Vent de folie sur le Tarn
Pinot, Fuglsang, Uran et Porte ont été piégés par un coup de bordure.
- Publié le 16-07-2019 à 06h37
- Mis à jour le 16-07-2019 à 09h07
Pinot, Fuglsang, Uran et Porte ont été piégés par un coup de bordure. Si les lois de la Grande Boucle ne sont pas écrites dans le marbre, certaines de ses vérités peuvent toutefois être érigées en commandements. Mardi, certains prétendants au podium final des Champs-Élysées ont ainsi pu vérifier que si le Tour ne se remporte pas lors de la première semaine, il peut en revanche s’y perdre.
Grand gagnant des neuf premières journées de course, lors desquelles il avait impressionné tant sur La Planche des Belles Filles que dans la côte de la Jaillière, qu’il avait utilisée comme un tremplin vers Saint-Étienne, Thibaut Pinot est passé en un peu plus d’une trentaine de kilomètres du statut de principal à celui de perdant. La faute à un coup de bordure initié conjointement, à un peu plus de 30 kilomètres de l’arrivée à Albi, par les Deceuninck-Quick Step du maillot jaune Alaphilippe et les Ineos de Thomas et Bernal.
Sur les plateaux découverts du Tarn, les deux équipes ont exploité à merveille un vent soufflant par rafales et un parcours tortueux dans sa finale.
"Notre manœuvre n’était pas réellement préméditée , assurait Alaphilippe. Au regard des conditions météorologiques, je pense que tous les directeurs sportifs ont demandé à leurs coureurs d’être attentifs lundi matin. Tout le monde savait quels endroits pouvaient se révéler piégeux. Cela a donc été très nerveux durant la journée car l’ensemble du peloton voulait être à l’avant, ce qui n’est évidemment pas possible… (rires) Nous n’avons jamais relâché notre vigilance car nous souhaitions protéger tant mon maillot jaune que les chances de succès d’étape d’Elia (Viviani). La mauvaise journée de Thibaut (Pinot) , ça ne me fait pas plaisir, j’étais content lorsqu’on a grappillé du temps ensemble samedi. Je savais que j’avais l’équipe autour de moi : à partir de ce moment-là, l’accélération s’est produite. Je n’ai su qu’après 5 ou 10 bornes qu’il était dans le groupe derrière. Quelques kilomètres avant, il était devant avec ses coéquipiers, il savait qu’il y avait des risques. Quand le bon coup est parti, nous, nous étions prêts… "
Jakob Fuglsang, Richie Porte, Rigoberto Uran et donc Pinot, un peu moins. La voix tremblante à l’arrivée, le leader de chez Groupama-FDJ semblait avoir envie de balancer son vélo dans les barrières. "Que dire ? " pestait-il désabusé. "C’est juste une vraie journée de merde." En abandonnant 1:40 au premier peloton des favoris dans lequel avaient pu prendre place une quarantaine de coureurs, les grands battus du jour ont tous reculé au général de plusieurs rangs.
"Parvenir à gagner plus d’une minute et demie sur certains rivaux par le fait d’une erreur de positionnement dans leur chef, c’est évidemment une excellente opération et un écart important sur une étape que l’on ne pensait pas déterminante pour le classement général" , commentait ainsi Geraint Thomas, le dernier vainqueur du Tour, désormais remonté au deuxième rang, à 1:12 d’Alaphilippe. "N ous avions tenté une bordure un peu plus tôt dans la journée, mais les conditions n’étaient pas totalement réunies pour mener l’opération à bien. Nous sommes restés aux aguets et, lorsque les Deceuninck-Quick Step et EF Education First ont relancé une manœuvre, nous avons alors immédiatement embrayé."
Un bilan comptable que son directeur sportif, Nicolas Portal, qualifiait de "gros bonus et gros cadeau" en soulignant également l’impact mental que pourrait avoir cette journée.