Alstom confirme être en discussion avec Bombardier Transport
Après examen des comptes annuels du canadien Bombardier, Alstom a conclu un accord préliminaire pour lui racheter ses activités ferroviaires pour quelque 7 milliards de dollars, selon le « Wall Street Journal ». «Des discussions sont en cours», confirme ce lundi matin le groupe français.
Par Denis Fainsilber
Alstom a conclu un accord préliminaire pour acheter les activités ferroviaires de Bombardier, rapportait dimanche le « Wall Street Journal », ajoutant qu'une annonce était attendue ce lundi matin. Le constructeur ferroviaire français aurait offert plus de sept milliards de dollars pour la division du constructeur canadien, selon des sources au fait du dossier citées par le quotidien économique. Soit la même somme que celle qui avait déjà circulé avant la publication des résultats annuels du groupe de transport canadien, jeudi dernier.
«Des discussions sont en cours», confirme simplement ce lundi matin Alstom, concernant une potentielle acquisition de Bombardier Transport. Il ajoute : «Aucune décision finale n'a été prise».
Vers un paiement en titres Alstom
Si cette opération venait à se réaliser, un an pile après le veto posé par Bruxelles au précédent mariage entre Alstom et l'allemand Siemens, elle donnerait naissance à un solide numéro deux mondial du matériel ferroviaire. Juste derrière le chinois CRRC, né de la fusion forcée entre deux constructeurs publics, CSR et China CNR, en 2015, et qui commence à rafler des contrats à l'étranger, comme aux Etats-Unis.
Selon le schéma envisagé, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), actionnaire minoritaire de Bombardier Transport (32,5 % des titres), depuis l'arrêt d'un projet de mise en bourse du constructeur en 2015, serait payé non en cash mais en titres Alstom, devenant actionnaire du groupe français au côté de Bouygues.
L'endettement de Bombardier
Alstom, devenu « pure player » du ferroviaire depuis la cession de ses activités dans l'énergie à General Electric, aurait initié dès juillet dernier les premiers contacts avec Bombardier, qui tire la moitié de son chiffre d'affaires (52 % en 2019) des trains et métros. Lourdement endetté, le groupe québécois a annoncé jeudi dernier sa sortie de l'aviation commerciale , en vendant à Airbus le reliquat de sa participation minoritaire dans l'avion moyen-courrier A220, et des pertes annuelles consolidées de 1,6 milliard de dollars. Tout en « continuant activement d'examiner les options qui lui permettraient d'accélérer le désendettement et de rembourser la dette », une allusion aux réflexions sur un désinvestissement dans le ferroviaire.
Le sort des contrats problématiques
Dans ce métier, le carnet de commandes est bien garni, mais sa marge ne dépasse guère 2,6 %, contre 10, 8 % pour la division aviation, du moins ce qui n'a pas été cédé au fil du temps. De plus, Bombardier transport qui emploie 40.600 salariés dans 27 pays, a connu plusieurs dérapages de contrats en Europe et en Amérique du Nord ces derniers temps, notamment pour des problèmes de qualité, qui l'ont obligé à rééchelonner ses livraisons et payer des indemnités de retard à des clients. Alstom attendait de voir le traitement comptable de ces contrats pour franchir les dernières étapes de la négociation.
Si le siège du groupe Bombardier est à Montréal, celui de ces activités ferroviaires est logé à Berlin, et la plupart de ses usines sont en Europe. De plus, Alstom et Bombardier ont l'habitude de répondre à des gros appels d'offres en s'associant dans des consortiums. La Commission européenne ne manquera donc pas d'examiner de très près un tel rachat franco-canadien, arguant du fait que les compagnies ferroviaires et exploitants de transports publics de l'UE auront moins de choix pour acheter leurs trains, tramways ou métros.
Denis Fainsilber