conséquences positives ou négatives de ce bouleversement et la préparation de ce bac inédit, troublé par la pandémie. Ce mois-ci, Camille, élève de terminale du lycée Henri-IV à Paris, évoque le calendrier du bac.

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«Le calendrier du bac a été dévoilé et les épreuves de spécialités arrivent vraiment tôt, en mars. En SES, on a fait deux chapitres pour l'instant mais en HGGSP [histoire-géo, géopolitique et sciences politiques] on est un peu en retard car le programme est très chargé. Je panique un peu pour ces épreuves de spécialités, car je ne sais pas si on aura le temps de tout finir d'ici au mois de mars. Je pense que l'on va devoir faire vite et passer sur des choses. On sera moins bien préparés. Sans compter que l'on a pris du retard l'an dernier en raison de la crise sanitaire. J'espère que les épreuves porteront uniquement sur le programme de terminale car en première, il y a plein de choses que l'on n'a pas pu voir en raison du confinement [les notions étudiées en première mais «non approfondies en classe de terminale», doivent pourtant être «connues et mobilisables» mais pas «constituer un ressort essentiel du sujet», précise le Bulletin officiel de l'éducation nationale, ndlr].

«On ne nous lâche pas»

«Etant donné les conditions spéciales de ces deux années, ils auraient pu adapter le calendrier. D'autant que les épreuves de spécialités sont celles qui comptent le plus. Elles sont coefficient 16. Je crois qu'on les passe tôt, car ils veulent inclure notre note de spécialité dans Parcoursup. Avec ces épreuves de spécialités, les évaluations communes [ex-E3C d'avril à juin, ndlr], la philo et le grand oral en fin d'année, ça donne l'impression que de mars à juillet on a des examens tout le temps, qu'on ne nous lâche pas.

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«De plus, pour pouvoir organiser les épreuves de spécialités sur deux jours, il est envisagé qu'on puisse avoir deux sujets différents sur une même matière. Il y en aura forcément un qui sera plus simple. Je trouve ça bizarre. C'est censé être un examen national, tout le monde devrait être dans les mêmes conditions avec le même sujet. Lorsque les épreuves de spécialités seront passées en mars, même si je suis intéressée par ces matières, je vais forcément leur accorder moins d'importance. C'est stupide car ça dépend des études que l'on veut faire après le lycée, c'est important d'acquérir de nouvelles connaissances. Mais je pense que la plupart des élèves vont se désintéresser des spécialités et davantage travailler dans les autres matières où ils savent qu'ils ont encore des épreuves à passer pour le bac. Il restera quand même le grand oral qui doit lier nos deux spécialités. C'est peut-être un moyen de nous inciter à rester concentrés jusqu'à la fin. D'ailleurs, pour le moment, on ne sait pas grand-chose sur cet oral, hormis que ça recoupe ces deux matières. On ne travaille pas du tout là-dessus en cours alors qu'on devait normalement commencer à préparer cette épreuve depuis la première.

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«La crise sanitaire rajoute de l'incertitude dans la situation déjà floue de la réforme du lycée. Il va forcément y avoir des soucis avec le Covid, des élèves ne pourront pas venir, car ils seront malades ou cas contact. L'épidémie touche inégalement les régions, les établissements. Il y aura certainement des lycées qui devront fermer au moment des épreuves, dans ce cas comment on fait ? Dans ma classe, il commence à y avoir pas mal de cas et je redoute la suite. Si on est reconfinés ou s'ils ferment les établissements, ce sera vraiment problématique. L'an dernier les cours en ligne, c'était une catastrophe. On n'a pas du tout pu finir les programmes.»

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