ECONOMIEL'Argentine prend des mesures d'urgence pour tenter de sortir de la crise

L'Argentine prend des mesures d'urgence pour tenter de sortir de la crise

ECONOMIELe nouveau président a publié une loi instaurant des mesures économiques et fiscales
La vice-présidente Cristina Fernandez de Kirchner préside la session au Parlement où la loi proposée par le préesident Alberto Fernandez est discutée à Buenos Aires le 20 décembre 2019.
La vice-présidente Cristina Fernandez de Kirchner préside la session au Parlement où la loi proposée par le préesident Alberto Fernandez est discutée à Buenos Aires le 20 décembre 2019. - AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La crise en Argentine est-elle similaire à celle de 2001 ? Le gouvernement argentin a promulgué lundi une loi instaurant une série de mesures économiques et fiscales d’urgence destinées à remettre sur les rails l’économie du pays en « défaut de paiement virtuel », selon le nouveau président Alberto Fernandez. La loi a été publiée au Journal officiel peu après 17h locales (21h à Paris), après avoir été votée par le Parlement samedi.

Que prévoit la loi ?

La loi d’urgence économique prévoit entre autres une hausse de la fiscalité pour les classes moyennes et supérieures, des prestations sociales pour les plus défavorisés et une taxe de 30 % sur les achats en devises étrangères, dans un pays où de nombreux habitants ont l’habitude d’économiser en dollars pour faire face aux dévaluations de la monnaie et à l’inflation. Elle prévoit aussi une augmentation des taxes sur les exportations agricoles, le secteur de l’agro-business étant le seul à avoir progressé ces dernières années.

Avec cette nouvelle loi, le gouvernement espère « répondre aux besoins des secteurs les plus vulnérables et concentrer tous ses efforts pour relancer la demande et donner une impulsion à la croissance », a expliqué lundi Alejandro Vanoli, le directeur de l’organisme gouvernemental de Sécurité sociale (Anses), chargé de la Sécurité sociale, des retraites et des aides aux personnes défavorisées.

La loi prévoit notamment un « plan contre la faim », ainsi que l’octroi de primes pour les petites retraites et, pour les plus pauvres, le report ou le gel des augmentations des tarifs des services publics. L’ex-président de centre droit Mauricio Macri a laissé un pays en proie à la récession et l’inflation. Le peso argentin a chuté de 70 % depuis janvier 2018. Il avait demandé fin août un rééchelonnement de la dette, notamment au Fonds monétaire international (FMI) qui a accordé à l’Argentine en 2018 un prêt de 57 milliards de dollars contre un programme d’austérité – elle en a reçu 44 milliards.

La troisième économie d’Amérique latine a connu une baisse de 3,1 % de son PIB en 2019 et une hausse des prix de 55 %, une des plus élevées du monde. La dette publique s’élève à quelque 330 milliards de dollars, soit plus de 90 % du PIB, dont les 44 milliards du FMI. En 2016, au début du mandat de Mauricio Macri, elle s’élevait à 20 % du PIB.

Une « situation dramatique »

Le nouveau président, un péroniste de centre gauche, a déclaré au moment de sa prise de fonctions le 10 décembre avoir hérité d’une « situation dramatique ». « Ce n’est pas pareil qu’en 2001, mais oui ça y ressemble », a affirmé dimanche le chef de l’Etat dans un entretien avec la chaîne de télévision America TV. En 2001, l’Argentine s’était déclarée en défaut de paiement pour 100 milliards de dollars.

« A ce moment-là, on avait 57 % de taux de pauvreté, aujourd’hui 41 %. On avait une dette sur laquelle nous faisions défaut, aujourd’hui c’est un défaut de paiement virtuel », a-t-il répété. « L’idée d’un défaut virtuel que soulève Alberto Fernandez sert à faire comprendre aux créanciers qu’ils devront négocier une nouvelle restructuration (de la dette) avec l’Argentine. Il fait référence à la quasi-défaillance pour dramatiser la situation et montrer que Mauricio Macri lui a laissé un gros problème », a expliqué Claudio Loser, du Centennial Group, qui a son siège aux Etats-Unis.

Pour cet économiste argentin, « il y a eu un report de paiement pour la dette intérieure, qui est un défaut technique mais pas vraiment un défaut de paiement ». Selon un fonctionnaire du FMI, qui a requis l’anonymat, l’organisme financier est ouvert au dialogue avec Buenos Aires « quand cela conviendra le mieux » aux autorités argentines. Le président Fernandez a annoncé lundi qu’une mission du Fonds se rendrait dans son pays « dans les prochains jours ».

Vendredi, Buenos Aires avait différé au mois d’août le remboursement de neuf milliards de dollars de dettes libellées en dollars. Les agences de notation Standard and Poor’s et Fitch avaient alors abaissé la note attribuée à l’Argentine à « RD » («défaut sélectif »). Le « défaut sélectif » désigne la situation d’un emprunteur qui n’a pas honoré une certaine partie de ses obligations ou une émission spécifique, mais qui continue de payer ses autres types d’emprunts dans les temps. Il s’agit de l’avant-dernière note de l’échelle avant le défaut pur et simple («D »). En 2001, l’Argentine, incapable de faire face aux échéances de remboursement de sa dette, avait connu le plus important défaut de paiement de l’histoire et une grave crise économique et sociale qui avait traumatisé les Argentins.

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