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L’inquiétude des îles grecques, déserts médicaux



Avec des premiers cas à Mykonos ou Icarie, les îles grecques, véritables déserts médicaux à des centaines de kilomètres du continent, s’inquiètent de la menace du coronavirus, craignant dans leur isolement de ne pouvoir y faire face.  

«Plus l’île dans laquelle vous vous échappez est petite, plus la maladie sera dure voire impossible à gérer», a averti le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis le 19 mars, avant de décréter le confinement général de la population.   

Depuis deux semaines, seuls les habitants permanents des îles sont autorisés à s’y rendre. Les voyageurs voulant prendre le bateau doivent se munir d’une feuille d’imposition, pour justifier de leur domicile insulaire.   

Certains Athéniens et étrangers ont réussi à contourner l’interdiction, se précipitant sur les îles paradisiaques de la mer Egée, pour y vivre agréablement le confinement. Espérant se mettre à l’abri de la pandémie qui a fait à ce jour 57 morts et plus de 1.500 cas dans le pays.    

Mais les petites îles grecques manquent généralement de médecins et d’équipements de réanimation. Et pour évacuer les malades des 200 îles habitées, le SAMU grec ne dispose que de cinq hélicoptères.   

«Si un cas de coronavirus vient à se déclarer à Tilos, nous ne disposons que d’un médecin de campagne et d’une infirmière et évidemment d’aucun respirateur», s’alarme Maria Kamma, la maire de cette île du Dodécanèse.    

«Il faudra transporter le malade vers un hôpital en hélicoptère mais si plusieurs cas apparaissent sur plusieurs îles en même temps, la situation sera ingérable. L’Etat grec ne dispose pas d’assez d’hélicoptères médicaux», se désole-t-elle.   

A Tilos, île de 350 habitants, l’inquiétude est palpable. Plus de la moitié de la population a plus de 60 ans et, malgré les recommandations du gouvernement, il y a davantage d’habitants depuis la pandémie.   

Comme de nombreux autres maires de petites îles, l’édile souhaite couper complétement les liaisons maritimes pendant au moins deux semaines.   

Mais plusieurs habitants se rendent en ferry à Rhodes, le centre urbain le plus proche, pour faire des courses d’où des risques accrus d’importer le virus à Tilos, observe la maire.   

«Action criminelle» à Icarie   

Sur l’île d’Icarie, en mer Egée orientale, où le quart de la population a plus de 80 ans, l’annonce d’un cas de coronavirus a provoqué la colère des habitants: le contaminé, un jeune homme de 25 ans, arrivait de Londres avec deux amis.   

«Son action est criminelle, nous allons engager des poursuites contre cet individu», a prévenu Nikos Kalambogias, maire de l’île. «Nous sommes une petite île qui est isolée, qui n’a pas d’unité de soins intensifs. Toute la population est bouleversée», a-t-il dit à la chaîne de télévision grecque Star.   

Un confinement strict a aussitôt été ordonné pour toutes les personnes en contact avec le jeune homme ou ses amis.   

Sur l’île huppée de Mykonos aussi, le premier cas de coronavirus a fait l’effet d’une bombe.   

Le maire Kostas Koukas a immédiatement réclamé des «contrôles plus sévères» à l’aéroport et exhorté le Premier ministre à «interdire les avions et les hélicoptères privés d’atterrir à l’aéroport et sur les héliports» de l’île touristique.   

Une habitante de 69 ans, soignée dans un premier temps dans le centre de santé de l’île, a été héliportée à Athènes, son état s’étant rapidement aggravé.   

La nouvelle a bouleversé l’île des Cyclades. Destination de millions de touristes chaque été, elle ne compte le reste de l’année que quelque 10.000 habitants qui préparent activement la saison estivale.   

Les autorités grecques ont mis en garde contre «une situation extrêmement critique» sur l’île, suspendant «toute activité dans l’industrie du bâtiment».   

Sur l’île égéenne de Lesbos, où vivent plus de 19.000 demandeurs d’asile dans le camp surpeuplé et insalubre de Moria, la peur d’une pandémie est encore plus grande.   

«L’hôpital de Lesbos ne pourrait pas faire face à une propagation de l’épidémie dans le camp, il n’y a pas de chambre à pression négative pour isoler les patients, les effectifs en soignants ne seraient pas suffisants», estime Yannis Zerdelis, médecin généraliste à Mytilène.

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