POLITIQUE - “Laissez-moi le temps de tout mettre en œuvre! Mais notez-le sur l’agenda.” Ce samedi 22 août, Éric Dupond-Moretti s’est rendu aux journées d’été d’Europe-Écologie - Les Verts à l’invitation de la porte-parole du parti, Sandra Régol, qui lui avait proposé de s’expliquer sur ses dernières sorties.
Une venue inattendue qui s’est concrétisée par un bref échange avec les militants réunis à Pantin, au nord de Paris, avant un échange sur scène d’une grosse demi-heure avec cette même Sandra Régol et Julien Bayou, le secrétaire général d’EELV.
Et en toute logique, après les polémiques provoquées par plusieurs sorties du nouveau garde des Sceaux au sujet du féminisme, il se savait attendu sur la question des violences faites aux femmes et sur la réponse à apporter à ce propos, désigné “grande cause du quinquennat” d’Emmanuel Macron.
Bracelet, téléphone et rappel à la loi
Un qualificatif qui a fait rire jaune les interlocuteurs d’Éric Dupond-Moretti, semble-t-il peu convaincus par le début de mandat présidentielle, sur cette question en particulier. Mais Éric Dupond-Moretti était donc venu avec des promesses et des annonces.
“Il y a un certain nombre de mesures que je vais mettre en œuvre dans les jours qui viennent, qui existent et qui n’ont pas été utilisées comme elle méritent de l’être”, a-t-il clamé d’emblée. Il a tout d’abord évoqué le bracelet anti-rapprochement, qui n’attend plus que l’agrément du Conseil d’État pour pouvoir entrer en fonction (“début septembre”) et permettre aux autorités d’être prévenues lorsqu’un conjoint violent s’approche de sa victime.
Le ministre a également évoqué le “téléphone grand danger”, qui permet aux victimes de violences conjugales, lorsque leur conjoint a été jugé comme représentant une menace particulièrement sérieuse, d’appeler en urgence les secours de manière discrète.
“J’ai également consulté Luc Frémiot (un magistrat reconnu, ancien procureur de Douai notamment, qui a fait depuis des années déjà de la lutte contre les violences faites aux femmes un combat majeur). Lui, il recevait systématiquement le suspect quand il était dénoncé, et respectueux de la présomption d’innocence, il lui faisait un vraiment rappel de ce qu’il pouvait encourir. Je veux étendre cela à tout le territoire”, a encore annoncé Éric Dupond-Moretti.
″À Amiens, on a mis en place un truc tout à fait génial”, a poursuivi le ministre, ajoutant un dernier exemple à sa liste. “L’institut médico-légal va voir les victimes. La victime a le sentiment nécessaire qu’on s’occupe d’elle, qu’on est derrière elle. Et c’est totalement différent que d’être obligé d’aller à l’IML. Ce sont des mesures de bon sens et je veux les étendre à l’ensemble du territoire (...) Je m’engage là-dessus, mais laissez-moi le temps de le mettre en œuvre.”
“Les réseaux ne doivent pas être le réceptacle des plaintes”
“Il y a un certain nombre d’autres mesures, elles seront annoncées tout à fait prochainement”, a-t-il terminé. “Laissez-moi le temps de la rentrée, ce sont les premières mesures que je vais prendre.”
Au cours de son intervention, Éric Dupond-Moretti était également revenu sur les critiques de nombreuses militantes féministes dont il fait l’objet. Et d’expliquer, comme lorsqu’il a évoqué la chasse et les “ayatollahs de l’écologie”, qu’il n’avait pas été compris et que ses propos avaient été écourtés.
“Je redis que s’agissant par exemple du mouvement #MeToo, j’ai dit que le mouvement avait libéré la parole de la femme et qu’en cela c’était positif. J’ai dit également qu’il fallait que les femmes soient accueillies du mieux possible par les gendarmes et les policiers. J’ai dit que les salauds devaient être condamnés”, a listé l’ancien avocat pour rejeter les attaques. “Mais j’ai aussi dit que les réseaux ne devaient pas être le réceptacle des plaintes et qu’il fallait que ce soit la justice qui agisse.”
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