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Récit

A l'Assemblée, «l'aile gauche» des marcheurs s'organise en courant

Quelques jours après le départ de sept députés pour un nouveau groupe à tendance écolo, 46 parlementaires LREM ont annoncé la création d’une association pour infléchir la ligne du parti.
par Laure Equy
publié le 22 mai 2020 à 12h57

Après le nouveau groupe, le courant. A l'Assemblée nationale, le groupe La République en marche n'en finit plus de se démantibuler. Alors que celui-ci vient de perdre d'extrême justesse sa majorité absolue avec le départ de sept députés vers un neuvième groupe baptisé Ecologie démocratie solidarité (EDS), une autre initiative voit le jour : 46 députés, emmenés par le vice-président de l'Assemblée nationale, Hugues Renson, la présidente de la commission du développement durable, Barbara Pompili, et Jacques Maire, annoncent, ce vendredi la création d'une association nommée «En commun».

A l'inverse de leurs collègues d'EDS, ces députés – parmi lesquels Anne-Christine Lang, Coralie Dubost, Claire Pitollat ou Jean-Louis Touraine – ont décidé de rester au sein de LREM pour infléchir la ligne de l'intérieur. Mais le créneau est le même puisqu'il s'agit de muscler leur politique «dans le domaine des solidarités, de l'écologie, de la cohésion nationale et du renouveau des pratiques démocratiques». «Nous croyons que notre majorité peut faire, sur tous ces sujets, bien plus que ce qu'elle n'a pour le moment engagé. Nous croyons même qu'elle le doit», écrivent, dans une tribune parue sur le site de l'Obs, les 46 qui se disent «déterminés à peser davantage pour que l'épreuve traumatisante que nous vivons tous puisse se transformer en opportunité».

Sas permettant d'éviter d'autres départs du groupe en proie à une lente érosion ou début de structuration en courants d'un mouvement qui cherchait précisément à les réconcilier? «Prôner le dépassement ne signifie pas abandonner nos sensibilités. Nous pensons que c'est une richesse et qu'il faut les faire vivre à l'intérieur», répond Hugues Renson, qui a informé de sa démarche, le président du groupe LREM, Gilles Le Gendre, le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, le délégué général d'En marche, Stanislas Guérini, et le conseiller d'Emmanuel Macron, Philippe Grangeon.

«Le groupe devient réceptacle des emmerdes»

Les piliers de la macronie ne débordent toutefois pas d'enthousiasme. Ceux-ci espéraient que la création d'un nouveau groupe parlementaire apporterait au moins une «clarification» et se félicitaient mardi de voir qu'EDS ne réunissait finalement que 17 députés. «Sauf qu'on constate que le sujet n'est pas purgé. Si, finalement, on a une partie de mécontents dehors et une partie dedans, ça risque d'être compliqué», s'inquiète un responsable LREM. Le chef de file des députés marcheurs, Gilles Le Gendre, distinguait bien, mardi, les deux approches mais il se disait défavorable «à l'instauration de courants dans la vie du groupe. Notre projet c'est justement de fondre les sensibilités dans un projet commun.» «Les sensibilités, oui, les tendances, non», a-t-il prévenu, lors d'une réunion de groupe, ces dernières semaines. «Faute d'un mouvement LREM qui fait débattre, tranche et parle clair et net, le réceptacle des emmerdes devient le groupe. Mais ce n'est pas son rôle de mettre en débat les orientations du pays. Le sous-groupe, c'est très pernicieux», alerte un autre député qui craint qu'à ce compte, l'aile droite des marcheurs cherche à son tour à s'organiser.

La future association «En commun», qui ambitionne d'«aiguillonner l'action du gouvernement», doit réunir des parlementaires, mais aussi des élus locaux et des militants et compte organiser des échanges avec les corps intermédiaires.

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