Basket

Paris et la NBA réussissent leur entre-deux

La première rencontre de la ligue nord-américaine sur le sol français s'est déroulée sans accrocs vendredi soir à Bercy. Malgré un public un peu sage, la greffe a pris et un nouveau match est d'ores et déjà annoncé l'an prochain.
par Damien Dole
publié le 25 janvier 2020 à 11h51

Des hurlements pour un simple panier à 2 points, les mascottes des Milwaukee Bucks et des Charlotte Hornets qu'on voit en bas en train de sautiller avant leur entrée pour le premier temps mort, des joueurs qui se meuvent à la perfection sur le parquet… Bien campé sur notre strapontin en haut d'un Bercy apprêté comme à ses plus belles heures, il n'a pas fallu beaucoup plus que les premières minutes, vendredi soir, pour qu'on s'imagine être le temps d'une soirée dans une enceinte NBA outre-Atlantique.

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Le premier match officiel de la ligue nord-américaine sur le sol français est une franche réussite, tant pour la NBA, la couverture basket dans l'Hexagone ou les quelque 15 000 chanceux qui ont pu décrocher leur sésame et s'installer dans ce vaisseau américain posé sur les rives de Seine. Devant Bercy, à deux heures du match, il y a déjà foule, une foule polie et lookée comme il se doit : maillots, bonnets, écharpes aux couleurs des Bucks et des Hornets. Au-delà des deux franchises du soir, l'importance de cette joute de saison régulière, c'est le début du chapitre physique, et à domicile, de l'histoire d'amour qu'entretiennent les fans avec la NBA.

Claque

A une heure de la rencontre, Adam Silver, le chef de la NBA, Michael Jordan, propriétaire des Hornets et grand partisan de la venue de la ligue à Paris, et Marc Lasry, son homologue des Bucks – dont l'intro a été déroulée dans un français impeccable – dissertent sur leur bonheur d'être ici, l'accueil prodigieux des Parisiens et de la mairie, la force du basket en France, côté joueurs et côté fans. Les «28 autres équipes veulent venir ici», a précisé Adam Silver, et ce seront deux autres franchises qui viendront s'ébrouer entre le vaisseau froid qui abrite le ministère des Finances et le parc tranquille construit sur l'ancienne Halle aux vins de Paris.

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On prend place ensuite et ce Bercy aux couleurs de la NBA met une claque à toute personne qui suit ce sport. Le résultat est bluffant et le public, surtout composé de personnes ayant accepté de dépenser plusieurs centaines d'euros pour participer à la fête et d'invités de renom, se prend au jeu avant même la sonnerie qui annonce que le parquet doit être vidé des mascottes, des animateurs et de la sécurité. L'hymne américain est écouté religieusement, sauf à l'avant-dernier vers où ça hurle, à l'instar de ce que l'on entend à tous les matchs de sport américain, tout ça avant des applaudissements nourris. La Marseillaise, ensuite, avec un solo du Français Waxx – fan des Detroit Pistons – à la guitare électrique qu'on qualifiera d'original, moins si on se place dans le référentiel d'outre-Atlantique, qui aime prendre des risques sur l'interprétation des hymnes.

Avant le début d'un match dont l'attente est gérée comme seuls les Américains savent le faire – et qui fait rêver des patrons de clubs de foot européens qui ne comprennent pas que s'inspirer ne veut pas dire calquer des animations ou logiques constitutives de la NBA –, le Grec Giánnis Antetokoúnmpo et le Français Nicolas Batum font s'envoler l'applaudimètre lors de la présentation des joueurs titulaires, tout comme Tony Parker qu'Adam Silver a tenu à remercier en public. Le discours du Français n'était pas des plus emballants, mais on mettra ça sur le coup de l'émotion, ou de la frustration d'avoir vu la NBA débarquer quelques mois après la retraite du meilleur joueur Français de tous les temps.

Public sage

L'entre-deux réalisé, on sent la foule attendre le premier panier pour exploser. Ce qu'elle fait, particularité de ce match déterritorialisé, à chaque point marqué par les deux équipes. Mais il faut avouer que les spectateurs restent sages entre deux actions, participent peu aux chants lancés par la sono. Peut-être le prix des places joue-t-il sur la folie moyenne des tribunes, mais c'est finalement assez fidèle à la plupart des salles américaines lors d'un match de saison régulière. La greffe a donc pris jusque dans les attitudes.

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Le match s'écoule entre temps de jeu où le basket reprend ses droits, et danseurs de hip-hop, mascottes, paniers sur trampolines et concours avec des fans. Des anciennes gloires de la balle orange sont montrées au centre du terrain, la caméra se braque – des images surtout destinées aux téléspectateurs – sur les joueurs du PSG (Neymar, Mbappé, Verratti, Thiago Silva et Icardi). La machine est rodée, aucun accroc à relever. La rencontre est serrée jusqu'au dernier quart-temps qui voit les Bucks anéantir les espoirs de fin de match épique en prenant le large (116-103). Elle s'achève comme un rêve, les sourires sont là, sur les visages, jusque sur le quai de la ligne de métro 14. La NBA et Paris ont réussi leur premier rendez-vous.

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