Pour l'environnement, la plupart des Européens souhaitent changer leurs habitudes alimentaires

Publié le par Alexandra Bresson

Une enquête menée par plusieurs associations de consommateurs en Europe indique que les consommateurs sont enclins à faire des efforts pour manger plus durable. Ils demandent néanmoins à ce que cette habitude devienne plus facile et accessible, notamment grâce à l'action des gouvernements.

Quelle importance les Européens accordent-ils à l’impact de leurs choix alimentaires sur l’environnement ? Ont-ils l’intention de manger moins de viande rouge ? Trouvent-ils que leur gouvernement en fait assez pour promouvoir l’alimentation durable ? Ce sont là quelques-unes des questions de l’enquête menée par plusieurs associations de consommateurs auprès d’Européens de 11 pays dont les résultats viennent d'être publiés par le BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs). Comme l'explique l'association Test Achats, les résultats montrent que la plupart des citoyens accordent de l’importance à l’impact de leurs choix alimentaires sur l’environnement et qu’ils souhaitent consommer de manière plus écologique.

Cependant, pour y parvenir, il est primordial que manger durable rime avec « facilité », par exemple grâce à une modification des prix, une meilleure information et une offre plus étendue. « Alors que la pandémie du COVID-19 est en train de bouleverser nos habitudes alimentaires, notre enquête, menée quelques mois avant le début de la crise, montre que les consommateurs étaient déjà enclins à manger plus durable., souligne le BEUC. Il est bien entendu difficile de prédire si les tendances actuelles,comme cuisiner et acheter local, vont perdurer. Les décideurs politiques doivent néanmoins en tirer parti lorsqu’elles peuvent contribuer à un système alimentaire plus résilient et durable. »

La viande rouge n'est plus aussi populaire dans les assiettes

Le BEUC.rappelle que l’alimentation est la première source des impacts environnementaux générés par les ménages dans l’UE (Union européenne). Elle est suivie par le logement, en particulier le chauffage, et la mobilité notamment l’utilisation des véhicules privés. L'enquête montre qu'en ce qui concerne la nourriture, les consommateurs estiment que le terme « durable » signifie respectueux de l'environnement, sans OGM ni pesticides et local, avec quelques spécificités à travers des pays. Mais en termes de croyances, ils ont tendance à sous-estimer l’impact de leurs propres habitudes alimentaires sur l’environnement même si la plupart ont conscience de l’impact environnemental de l’alimentation en général.

Ainsi, les deux tiers des sondés se disent ouverts à l'idée de changer leurs habitudes alimentaires pour des raisons environnementales, notamment gaspiller moins de nourriture, acheter plus de fruits et légumes de saison et à manger plus d'aliments à base de plantes. Cependant, réduire leur consommation de produits laitiers ou dépenser plus d'argent pour des aliments produits de manière durable sont les deux freins principaux.

Autre constat : près de 40% des consommateurs déclarent avoir arrêté ou diminué leur consommation de viande rouge pour des raisons environnementales, même si le BEUC déplore un niveau de consommation à l'échelle de l'Union européenne toujours trop élevé.

Les gouvernements doivent faire davantage

Pour remplacer les protéines animales, les consommateurs sont peu attirés par les insectes ou la viande de laboratoire et préfèrent les « burgers » végétaux ou les alternatives végétariennes traditionnelles commeles légumineuses. « Il apparaît difficile pour beaucoup de consommateurs de manger moins de viande rouge, alors que notre consommation en Europe est bien supérieure aux niveaux recommandés pour garantir la santé humaine et planétaire. Pourtant, la plupart des personnes interrogées n’ont rien contre manger davantage de lentilles, pois et autres légumineuses pour remplacer les protéines animales », explique Monique Goyens, Directrice Générale du BEUC.

A noter également que 38,9% des sondés sont favorables à une réglementation obligeant les agriculteurs et les fabricants à respecter des normes de durabilité plus strictes. Ils sont même 53% à convenir que les agriculteurs devraient être incités, par exemple par des subventions, à produire des aliments de manière plus durable. Mais reste que les consommateurs citent le prix, le manque de connaissances, l’information peu claire, et un choix restreint de produits comme principaux obstacles à une alimentation plus durable. D'autant que seuls 16% d'entre eux estiment que leur gouvernement encourage suffisamment l’alimentation durable, tant au niveau de la production que de la consommation.

« L'étude montre que la majorité des consommateurs sont enclins à changer leurs habitudes alimentaires, mais que ce n’est pas chose aisée. Pour que le choix durable devienne le choix facile, des changements sont nécessaires à plusieurs niveaux. Les consommateurs souhaitent une meilleure information ainsi qu’un éventail plus large de choix durables. Mais nos choix individuels ne suffiront pas à transformer nos habitudes alimentaires au niveau recommandé par les experts. Législateurs, fabricants, distributeurs ont un rôle crucial à jouer pour ajuster les prix, le marketing, et tous les autres facteurs qui nous poussent à choisir un produit plutôt qu’un autre », conclut Monique Goyens.

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