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Plus de 10.000 personnes, dont de nombreux jeunes, réunis pour le premier meeting du candidat d’extrême droite Eric Zemmour

Présidentielle 2022 : premier meeting d'Eric Zemmour

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Par Anthony Roberfroid et Quentin Warlop avec Agences

Agitant des drapeaux français, criant "Zemmour président !", des milliers de personnes se sont rassemblées dimanche en région parisienne pour le premier meeting du nouveau candidat d’extrême droite à la présidentielle, Eric Zemmour.

L’ambiance s’électrisait au fur et à mesure de l’attente de l’arrivée du candidat, devant 13.000 personnes réunies, selon les organisateurs, dans l’immense hall du Parc des Expositions de Villepinte, dans le nord de Paris où 15.000 partisans étaient espérés.

Quelques minutes avant le discours du candidat, toutes les chaises des quelque 12.000 installées dans l’immense hall n’étaient pas occupées, a constaté l’AFP. Le public était donc bien présent malgré l'appel aux fausses réservations sur les réseaux sociaux.

D’après les observations de notre journaliste sur place, un grand nombre de jeunes de la génération Z étaient présents dans le public. Des drapeaux français ont été distribués et de nombreux objets, tels que des t-shirts et casquette à l’effigie de la campagne du candidat, ont été mis en vente par le service marketing du candidat.

Un clip d’une vingtaine de minutes retraçant les derniers mois de la tournée littéraire d’Eric Zemmour et de ses principales déclarations était projeté avant son arrivée.


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Eric Zemmour, ancien polémiste et éditorialiste télévisuel de 63 ans, s’est jeté dans la course à la présidentielle après des mois de faux suspense, affirmant vouloir "sauver la France" et ses valeurs menacées selon lui par l’immigration et l’islam.

L’homme, condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, a présenté son programme ainsi que le nom de son nouveau parti : "Reconquête !".

© AFP – Julien De Rosa

"Vous êtes 15.000 aujourd'hui! 15.000 Français qui ont bravé le politiquement correct, les menaces de l'extrême gauche et la haine des médias", a lancé l'ancien polémiste à ses partisans surexcités, qui brandissaient des drapeaux français et hurlaient "Zemmour président!".

"L'enjeu est immense, si je gagne, ce sera le début de la reconquête du plus beau pays du monde", a promis le candidat, qui bâti tout son discours depuis des mois sur le rejet de l'immigration et de l'islam, menaçant selon lui "un peuple français qui est là depuis 1.000 ans et qui veut rester maître chez lui".

"On est chez nous! On est chez nous!", a scandé la foule.

"Vous avez entendu dire que j'étais un fasciste, un raciste, un misogyne", a lancé Eric Zemmour, avant de se présenter comme une personnalité poursuivie par une "meute de politiques, de journalistes et de jihadistes".

Le candidat a fait, avec plus d'une heure de retard, une entrée triomphale au son d'une musique aux accents grandiloquents.

"Amour de la France"

Emmitouflée dans un manteau de fourrure, Maria, comptable à la retraite qui vit en région parisienne, explique avec un accent polonais chantant qu’elle soutient Zemmour pour lutter contre le "Grand remplacement", théorie selon laquelle des populations africaines et musulmanes vont remplacer les peuples européens.

"Dans ma rue, on ne parle que l’arabe. Il faut sauvegarder nos traditions, ne pas être submergés par la culture musulmane", dit cette Polonaise arrivée en France à 20 ans, "Française par mariage", "réfugiée d’un pays communiste", et qui s’est "intégrée sans rien réclamer".


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"Il a un amour de la France que je ne ressens pas chez d’autres candidats", affirme pour sa part François, directeur financier dans une start-up. "Il a des convictions fortes et n’est pas formaté", ajoute-t-il, "pas le moins du monde choqué" par les condamnations en justice de M. Zemmour pour provocation à la haine raciale et religieuse.

© Redouane El Baroudi

Le meeting de Villepinte se tient cinq jours après une annonce de candidature tumultueuse de l’ancien polémiste, dont le slogan officiel dévoilé samedi est : "Impossible n’est pas français", expression attribuée à Napoléon.


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M. Zemmour entend faire une démonstration de force pour prouver qu’il a effectué sa "mue" d’ancien pamphlétaire télévisé en candidat crédible, susceptible de défier le président sortant Emmanuel Macron et de capter les voix de la droite, emmenée par Valérie Pécresse, et de l’extrême droite de Marine Le Pen.

© Radouane El Baroudi

2200 personnes manifestent contre le candidat

Initialement prévu dans une salle parisienne, le rassemblement a été déplacé à Villepinte en raison de "l’engouement" mais aussi pour des raisons de sécurité, une manifestation d’antifascistes ayant été prévue dans Paris.

Quelque 2200 manifestants, selon la préfecture de police, ont défilé dans les rues de Paris dimanche pour dénoncer la candidature à l’élection présidentielle et le discours à leurs yeux "raciste" du polémiste d’extrême droite Eric Zemmour, à l’appel d’une cinquantaine de syndicats, partis et associations.

Le poing levé et au cri de "Zemmour casse-toi, Paris n’est pas à toi", les manifestants se sont réunis dans le quartier de Barbès et pris la direction du parc de la Villette, où l’ancien journaliste devait initialement tenir sa première grande réunion publique.

"Zemmour a fui Paris", s’est réjoui auprès de l’AFP Simon Duteil, porte-parole de l’union syndicale Solidaires, "c’est important de montrer qu’on ne laisse pas faire le fascisme qui avance".


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"Les idées d’extrême droite sont banalisées. Nous, on porte des idées humanistes", a estimé Jean-Luc Hacquart, un responsable de la CGT pour l’Ile-de-France. "On s’engage contre les discours racistes […] Paris n’appartient pas à ces idées-là", a renchéri Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde.

Le cortège a terminé son parcours dans le calme à la Porte de la Villette. La manifestation, qui était considérée comme "à risque" par les autorités, a rassemblé 2200, selon la préfecture de police, près de 10.000 selon les organisateurs.

La police a procédé à deux interpellations.

D’autres militants hostiles au candidat d’extrême droite se sont regroupés à Villepinte, où 46 personnes, qui se trouvaient dans une zone interdite aux manifestations ont été interpellées, selon la préfecture de police.

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Au sein du meeting, des échauffourées ont également éclaté entre des 12 militants de "SOS racisme", venus manifester avec des t-shirts indiquant "Non au racisme", et des membres du public.

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Le rassemblement de Villepinte est scruté avec attention, au vu du parcours étonnant et controversé d’Eric Zemmour, qui a fait une percée fulgurante dans les sondages depuis la rentrée.

Certains le qualifiaient même au second tour devant Marine Le Pen. Mais son étoile a semblé pâlir ces dernières semaines, et de dérapages en provocations, le candidat a perdu des soutiens et des points dans les intentions de vote.

Pour le soutenir sont présents au meeting les responsables de deux petits partis identitaire et de la droite catholique traditionnelle ralliés à M. Zemmour.

La réunion de Villepinte a lieu au lendemain de la désignation de la candidate de la droite républicaine (LR), Valérie Pécresse, présidente de la région parisienne qui s’est imposée devant le très droitier Eric Ciotti, parfois proche des thèses de M. Zemmour.

Une équipe de Quotidien huée et mise brièvement "à l’abri"

Une équipe de l’émission Quotidien (TMC – TF1) a été huée par la foule durant le meeting d’Eric Zemmour, ont constaté des journalistes de l’AFP, et mise brièvement "à l’abri par sécurité", selon l’équipe du candidat d’extrême droite à la présidentielle.

Alors que cette équipe interrogeait des participants, elle a été prise à partie, d’abord par un groupe de jeunes, puis par une foule de plus en plus importante. "Et tout le monde déteste Quotidien", ont crié de nombreux participants au premier meeting de campagne d’Eric Zemmour, organisé au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis).

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"Bande de vendus", pouvait-on aussi entendre dans les travées. La sécurité est rapidement intervenue pour exfiltrer l’équipe.

"La sécurité les a mis à l’abri, eux n’ont pas été tapés. La sécurité a surréagi. Ils sont revenus. Il n’y a eu aucune violence", a assuré l’équipe de communication du candidat.

L’une des journalistes qui a été évacuée était bien de retour dans la salle une demi-heure après l’incident, ont pu constater des journalistes de l’AFP.

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