Flashback : Quand « Sous le soleil » rayonnait sur le monde

Série française la plus exportée des années 2000, « Sous le soleil » a fait pendant 12 ans les beaux jours de TF1. Retour sur le succès inattendu de cette fiction, désormais disponible sur Amazon Prime pour les plus nostalgiques.
Flashback  Quand « Sous le soleil » rayonnait sur le monde
Tony Barson/WireImage

« Souuuuuuus le soleil »… Quiconque a grandi dans les années 2000 se souvient sans doute de la voix de Avy Marciano ouvrant une publicité géante pour Saint-Tropez. Un soap faisant le succès des samedis de TF1, prêt à rivaliser avec les fictions du genre en déployant maladies graves, fausses disparitions et autres intrigues criminelles… Bouclées en un épisode bien sûr. Autant d’aventures rocambolesques, sentant bon le sel de la mer, que les nostalgiques peuvent désormais revoir sur Amazon Prime.

Feuilleton made in France

À la source de la série, une success-story à la Française. Alors que les teen-shows rencontrent le succès outre-Atlantique, le producteur Pascal Breton rêve de reproduire ce triomphe dans l’Hexagone, fort du succès de sa précédente fiction Extrême limite. « On voulait faire notre Beverly Hills à nous », raconte celui qui a fondé, en 1990, la société Marathon avec Olivier Brémond. Une certitude à l’époque : « Alors que la plupart de ses confrères allaient vers le cinéma, Olivier a compris que le marché de la télévision était en train de s'ouvrir », rappelle Didier Duverger, directeur général de Natixis, aux Échos.

Lancée en mars 1996, Sous le soleil a tout de suite pour ambition de séduire un public féminin, en suivant les aventures de son trio : Laure (Bénédicte Delmas), étudiante en médecine qui dès la première saison s’enfuit à la nage de son mariage ; Caroline Drancourt (Adeline Blondieau), mi-serveuse mi-chanteuse à succès ; et Jessica Lowry (Tonya Kinzinger), ex-danseuse professionnelle exilée sur la Côte d’Azur. Elles reprennent ensemble la plage « Saint-Tropez », jonglant - comme le promet le pitch - entre « conquêtes professionnelles et personnelles ». D’emblée la série surfe sur le mode du soap, recrutant parmi les has been de la télévision (Bernard Montiel) et les anciens d’AB Productions (Mallaury Nataf, l’une des interprètes principales, est virée au bout de dix épisodes pour cause de piètre performance). Balançant toute vraisemblance à la mer, les scénaristes alignent les intrigues improbables au cours des 480 épisodes : Caroline passera de chanteuse à avocate, et fricotera avec des anciens mafieux et autres escrocs. Jessica, elle, tombera dans l’addiction aux pilules, manquera de mourir dans un accident, et deviendra maire de Saint-Tropez (après une carrière fructueuse d’animatrice radio). Laure devra affronter la disparition en mer de son grand amour Grégory, et passera par la case prison pour avoir accidentellement assassiné un trafiquant de drogue. Heureusement dans Sous le soleil, les morts reviennent d’outre-tombe et rien n’est définitif, même les maladies au stade terminal.

Un succès international

Décalée de la case du mercredi à celle du samedi en troisième saison, Sous le soleil fait des cartons d’audience : 40 % de parts d'audience auprès des ménagères de moins de 50 ans, et 4 millions de spectateurs à son pic. Derrière ce succès, une véritable machine à produire, à la façon d’un Plus belle la vie aujourd’hui, qui permet de fournir 40 épisodes par an à TF1 : « De septembre à décembre, puis de février à juin, Marathon met à l'œuvre deux équipes complètes de tournage, soit près de 70 personnes au total, qui tournent en parallèle », soulignait Le Monde.

L’objectif ? Vendre le « charme à la Française », entre un clin d’œil à Gainsbourg dans le titre, un hommage au feuilleton des années 60, Les Saintes Chéries, et quelques morceaux bien choisis (« Do You Do You Saint Tropez » dans l’épisode pilote). Mission accomplie, la fiction séduit à l’internationale : elle s’exporte dans 135 pays sous le titre Saint-Tropez, surfant sur la popularité de la ville, et ne lésinant pas sur le glamour. Bronzages impeccables, plans sur la mer, et villas avec piscine… Tout est fait pour qu’aucun nuage n’apparaisse à l’horizon : « Tout ce qu'on écrit peut être tourné soit en intérieur soit en extérieur selon la météo. S'il ne fait pas beau, nous allons dans un studio avec un décor de plage, que j'ai construit à vingt mètres de la vraie plage. Lorsqu'on tourne dans une villa, s'il fait beau, on se met au bord de la piscine, face à la mer, sinon, on rentre dans la maison, où on tourne toujours face à la mer. On rajoute quelques plans d'ambiance de Saint-Tropez sous le soleil et le téléspectateur a la nette impression qu'il fait beau tout le temps », expliquait Pascal Breton au Temps.

En coulisses, l’ambiance est beaucoup moins au beau fixe : « La production s'était mise en tête de me faire un rôle qui passait son temps à souffrir à se faire maltraiter, et je leur ai demandé de changer ça parce que moi me faire taper dessus, insulter, cocufier, à un moment donné c'est devenu trop pesant, je leur ai demandé de changer et ils m'ont dit "Non, c'est pas possible" », expliquait Adeline Blondieau à 20 minutes. Malgré les intrigues de plus en plus sensationnalistes, la série finira par être annulée en 2008 en raison d’une baisse d’audience. Le spin-off, Sous le soleil de Saint-Tropez, lancé en 2013 sur TMC, fera aussi un flop, sonnant ainsi le glas d’une époque...