Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, 56 ans, ex-préfet de police des Bouches-du-Rhône puis directeur général de la Sécurité intérieure, dresse, pour Libération, un premier bilan des interrogations suscitées par l’état d’urgence sanitaire.
Le confinement a commencé le 16 mars, le déconfinement, dont la phase 2 a débuté jeudi, s’est amorcé le 11 mai. Quel bilan tirez-vous de cette période très particulière dans l’histoire du pays, régie par l’état d’urgence sanitaire et une restriction sans précédent des libertés ?
Nous vivons une période très particulière surtout, évidemment, pendant la période de confinement, avec des restrictions importantes à la liberté de circulation, possible uniquement sous conditions dérogatoires. Les forces de sécurité intérieure ont été pleinement engagées, et elles continuent de l’être, dans le contrôle de la mise en œuvre de ces mesures. Certaines journées, jusqu’à 100 000 policiers et gendarmes ont été engagés sur le territoire national. C’est énorme. Globalement, les règles de confinement et de non-rassemblement sur la voie publique ont été très majoritairement respectées, y compris d’ailleurs dans les quartiers sensibles, contrairement à ce qu’on a pu entendre dire. Au total, nous avons contrôlé plus de 21 millions de personnes, et relevé 1,17 million d’infractions environ, ce qui correspond à un taux de 5,5%. La plupart des contrôles se sont déroulés sur la voie publique, pour s’assurer que les personnes avaient des attestations. Très peu d’incidents nous sont remontés. Sur la plateforme de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), nous avons eu environ 500 signalements effectués par des particuliers, dont une ce