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Pour Agnès Buzyn, un début de campagne et des larmes

Elections municipales 2020 à Parisdossier
La nouvelle candidate LREM à Paris a officiellement rendu, lundi, les rênes du ministère de la Santé. A peine désignée, elle commence un marathon pour imprimer sa marque.
par Charlotte Belaïch, Photo Marc Chaumeil
publié le 17 février 2020 à 21h11

La première journée de campagne d'Agnès Buzyn aura commencé par des larmes. La nouvelle candidate de LREM pour les municipales à Paris n'a pas réussi à contenir ses pleurs lors de la passation de pouvoirs. «C'est avec une grande émotion que je quitte le ministère de la Santé pour mener la campagne des élections municipales à Paris», a-t-elle difficilement déclaré, faisant plusieurs pauses pour tenter de ravaler ses sanglots. En vain. «Churchill disait : le succès n'est pas final, l'échec n'est pas fatal, c'est le courage de continuer qui compte», a-t-elle poursuivi, souriante mais le visage tremblant.

«Elle a expliqué que ce n'était pas facile de se séparer de personnes avec qui elle travaillait depuis un long moment», rapporte un cadre de la campagne parisienne qui s'est entretenu avec elle dans la foulée. L'ancienne ministre, qui a passé près de trois ans à la Santé, n'est pas la première à manifester son émotion en quittant ses fonctions mais la séquence a alimenté l'idée selon laquelle on l'aurait poussée à se lancer dans la bataille parisienne. Après l'annonce du retrait de Benjamin Griveaux vendredi matin, la macronie a passé trois jours en conclave, avant de se mettre d'accord sur un remplaçant. Beaucoup de noms ont circulé mais dès vendredi, c'est l'hypothèse Buzyn qui est revenue avec le plus d'insistance.

«Electrochoc»

Une ministre identifiée, jugée «solide»… Mais pas vraiment disponible : juste avant le retrait de Griveaux, elle avait écarté la possibilité d'une candidature sur la liste du XVe pour cause d'emploi du temps trop chargé. L'insistance de la macronie, à son plus haut niveau, l'aura finalement fait changer d'avis. «J'y vais, j'en ai envie», a-t-elle affirmé dimanche en se déclarant. «Envie» : la nouvelle candidate a répété plusieurs fois le mot, comme pour s'en persuader. Emmanuel Macron «n'a pas eu à la convaincre, puisque c'est elle qui a exprimé son envie de se lancer dans la bataille parisienne», assure Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement.

Les marcheurs veulent en tout cas donner l'impression d'un nouvel élan. «Sa candidature passe bien, on a de bons retours dans les arrondissements, ça peut être un électrochoc positif», loue Pierre-Yves Bournazel, candidat dans le XVIIIe. En réalité, tout change pour que rien ne change. A un mois seulement du scrutin, Agnès Buzyn devra se contenter de porter le projet de son prédécesseur. Après un «événement militant» dans le IXe dimanche soir, elle a rencontré lundi matin l'équipe de campagne au QG, avant de déjeuner avec les têtes de liste et de «travailler sur le fond» l'après-midi. Si l'ex-ministre ramène avec elle sa directrice de cabinet et sa conseillère com, l'équipe existante, dont le directeur de campagne de Benjamin Griveaux, reste en place. Quant au logo «Paris ensemble, avec Benjamin Griveaux», il a seulement été actualisé avec le nom de la remplaçante. Le nom de domaine Buzyn2020.fr renvoyait ce lundi… vers celui d'Anne Hidalgo. L'équipe de la maire sortante assure n'y être pour rien.

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Sur le fond, Agnès Buzyn devrait aussi faire dans la continuité, avec quelques variations. Parmi les plus notables : le probable renoncement au projet de déplacement de la Gare de l'Est et au prêt de 100 000 euros pour aider des Parisiens à acheter un logement. Un désaveu pour les marcheurs qui ont soutenu ces mesures vivement critiquées. «C'est sain qu'elle imprime sa marque», relativise Pacôme Rupin, tête de liste dans Paris centre. Son prédécesseur avait choisi de s'adresser aux classes moyennes, elle va «axer sa campagne sur les fragiles». «Elle souhaite parler des difficultés des personnes âgées», explique le député de Paris. Alors que Griveaux souffrait d'une image négative, l'ex-ministre de la Santé devrait jouer la carte de la personnalité «humaine». «Empathique», «apaisante», «rassembleuse», circulent comme des mots clés.

Mathématicien

Dans la journée, la candidate s'est entretenue avec Cédric Villani. Le dissident, qui profitait du rejet Griveaux, a «posé ses conditions pour envisager d'éventuelles convergences», selon son équipe. Dont «l'ouverture à un accord avec les Verts pour réussir l'alternance à Hidalgo». Et ce, alors que les écologistes intègrent la maire sortante à la coalition climat qu'ils projettent et demandent une rupture claire entre le mathématicien et le gouvernement. Du côté du PS, on admet que l'image d'Agnès Buzyn est «moins détériorée que celle de Griveaux», mais on se rassure en rappelant que «les candidatures nationales, sans implantation, n'ont jamais été des succès à Paris». Reste à savoir où la candidate se présentera. Elle pourra s'inscrire dans les pas de Griveaux, qui avait choisi le XVIIe, ou atterrir dans le VIe, où LREM n'a pas encore investi, à moins d'aller dans un autre arrondissement, sans prendre la tête de liste.

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