Belgique

"Les médecins contre la vaccination, sont des criminels", clame Arnaud Bruyneel, infirmier et doctorant en santé publique

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Par Hugues Angot

Masque obligatoire dès l’âge de six ans, interdiction des évènements en intérieur de plus de 200 personnes, ou encore fermeture des établissements scolaires dès le 20 décembre, voici les principales mesures prises lors du dernier comité de concertation. Alors ces mesures sont-elles pertinentes ? Vont-elles permettre d’infléchir les courbes de contamination et d’admission en soins intensifs ? QR l’actu fait le point avec Charlotte Martin, infectiologue au CHU Saint-Pierre, et Arnaud Bruyneel, infirmier et doctorant à l’école de santé publique de l’ULB.

Codeco, désespérant ?

Pour Charlotte Martin, le dernier Codeco était très attendu et au final, elle a été déçue voire désespérée. "Cela faisait des semaines que nous attendions des mesures et qu’on ne les voyait pas arriver. Donc pour nous c’était un peu le Codeco de la dernière chance. Et puis rien n’est arrivé puisque fermer les écoles dans quelques semaines, ça n’aura de l’effet que dans 5 voire 6 semaines or c’était il y a plusieurs semaines qu’il fallait prendre des mesures. Les gens ne se rendent pas compte mais nous avons des patients non-covid qui ont subi un accident ou ont des problèmes cardiaques et nous ne pouvons pas les prendre en charge correctement".

De son côté, Arnaud Bruyneel parle d’un Codeco qui manque de cohérence et de clarté. "La situation dans les hôpitaux est vraiment très compliquée et les soignants auraient souhaité des mesures plus fortes". Les mesures prises dans le milieu scolaires peuvent théoriquement servir même s’il est difficile de quantifier leurs effets au niveau épidémiologique. Le doctorant en santé publique regrette certainement que ces décisions arrivent bien trop tard.

Masque à l’école

Si le port du masque ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique, il ne faut pas aller jusqu’à le juger dangereux. Arnaud Bruyneel précise d’ailleurs à ce sujet que le masque n’étouffe pas les enfants. "Cette décision d’obligation du port du masque pour les plus jeunes doit s’accompagner par de la pédagogie des parents et des enseignants en rappelant que c’est aussi pour éviter les fermetures de classes et d’écoles".


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Charlotte Martin rappelle pour sa part que le masque a largement montré son efficacité pour contrer la propagation du virus. "Il ne faut pas diaboliser le port du masque chez les enfants. Pendant des mois, ce port du masque pour les enfants a été un tabou et je le comprends parce qu’on voulait éviter de faire subir trop de mesures aux plus jeunes. Mais ce masque ne va clairement pas les traumatiser. Tout dépendra de l’adhésion des parents à la mesure".

Culture bafouée ?

Des jauges de maximum 200 personnes pour la culture et pas de masque dans les stades de football, ces mesures sont totalement incohérentes pour Arnaud Bruyneel. L’infectiologue estime pour sa part qu’il fallait assumer d’imposer un masque beaucoup plus tôt : "Quand on a compris que le vaccin n’était pas aussi efficace qu’espéré en termes de transmission du virus, il aurait fallu imposer le masque rapidement. Malheureusement, on se retrouve à imposer des jauges toxiques pour le monde de la culture alors qu’elle en a déjà pas mal bavé."

Manque de débat scientifique

Lorsqu’on évoque certains médecins qui sont contre la vaccination, Arnaud Bruyneel voit rouge. "Ce sont des criminels ! La semaine dernière, tous les patients qui ont été admis dans mon unité de soins intensifs, ce sont des non-vaccinés. Ces médecins ne sont pas sur le terrain et ne regardent pas les chiffres publiés par Sciensano. Permettre à ces personnes de s’exprimer dans les médias serait dangereux car cela renforcerait le mouvement antivax".

De son côté Charlotte Martin est pour le débat scientifique mais pas avec n’importe qui: "Je suis ravi de débattre avec des personnes qui connaissent réellement le sujet mais pas avec des médecins qui pensent qu’ils savent. Moi comme infectiologue, je ne fais pas de grands discours sur la médecine générale ou la cancérologie. Beaucoup de personnes s’estiment expert parce que tout le monde a 'lu' sur le sujet. Et tout cela est particulièrement toxique en termes d’information. On a besoin d’informations claires, cohérentes, et tout ceci n’aide certainement pas".

 

 

 

 

 

 

 

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