Des substances radioactives dans les corbeilles publiques bruxelloises

Trois corbeilles publiques collectées la semaine passée à Bruxelles contenaient des substances radioactives, à faible dose. L’une d’entre elles dépassait le seuil d’alerte.

Photos Bernard Demoulin : Poubelles sur le boulvard du Souverain
Photos Bernard Demoulin : Poubelles sur le boulvard du Souverain © Bernard Demoulin

Trois corbeilles publiques collectées la semaine passée à Bruxelles contenaient des substances radioactives, à faible dose. L’une d’entre elles dépassait le seuil d’alerte. Lundi 8 juin dernier, une équipe d’éboueurs de l’agence Bruxelles-Propreté (ABP) revient d’une collecte de corbeilles publiques à l’incinérateur de Neder-over-Heembeek. Le portique de détection de substances radioactives bipe lors du passage du camion-poubelles. La procédure d’urgence est enclenchée.

Le taux de radioactivité détecté dans deux poubelles distinctes atteignait 6 microsieverts, soit largement sous le seuil d’alerte fixé à 20 microsieverts.

Quatre jours plus tard, jeudi dernier donc, le portique sonne l’alerte une seconde fois. Ici, le taux de radioactivité mesuré atteint 26 microsieverts. Soit au-dessus du seuil d’alerte. D’après nos informations, non confirmées par l’ABP, ces sacs-poubelle radioactifs proviendraient de collectes effectuées du côté du boulevard du Souverain et de l’avenue Franklin Roosevelt.

La procédure d’alerte a été immédiatement enclenchée. "Elle prévoit d’isoler les déchets contaminés et de contrôler l’équipe afin de s’assurer de leur état de santé", commente le porte-parole de l’ABP Étienne Cornesse. "Dans ces situations, le principe de précaution prévaut. Les procédures sont faites pour minimiser les risques."

Une fois changés et après avoir pris une douche, les deux ouvriers - le convoyeur et le conducteur du camion - ne présentaient pas de taux de radioactivité. Leurs vêtements ont été jetés selon la procédure. Les deux ouvriers ont ensuite suivi un contrôle complémentaire à l’hôpital militaire de Neder-over-Heembeek. "Ils ne sont pas contaminés", rassure Étienne Cornesse. "Ils subiront des visites médicales ces prochaines semaines afin de s’assurer que leur santé n’a pas été mise en danger."

Les deux premiers sacs de déchets contaminés (6 microsieverts) ont été incinérés. Cette situation se présente entre trois et quatre fois par semaine. Le troisième sac de déchets, dont le taux de radioactivité atteignait 26 microsieverts, a quant à lui été placé en quarantaine dans un réfrigérateur par le personnel de Bruxelles-Energie. Il y restera pendant un mois minimum. "Lorsque le taux de radioactivité passe au-dessous de 20 microsieverts, les déchets peuvent être incinérés. Les déchets isolés jeudi passé le sont donc pour un délai d’un mois", poursuit le porte-parole de l’ABP. "Cette situation se produit entre deux et trois fois chaque mois."

Selon le conseiller en prévention et sécurité de Bruxelles-Energie (l’incinérateur de NOH), ces produits contenant une faible radioactivité proviennent essentiellement de déchets médicaux. La plupart du temps, il s’agit de langes de personnes ayant subi une chimiothérapie ou des rayons X. Les doses sont très faibles, ce qui permet de les incinérer une fois le taux de radioactivité redescendu. Jamais encore, l’incinérateur régional n’a dû enclencher de procédure d’isolement des personnes, etc.

"Si le taux de radioactivité ne descend pas, l’Agence fédérale pour le contrôle nucléaire (AFCN) est prévenue et prend le colis radioactif en charge. Par ailleurs, une à deux fois par an, le taux de radioactivité est à ce point élevé que la procédure prévoit de faire appel à l’Agence fédérale pour le contrôle nucléaire (AFCN) qui prend en charge l’évacuation et le traitement des déchets contaminés."

L'ABP déplore l'irresponsabilité des habitants

Les éboueurs de l’ABP sont souvent confrontés à des substances dangereuses et objets contondants, tranchants. Les 9 et 15 juin 2017, deux éboueurs avaient été brûlés à l’acide lors de leur collecte. Ils avaient dû subir une greffe de peau, l’un d’entre eux avait perdu l’usage d’un pouce. Un premier ouvrier a été blessé le 9 juin dernier en ramassant des cartons dans le centre de Bruxelles. Il a reçu de l’acide de type déboucheur de tuyauterie sur son équipement de protection mais ne s’en est pas rendu compte de suite. Il a eu la jambe brûlée au troisième degré. Le deuxième incident s’est produit le 15 juin dernier, toujours dans le centre-ville. L’ouvrier blessé a été brûlé à la main, également au troisième degré.

Voici quelques mois, des cartouches de fusils ont été apportées dans un recyparc. Le parc avait dû être évacué, un périmètre de sécurité avait été mis en place le temps que le service de déminage de la police fédérale fasse son office. "Le comportement de certains habitants est totalement irresponsable", dénonce Étienne Cornesse. "Il est aussi plus que particulier de trouver des déchets radioactifs dans des corbeilles publiques. Il est totalement irresponsable d’exposer des gens qui ne font déjà pas un métier facile à des déchets aussi dangereux. Si nos hommes avaient été exposés et contaminés, cela serait devenu très grave !"

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