Ce sont des chiffres qui ne trompent pas en cette période de crise sanitaire. Une enquête réalisée par l'Association Nationale des DRH, qui a interrogé ses membres pour savoir comment les entreprises traversent cette crise, montre que le télétravail explose partout en France, au point d'évoquer une "année de l'expérience forcée du télétravail".
Pour preuve, on est sorti des grèves contre la réforme des retraites, en décembre dernier, avec 28% de personnes qui travaillaient depuis chez elles et ce chiffre est aujourd'hui monté à 40% du personnel. On sortira donc de cette période avec une expérimentation en condition extrême de ce travail à distance que repoussaient beaucoup d'entreprises.
Depuis un mois, elles ont donc équipé leurs salariés avec des logiciels et des ordinateurs qui permettent le télétravail. Certaines d'entre elles profitent de l'assouplissement des règles sur le temps de travail, une manœuvre autorisée et crainte par les syndicats. Ainsi, des entreprises demandent à leurs salariés de travailler plus longtemps, jusqu'à 60h par semaine ou de rogner sur le repos hebdomadaire du week-end. Pour l'instant, 7% des entreprises ont allongé la durée de travail.
Autre chiffre marquant de cette enquête, quatre sociétés sur dix ont recours au chômage partiel mais 41% d'entre elles ont décidé de continuer à verser 100% du salaire de leurs employés. Cela signifie qu'on va sortir du confinement avec beaucoup de ménages qui n'auront pas perdu en pouvoir d'achat et qui permet d'espérer de voir repartir la consommation assez vite, ce qui sera une des clés de la sortie de crise.
En réalité, cette crise sanitaire va très certainement changer notre rapport au travail et à l'entreprise parce qu'il y a une inversion des valeurs dans les fonctions. On se rend compte qu'un certain nombre de métiers qu'on pensait "robotisables" comme la caissière, le préparateur dans les entrepôts de e-commerce, même le médecin généraliste avec les promesses de la e-santé à distance, étaient essentiels quand il y a une crise et qu'on a besoin d'empathie, d'humanité.
À l'avenir, on ne pourra rien refuser aux héros d'aujourd'hui. Les DRH et l'État le savent bien malgré le fait que les entreprises en plein marasme économique n'auront sans doute pas les moyens d'accorder des augmentations et seront vraisemblablement contraintes de faire des plans de licenciement. Mais on ne pourra pas non plus licencier les héros d'aujourd'hui.
A la fin du confinement, les entreprises vont faire un retour d'expérience et vont se demander quelles sont les professions qui sont vraiment indispensables, quels sont les métiers dont on a pu se passer. Il risque d'y avoir des métiers d'employés de bureaux, des fonctions administratives qui seront jugées moins stratégiques et qui seront peut-être les victimes de l'après confinement.
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