Plus de 100 ponts dangereux sur les grands axes wallons
Il y a plus de 5 000 ponts en Wallonie, dont 2 000 gérés par la Sofico.
- Publié le 20-09-2019 à 06h40
- Mis à jour le 20-09-2019 à 06h41
Il y a plus de 5 000 ponts en Wallonie, dont 2 000 gérés par la Sofico. Quelques morceaux du ring de Charleroi s’écroulent et très vite reviennent en mémoire les images terribles du pont Morandi qui s’est écroulé en août 2018 à Gênes, en Italie. À l’époque, beaucoup s’inquiétaient d’un scénario similaire en Belgique et les rapports des différents gestionnaires des ponts wallons étaient mis en lumière. Il y a un an, on évoquait le nombre de 40 ponts classés dans le groupe A, c’est-à-dire des " ouvrages avec défauts très importants, dangereux, à réparer en priorité ". Des mots qui ont de quoi inquiéter, mais qui ne veulent pas dire cependant qu’un effondrement est possible.
Toujours est-il que des chantiers étaient prévus ou déjà en cours sur ces 40 sites. Et depuis lors ? Les choses avancent et la situation est toujours sous contrôle, selon la Sofico.
Le gestionnaire des autoroutes et principales nationales de Wallonie est responsable d’environ 2 000 ponts sur son réseau, dont le viaduc de Charleroi en cause ce jeudi matin. " Tous les ouvrages dont nous avons la gestion font l’objet d’un contrôle régulier selon le groupe dans lequel ils sont classés. Cela va d’un contrôle tous les trois ans à un tous les six mois pour les cas les plus urgents ", indique Héloïse Winandy, la porte-parole de la Sofico.
La classification des ponts va en fait de la lettre A, pour les plus urgents, à la lettre F, pour les ponts les plus sûrs. Du côté de la Sofico, on compte actuellement 11 ponts en catégorie A, pour une centaine en catégorie B. " Le viaduc de Charleroi fait, lui, partie de la catégorie B, poursuit Héloïse Winandy. Il faut savoir que la majorité des ponts que nous gérons ont été construits il y a une quarantaine d’années. Il est donc normal que des réparations soient nécessaires. Il faut aussi relativiser les chiffres puisque les 11 ponts en catégorie A font l’objet de travaux ou au moins d’une étude approfondie. Et si un danger d’effondrement existait, nous ne prendrions aucun risque. "
Ces chantiers font pour la plupart partie d’un plan global. Sur la période 2016-2019, l’ex-ministre des Infrastructures Carlo Di Antonio parlait il y a un an d’une enveloppe de 200 millions d’euros pour la réfection des ponts. " Pour la nouvelle législature, le plan Infrastructure 2019-2024 prévoit, lui, un budget de 100 millions d’euros destiné aux ouvrages d’art. Dans le cas du viaduc de Charleroi, il n’y a pas encore de budget prévu, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de travaux ", précise Héloïse Winandy.
Et quid des 3 000 autres ponts présents en Wallonie ? Pour les axes secondaires, c’est le SPW Infrastructures qui prend le relais, tout en suivant la même classification de A à F. Et pour éviter tout accident, surtout sur des petits ponts parfois oubliés, le Service public de Wallonie (SPW) a décidé de mettre en place un projet pilote intitulé "BDOA-Communes". " Il ne s’agit pas d’un programme informatique mais bien d’un site web accessible avec un simple identifiant et un mot de passe pour les autorités communales. Cette BDOA (base de données des ouvrages d’art, NdlR) permet, d’une part, d’établir et de répertorier le cadastre des 5 000 ouvrages du Service public de Wallonie (SPW), mais également d’en assurer la gestion au quotidien, par le biais notamment d’inspections, soit générales, dites de type A, soit plus détaillées, dites de type B ", indique le SPW.
12 600 ponts et tunnels sur le réseau ferroviaire
Avec une moyenne d’âge de pratiquement 90 ans, ils font l’objet de contrôles réguliers.
Quand on parle de ponts et de tunnels, il faut également compter ceux qui sont exploités par le réseau ferroviaire. En Belgique, on compte 12 600 ponts et tunnels gérés par Infrabel. Il y a donc un fameux travail de surveillance à réaliser, d’autant plus que leur moyenne d’âge atteint environ 90 ans (87 ans en 2015), le plus vieux culminant à 175 ans ! " Notre système de surveillance se base avant tout sur l’âge des ouvrages", indique Arnaud Reymann, le porte-parole d’Infrabel. "Pour un pont neuf, on ne repasse vérifier son état qu’après 8 ans, et puis tous les 4 ans. Un délai qui diminue au fil du temps, avec une vigilance particulière pour les plus anciens. "
Et pour cette tâche , des équipes sont à pied d’œuvre tout au long de l’année. " C’est leur seul travail, et des analyses sont menées par différents moyens. Les nouvelles technologies nous aident de plus en plus en termes de temps et de prévention. "
C’est souvent à la sortie de l’hiver que les problèmes apparaissent. " Comme pour les routes, les soucis surviennent quand de l’eau s’infiltre dans de micro-fissures et qu’une période de gel suit juste derrière. Cela créer des gonflements lors du dégel, explique M. Reymann. De plus, près de la moitié de nos ouvrages sont construits en brique, pour un cinquième en pierre et un tiers en béton. "
Des matériaux qui sont amenés à évoluer lors de travaux, notamment sur le réseau RER, où plusieurs ponts ont déjà été remplacés tandis que d’autres sont en attente.