Le jour où le shah d’Iran partit en exil
Chassé par la révolution islamiste, le souverain mourut en Égypte un an plus tard.
- Publié le 20-01-2019 à 12h21
- Mis à jour le 20-01-2019 à 12h22
Chassé par la révolution islamiste, le souverain mourut en Égypte un an plus tard. Octobre 1971. Pendant cinq jours, plus de 60 chefs d’Etat et représentants de monarchies assistent aux fastes déployés pour célébrer les 2 500 ans de la monarchie iranienne à Persépolis. L’empereur d’Éthiopie, le roi Hussein de Jordanie, le roi Baudouin et la reine Fabiola, le grand-duc et la grande-duchesse de Luxembourg, le prince Rainier et la princesse Grace de Monaco, la princesse Anne d’Angleterre,… Tous sont présents.
Le Shah d’Iran sur le trône depuis 1941 et sa troisième épouse Farah ont veillé aux moindres détails pour présenter au monde un Iran résolument tourné vers le futur et la modernité. Lors d’un des dîners donnés par le couple impérial iranien, on note au menu des œufs de caille aux perles de Bandar Palhavi, une mousse de queues d’écrevisses sauce Nantua accompagnée d’un Château Haut Biron 1964, puis une selle d’agneau des grands plateaux farcie et rôtie dans son jus avec un Château Lafitte Rothschild 1945 au magnum ou encore un paon à l’impériale avec un Musigny comte de Voguë 1945 en magnum. Du grand raffinement.
Sept ans plus tard, la famille impériale est contrainte à l’exil. Reza Pahlavi avait réussi à cristalliser sur sa personne le mécontentement des différentes franges de la population. Le 16 janvier 1979, le shah déjà très malade (il souffre de la maladie de Waldenström, forme de cancer du sang) quitte Téhéran en compagnie de son épouse. Officiellement, il se rend en visite en Égypte.
Débute alors une longue errance entre le Maroc, les Bahamas, le Panama, les États-Unis puis à nouveau l’Égypte. Les chancelleries ne sont pas disposées à accueillir cet encombrant hôte et à garantir sa sécurité, ni même à se fâcher avec le nouveau régime qui est en train de se mettre en place en Iran.
De tous les chefs d’Etat qui avaient été reçus à Persépolis, seuls trois se montrèrent prêts à défendre la cause d’un accueil humanitaire du shah qui devait être à nouveau opéré : le roi Hassan II du Maroc, le prince Rainier de Monaco et le roi Baudouin.
Finalement, c’est le président Anouar El Sadate qui accueillit la famille impériale au Caire où le shah est décédé (et est inhumé) en 1980 à l’âge de 60 ans. Sa veuve l’impératrice Farah aujourd’hui âgée de 80 ans, a continué à garder le contact avec la diaspora et avec la population restée en Iran. À quelques reprises, un faible espoir a surgi de voir le régime des ayatollahs s’effondrer et la possibilité d’un retour.
Deux des enfants du couple Ali Reza et Leila ont mis fin à leurs jours, souffrant de graves dépressions.
Le départ en exil d’un souverain à la tête d’une dynastie doublement millénaire, qui avait été reçu et avait reçu les grands de ce monde, il y a 40 ans est surtout le parfait exemple que lorsque le vent tourne, on se retrouve souvent bien seul.