Grève chez Amazon : "rareté dans une histoire syndicale"
- Publié le 16-07-2019 à 08h03
- Mis à jour le 17-07-2019 à 12h05
Le mouvement de colère entamé, hier, au sein d'Amazon, n'a pas fini de faire réagir. Entamé aux Etats-Unis et en Allemagne, la grève qui concerne des milliers de salariés s'est propagée un peu partout en Europe en pleine journée de super promotions de l'enseigne de vente en ligne, le "Prime Day". Une journée qualifiée, par certains acheteurs, de "Black Friday d'Amazon. L'occasion pour des milliers de salariés d'organiser un mouvement de contestation coordonnée en Europe et aux Etats-Unis. Objectif : réclamer une amélioration de leurs conditions de travail à l'occasion des journées de super-promotions "Prime Day".
Aux Etats-Unis, les salariés d'un entrepôt d'Amazon dans le Minnesota ont débrayé, bloquant brièvement quelques camions et agitant des banderoles proclamant "Nous sommes des humains, pas des robots." "Nous créons beaucoup de richesse pour Amazon, mais ils ne nous traitent pas avec le respect et la dignité que nous méritons", a expliqué l'un des grévistes.
En Allemagne, la grève contre "les promos sur le dos des salaires" a mobilisé "plus de 2.000" salariés sur sept sites, selon Orhan Akman, du syndicat Verdi, le premier syndicat allemand du secteur tertiaire. "Amazon offre ces rabais aux clients aux dépens des salaires de ses propres employés et en fuyant les négociations collectives", déplore le syndicat allemand Verdi.
Même son de cloche en Grande-Bretagne où les représentants des employés évoquent "une rareté dans l'histoire syndicale". "Nous avons reçu des informations horrifiantes sur des employés obligés d'uriner dans des bouteilles en plastique faute de pouvoir aller aux toilettes ou sur des femmes enceintes forcées de rester debout et certaines visées par des licenciements", a écrit dans un communiqué le syndicat britannique GMB.
En Pologne, où le conflit social s'est également particulièrement enlisé ces derniers mois, Amazon a annoncé lundi la création de 1.000 postes supplémentaires au sein de ses entrepôts et une augmentation du salaire horaire brut pour les nouvelles recrues de 20 zlotys, soit de 4,68 euros.
En France, la mobilisation concerne le site de Lauwin-Planque, dans le nord, avec une faible mobilisation des 2.500 salariés, selon la direction. En signe de solidarité, des rassemblements d'employés étaient aussi prévus à Madrid, en Espagne.
Depuis 2013, les syndicats européens d'Amazon, qui ont peiné à se faire reconnaître par la direction, se mobilisent régulièrement, de préférence à l'occasion des journées cruciales en termes de ventes comme les Prime Days et le Black Friday.
En 2018, la colère s'est renforcée : une cinquantaine de grèves ont été organisées par différents syndicats en Europe, une rareté dans l'histoire syndicale récente, si l'on exclut le secteur du transport aérien. En avril, les représentants syndicaux d'Amazon en provenance de 15 pays s'étaient retrouvés pour la première fois à Berlin pour coordonner leur lutte face au géant américain, décrié sur le plan social à travers le monde.
Outre les cadences jugées trop rapides, la surveillance des employés à travers des méthodes contestées de "tracking" (contrôle du temps de travail et des performances) ou la suppression des pauses, les employés d'Amazon Logistics déplorent leurs salaires trop faibles et réclament des conventions collectives ou un dialogue social plus apaisé.