CINÉMA - Le cinéma français, au cœur des tensions. Alors que la cérémonie des César de ce vendredi 28 février est sous le feu des critiques depuis l’annonce des 12 nominations de Roman Polanski, une trentaine de célébrités dénonce dans Le Parisien de ce mercredi 26 février le manque de diversité de la profession dans l’Hexagone.
Les actrices Aïssa Maiga, Sonia Rolland et Marie-Philomène Nga signent aux côtés d’une trentaine de personnalités du milieu, comme Olivier Assayas, Mathieu Kassovitz ou Stomy Bugsy, une tribune dans le quotidien pour pointer du doigt “l’invisibilité des acteurs, réalisateurs et producteurs” issus des DOM-TOM et de l’immigration africaine et asiatique.
“Le cinéma est un puissant outil de transmission d’une culture, un outil de facilitation de l’intégration des populations de notre pays. Il est aussi un outil de transmission de valeurs communes partagées d’une société. Notre cinéma devrait donc être, comme Stendhal le disait du roman, un miroir dans lequel se reflète la société dans sa réalité et sa diversité”, écrit l’auteur du texte, l’acteur français d’origine camerounaise Eriq Ebouaney.
“Le talent, comme l’émotion, n’a pas de couleur”
Ce n’est pas une première. Il y a vingt ans déjà, le Collectif Égalité “fustigeait l’absence d’inclusion de nos concitoyens issus d’outre-mer et des immigrations, rappelle le comédien. En 2018, l’essai collectif Noire n’est pas mon métier dénonçait aussi les discriminations et les stéréotypes dont sont victimes les actrices afrodescendantes.” Il poursuit: “L’histoire de France est celle de tous ses habitants sans exclusive.”
Une récente tribune publiée dans Le Monde, et signée par Omar Sy et 200 personnalités du cinéma, étrillait le fonctionnement de l’Académie des César. Une démarche louable, mais qui aurait été encore meilleure si les signataires avaient inclus “dans leurs reproches à la direction l’absence des acteurs et réalisateurs issus de ce que l’on appelle par paresse et frilosité du langage la diversité”.
Eriq Ebouaney cite les succès des films “Il a déjà tes yeux”, “Les Misérables” et “Banlieusards”. “Il n’est plus question, pour tous les professionnels du cinéma issus des immigrations et d’outre-mer, d’être assignés aux rôles secondaires et stéréotypés auxquels on les a longtemps cantonnés, concède l’acteur avant de conclure. Il est temps d’ouvrir les portes et les fenêtres du cinéma français. Car le talent, comme l’émotion, n’a pas de couleur.”
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