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Olivier Oullier, le DJ de Davos

Ce neuroscientifique renommé, patron d'un fabricant de casques high-tech, est aussi un DJ recherché dans le monde entier et notamment au Forum économique mondial qui ouvre lundi. Il nous a concocté un mix en primeur.

Le scientifique en concert sous le pseudo de Jacques Lavoisier. Ici en mars 2019 à Dubaï, à l'occasion du Global Teacher Prize.
Le scientifique en concert sous le pseudo de Jacques Lavoisier. Ici en mars 2019 à Dubaï, à l'occasion du Global Teacher Prize. (©Varkey Foundation)

Par Benoît Georges

Publié le 17 janv. 2020 à 09:00Mis à jour le 24 janv. 2020 à 13:15

Pour Olivier Oullier, l'édition 2020 du Forum économique mondial, qui débute lundi prochain, s'annonce une nouvelle fois très chargée. En tant qu'éminent spécialiste du cerveau , il participera à trois tables rondes sur le bien-être au travail, l'amélioration de la productivité et les problématiques de santé mentale. Comme président de l'entreprise américaine Emotiv, qui conçoit des casques pour mesurer l'activité cérébrale, il enchaînera « entre six et huit rendez-vous professionnels par jour ». Et, contrairement aux quelque 3 000 autres hommes et femmes d'affaires, leaders politiques et journalistes réunis dans la station suisse, ses nuits vont être aussi actives que ses jours. Car en soirée, comme chaque année depuis 2013, il troquera costume, chemise et présentations PowerPoint pour un blouson de cuir, des lunettes noires et une table de mixage : Olivier Oullier est le DJ de Davos.

Une collection de 2 000 vinyles

À 45 ans, ce docteur en neurosciences a derrière lui plus d'un quart de siècle aux platines. « J'ai commencé à 17 ans, pour remplacer au pied levé un DJ dans une boîte de nuit du sud de Lyon. » Natif de Cavaillon, dont il a gardé l'accent et la tchatche, il a ensuite fait de sa passion son job d'étudiant, plus rémunérateur que McDo - « Je mixais le jeudi dans les soirées de la fac de Marseille et, avec l'argent, je pouvais partir voir un opéra le samedi à la Scala de Milan. J'arrivais à m'amuser, à gagner ma vie… et à sortir quand même major de promo ! »

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À la tête d'une collection de 2 000 vinyles, ce fan de Daft Punk, Depeche Mode, Thomas Dolby ou Jean-Michel Jarre n'a jamais cessé de mixer. Mais pendant des années, il a soigneusement séparé sa passion de son activité professionnelle. « À la fin des années 1990, l'image de la techno et des DJ était celle de la fête et de tout ce qui va avec, rappelle-t-il. À l'université, si j'avais été pianiste classique, tout le monde aurait trouvé ça génial. Mais DJ, ça ne faisait pas sérieux. »

Jacques Lavoisier comme nom de scène

Olivier Oullier a donc commencé sa carrière comme DJ caché, mais chercheur reconnu. En 2009, il intègre le Centre d'analyse stratégique, créé en 2006 par Jacques Chirac pour remplacer le commissariat au Plan. Il en dirige le programme « Neurosciences et politique publiques ». Grâce à ses publications, il se fait remarquer par le Forum économique mondial. En 2011, il intègre les Young Global Leaders, pool de talents de moins de 40 ans repérés par les organisateurs de Davos.

C'est ce programme VIP qui fera passer sa carrière de DJ de l'ombre à la lumière. « Lors de notre première grande réunion à Puerto Vallarta, au Mexique, j'ai fait une intervention sur les sciences de la décision en journée… et un set le soir. Il y avait plein d'Anciens ultra-connus, des ministres, des princes, des grands patrons, et moi au milieu, le petit Français, je me suis dit : 'J'y vais, de toute façon tout le monde va s'en foutre' »

Ce sera un succès et un déclic. Sous le nom de scène de Jacques Lavoisier - clin d'oeil à Antoine Lavoisier, chimiste du xviiie siècle connu pour la formule « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » -, il entame à l'approche de la quarantaine une carrière de DJ international, avec agent à New York et spectacles dans le monde entier, de Tokyo à Dubaï en passant par Atlanta, où il réside désormais. Sans oublier, bien sûr, Davos.

Double vie

Il est ensuite devenu, en 2017, président de la start-up Emotiv , dont il avait rencontré la cofondatrice, Tan Le, parmi les Young Global Leaders. Basée à Los Angeles, Sydney et Hanoï, cette entreprise conçoit depuis 2011 des casques EEG (électroencéphalogramme) qui enregistrent et analysent les ondes cérébrales pour évaluer l'activité cognitive, mesurer l'attention, ou encore contrôler des ordinateurs ou des drones par la pensée.

Olivier Oullier, avec le casque Insight (interface cerveau-ordinateur) développé par la start-up Emotiv qu'il préside.

Olivier Oullier, avec le casque Insight (interface cerveau-ordinateur) développé par la start-up Emotiv qu'il préside.©DJs4good

En épigone de Lavoisier, Olivier Oullier a aussi transformé les casques et logiciels d'Emotiv pour un usage plus ludique : visualiser sur grand écran l'activité du cerveau quand il écoute de la musique - et en particulier, bien sûr, celle qu'il mixe. Cela a donné lieu à une série de concerts spectaculaires, baptisée Neuromix. Une expérience qu'Olivier Oullier a déclinée en musique classique, notamment avec le violoncelliste Yo-Yo Ma.

Aventure caritative

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Cette année encore, le Forum de Davos va représenter un pic dans son activité musicale. D'abord parce qu'il va y mixer quotidiennement, du dimanche au vendredi inclus, pour des soirées privées, des événements de prestige ou des fêtes d'entreprise. Mais surtout parce que Davos doit lui servir de tremplin pour une nouvelle aventure : une association caritative intitulée DJs4Good. « Toutes les semaines, il y a des millions de gens qui font face à des DJ, et personne n'utilise ce canal pour véhiculer des informations importantes ou des messages d'utilité publique. Or aujourd'hui, tous les gens dansent en regardant les DJ - quand j'ai commencé, cela n'arrivait que si tu te plantais dans un enchaînement ! »

DJs4Good devrait comporter trois éléments. D'abord, le financement d'oeuvres caritatives ou à impact social positif, en jouant bénévolement ou en reversant une partie des cachets. Ensuite, des initiatives en faveur de la communauté des DJ, notamment des plus jeunes, pour les aider à mieux gérer leur carrière. Enfin, il rêve de lancer des « listening parties », soirées de découverte d'un album en petit comité. « Un de mes plus beaux souvenirs d'ado, c'est de savoir que « Violator » de Depeche Mode sort, et de faire venir des amis dans le salon de mes parents pour l'écouter religieusement, avant d'en discuter ensemble. »

Dans le même esprit, DJs4Good organisera des dîners privés où chacun viendra avec un vinyle, fera écouter une chanson et se présentera grâce à elle. Le défi 2020 d'Olivier Oullier sera donc de faire entrer DJs4Good dans un agenda déjà démentiel - il trouve aussi le temps d'écrire des contributions pour Fortune ou Les Echos. Pour y arriver, cet hyperactif compte sur « une organisation quasi militaire » et une discipline sans faille : « Quand je suis en soirée, je ne bois pas, je ne fume pas, je joue ! »

David Salomon, le DJ de Goldman Sachs

On peut diriger l'une des plus grandes banques d'affaires de la planète et s'éclater en boîte de nuit. David Solomon, 58 ans, PDG de Goldman Sachs depuis octobre 2018, passionné de disco et de soul music, se produit ainsi régulièrement comme DJ à New York, Miami ou Los Angeles. Son compte SoundCloud indique que « DJ D-Sol » a déjà joué avec des légendes comme Paul Oakenfold ou David Guetta. On lui doit même plusieurs singles, publiés sur son label Payback Records, dont tous les bénéfices sont reversés à des associations de lutte contre les addictions notamment aux opioïdes.

Par Benoît Georges

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