Le burn-out des étudiants : près de la moitié d’entre eux frôlent la ligne rouge !
La seconde session débute très bientôt. Les révisions ont commencé. Mais attention au surmenage !
- Publié le 06-08-2019 à 06h56
- Mis à jour le 06-08-2019 à 09h55
La seconde session débute très bientôt. Les révisions ont commencé. Mais attention au surmenage ! Dossiers, examens écrits, examens oraux, mémoires : pour certains étudiants, l’été s’annonce intense et studieux. Comme le reste de l’année.
La seconde session débute très prochainement. À l’université de Namur et de Louvain par exemple, elle commence le vendredi 16 août. L’heure est donc aux révisions, mais attention à ne pas pousser ses limites trop loin.
Car les étudiants sont de plus en plus fatigués moralement et psychologiquement. Une étude de la revue European Psychiatry révèle que quatre étudiants sur dix frôlent le burn-out. Sur 17 431 étudiants interrogés, 44,2 % souffraient de burn-out, notamment en médecine.
Si l’étude n’indique pas de statistiques sur la Belgique, les étudiants belges sont évidemment aussi concernés. Les universités du pays s’emparent du sujet. Objectif : veiller au bien-être des étudiants.
C’est le cas de l’Université de Liège. "Il y a eu une vraie conscientisation de l’université sur ce sujet", reconnaît Dominique Duchateau, responsable du Service qualité de vie des étudiants à l’Université de Liège.
Depuis quelques années, l’établissement a d’ailleurs mis en place plusieurs dispositifs afin de mettre leurs étudiants dans les meilleures dispositions possible. "Chaque année, une enquête sur la qualité de vie des étudiants est menée. Depuis six ans, nous avons ajouté un item sur la charge de travail en fonction du nombre de crédits du cours."
En effet, certains étudiants se sont plaints d’avoir trop de travail dans des matières où le nombre de crédits est faible. La pression est alors plus grande.
Pour gérer au mieux cette pression, l’Université de Liège a mis une psychologue à disposition des étudiants. "C’est un service à part entière, comme n’importe quel autre dans l’établissement, explique Dominique Duchateau . Les rendez-vous sont rapides. Le but est d’apporter un soutien aux étudiants. Toutes les facultés sont au courant de sa présence."
Les étudiants peuvent eux-mêmes se rendre auprès de la psychologue. Les professeurs peuvent lui signaler une chute de résultat, la baisse de confiance d’une étudiante ou d’un étudiant.
À l’Université de Liège, les certificats médicaux ne mentionnent pas la raison pour laquelle un étudiant est absent. Impossible donc d’obtenir des statistiques sur d’éventuels burn-out étudiants au sein de l’établissement.
Mais Dominique Duchateau remarque "une capacité moins importante de concentration chez les jeunes". Elle se souvient de cette jeune femme en études vétérinaires : elle avait plus de difficultés à réaliser des travaux pratiques aux côtés des animaux alors que cette partie de la formation est censée être la plus plaisante et la plus simple.
Si des étudiants frôlent le burn-out, certaines professions n’y échappent pas. Michel Libert, médecin coordinateur de la Clinique du stress et du burn-out et coach au Chirec à Bruxelles reçoit de plus en plus d’enseignants, des professionnels du milieu bancaire, mais aussi des responsables en ressources humaines en consultation. "Des enseignants sont démunis. Ils manquent de moyens, ils se demandent à quoi ça rime de continuer dans ce métier. Pour celles et ceux travaillant dans les ressources humaines, ils supportent mal de mettre des gens à la porte. Cela ne leur correspond pas. Le constat est le même dans la banque."
En Belgique, 130 000 travailleurs salariés et 5 600 indépendants sont confrontés à des affections mentales pendant plus d’une année. Au mois d’avril dernier, la ministre des Affaires sociales et de la Santé Maggie de Block avait lancé une nouvelle campagne de prévention pour aider à détecter le burn-out. Parmi les outils, le site stressburnout.belgique.be qui recense conseils et témoignages.
Toutefois, il n’existe pas de diagnostic officiel pour le burn-out.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère pour sa part le burn-out comme un "phénomène lié au travail" et non pas comme une maladie, avait rapporté un porte-parole de l’organisme au mois de mai dernier.
"Les étudiants sont de plus en plus sollicités"
Michel Libert est le médecin coordinateur de la Clinique du stress et du burn-out à Bruxelles.
En plus d’être médecin coordinateur, Michel Libert est coach au Chirec. En consultation, il reçoit des étudiants épuisés ou en perte de repères.
Pourquoi nos jeunes frôlent-ils le burn-out ?
"Ils sont de plus en plus sollicités. Leur esprit n’est jamais au repos. Ils sont constamment près d’un smartphone, d’un ordinateur à toucher, regarder quelque chose. À cela s’ajoute une pression de plus en plus grande. Pour beaucoup d’entre eux, études = stress. Ils se sentent avec de lourdes responsabilités. Certains ont aussi des problèmes familiaux, des soucis d’argent. Pour les cours, ils peuvent se mettre dans un vrai esprit de compétition, notamment en médecine où la concurrence est accrue."
Quels sont les signes du burn-out ?
"Il y d’abord, des signes physiques avec de la fatigue, des troubles du sommeil, des crampes d’estomac, des nausées, des battements de cœur qui s’accélèrent. Des signes cognitifs doivent aussi alarmer, à commencer par des troubles de la mémoire et de la concentration. Avec le burn-out, des actions d’ordinaire simples deviennent plus problématiques. Enfin, l’anxiété est un autre symptôme du burn-out. Elle se traduit par une plus grande impulsivité, une irritabilité envers ses proches, mais aussi des problèmes pour s’endormir. Quand ces signes deviennent persistants, il faut être préventif et ne pas hésiter à aller consulter un professionnel de la santé, comme un psychologue."
Le burn-out et la dépression, c’est la même chose ?
"Non, il est important de différencier les deux termes. Le burn-out est une crise par rapport à ses valeurs. Il y a une perte de sens, un manque de reconnaissance, une culpabilité sur ce que je fais. La personne en burn-out peut se demander si elle est sur le bon chemin ? La dépression, quant à elle, est une maladie chronique. La personne dépressive ne veut plus rien. Elle n’éprouve plus aucun plaisir, mais beaucoup de tristesse."
Quels conseils prodiguez-vous à un étudiant qui frôle le burn-out ou qui se trouve dans une situation de grande fatigue ?
"Les jeunes ne doivent pas avoir peur d’accepter l’échec. Ce dernier a également des vertus. Cela est caractéristique des sociétés latines et catholiques où l’on peut vite avoir honte et culpabiliser. À l’inverse, dans le monde anglo-saxon, les personnes n’ont pas peur de se relever pour ensuite réussir."