POLITIQUE - Jean-Marie Bigard fait l’actualité. Pas pour son dernier spectacle, ni à cause d’une quelconque “blague” sur le viol lancée en pleine émission de grande écoute. L’humoriste, invité de BFM TV ce mercredi 27 mai, a ouvert la porte à une candidature à l’élection présidentielle 2022. “Ça pourrait, si ça pouvait aider le peuple à avoir une voix sincère qui ne ferait partie d’aucun parti politique. Oui, ça pourrait me tenter”, a-t-il expliqué, quelques jours après s’être enorgueilli d’avoir reçu un appel téléphonique du président de la République.
Son crédo? “Représenter le peuple” hors des partis politiques. “Parlement et gouvernement, ça finit par ‘ment’, du verbe mentir. Donc on ne peut pas y arriver comme ça. Le jour où le peuple va vraiment se réveiller, ça va faire très, très mal. Il va falloir que des têtes tombent”, a-t-il notamment lancé, critiquant allègrement les “tocards” du gouvernement.
Surtout, Jean-Marie Bigard ne tarit pas d’éloge sur sa capacité de porte-parole des classes populaires. “Quand un mec représente le peuple, le peuple un peu en colère, eh ben on l’appelle”, a-t-il expliqué en référence à sa communication téléphonique avec Emmanuel Macron. Et d’ajouter, en parlant des gilets jaunes: ils se disent ‘qui va prendre notre défense le mieux?’. Très souvent, c’est mon nom qui arrive.”
Coluche, précurseur à 15%
Surprenante, cette candidature ne serait pas la première du genre. Loin de là. Jean-Marie Bigard, lui-même, s’était présenté aux dernières élections municipales aux côtés de Marcel Campion à Paris. Une liste qui n’a obtenu que 0,4% des suffrages.
En matière de course à l’élection chez les humoristes, celle que mena Coluche reste dans toutes les têtes. En 1980, celui qui n’avait pas encore créé les Restos du coeur avait dit sa volonté de se présenter au suffrage universel pour la présidentielle de l’année suivante. Après être monté à plus de 15% dans les intentions de vote, et suscité un engouement sans pareil, il avait renoncé quelques mois avant le scrutin.
Mais plus qu’un exemple, la candidature de Coluche est une exception. Beaucoup après lui ont essayé de se lancer dans le bain de la politique. Et beaucoup s’y sont cassé les dents. C’est le cas notamment de l’animateur Patrick Sébastien et du Dard (Droit au respect et à la dignité). Avec trois mois d’existence, son mouvement politique n’aura pas eu le temps de “remettre l’humain au cœur de la société”, comme le souhaitait l’homme de télé.
Au rayon des candidatures surprenantes figure également celle de l’actrice X Isabelle Laeng, alias Cindy Lee. Souhaitant se présenter à au moins trois reprises à l’élection présidentielle (2002, 2007, 2012), la représentante du Parti du plaisir n’a jamais réussi a récolter les 500 parrainages nécessaires.
Des réussites à l’étranger
Plus récemment, Rémy Gaillard s’est présenté aux municipales 2020 (des élections plus propices aux candidatures baroques) à la mairie de Montpellier. Menant une campagne ciblée contre Emmanuel Macron, le youtubeur a d’ailleurs raté de peu le second tour, récoltant 9,4% des voix, soit presque cinq points de plus que la liste du candidat La République en marche, d’ailleurs.
De quoi inquiéter Emmanuel Macron? Quoiqu’il en soit, si ces candidatures peuvent prêter à sourire, elles sont redoutées jusqu’au plus haut sommet de l’État. À en croire, en tout cas, les confidences de l’entourage du président de la République à la presse qui dit redouter un “outsider” pour 2022, citant par exemple Cyril Hanouna, Didier Raoult ou... Jean-Marie Bigard.
Au-delà de ce spectre agité par l’Élysée, la période de crise sanitaire comme les récentes crises démocratiques, européennes, économique ou migratoires semblent être plus propices que d’autres à l’avènement de candidatures hors-système.
C’est en tout cas ce que tend à montrer l’arrivée au pouvoir, en Italie, du parti 5 étoiles fondé par l’humoriste Beppe Grillo, la victoire de l’acteur Volodymyr Zelensky en Ukraine ou, dans un autre registre, la présidence du milliardaire américain -star de télé-réalité- Donald Trump.
En France, une telle perspective apparaît toutefois assez lointaine. Le dernier artiste à avoir voulu représenter et porter la colère des Français, en l’occurence des gilets jaunes, n’a récolté que 0,6% des votes. C’était Francis Lalanne aux élections européennes 2019.
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