Qui sont les organisateurs de la Marche pour la liberté de ce dimanche ?

Des manifestants paradaient dans les rues de Bruxelles le 21 novembre pour manifester leur mécontentement contre les mesures covid-19.

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Par Aubry Touriel

Une manifestation contre les mesures covid se tiendra dimanche à Bruxelles. Baptisé "Marche pour la Liberté Acte 2", ce nouveau rassemblement entend capitaliser sur le succès de la première "Marche Nationale" du 21 novembre dernier. Qui sont les organisateurs de cette manifestation ? Comment comptent-ils éviter de nouvelles émeutes ? Les groupes d’extrême droite seront-ils aussi présents pour la deuxième édition ?

35.000 selon la police. Plus de 70.000 selon les organisateurs. Peu importent les chiffres exacts, les citoyens à l’initiative du mouvement ont réussi à rassembler des dizaines de milliers de manifestants sans couverture des médias traditionnels, comme on peut le voir sur les images ci-dessus.

Officiellement, les participants avaient deux points en commun : ils rejettent les principes du Covid Safe Ticket et la vaccination obligatoire. Dans les faits, il y avait une grande diversité de points de vue : si certains chantent "Liberté, liberté", d’autres se disent ouvertement opposés à l’obligation vaccinale pour le personnel soignant. D’autres encore sont vaccinés mais contraires à l’utilisation du pass. Certains sont à la fois contraires au vaccin et au pass sanitaire.

Nous ne sommes pas entendus

"Nous nous rendons compte que nous n’avons pas été entendus". Sarkis Simonjan, le fondateur de Belgium United for Freedom, un groupe sur Facebook qui rassemble plus de 10.000 membres, explique pourquoi il a décidé d’organiser une deuxième marche pour les libertés : "Toutes les manifestations qui ont été organisées à ce jour n’ont pas abouti à leurs fins. La colère s’est installée parmi les citoyens".

Il souligne également le caractère apolitique de cette manifestation : "Peu importe le fait que j’ai introduit la demande en tant qu’organisateur, toute personne présente aujourd'hui vient en tant que citoyen et non en tant qu’organisation ou parti politique".

Qui a organisé la précédente manifestation ?

La première manifestation a été organisée par Ezra Armakye, le fondateur du mouvement citoyen Vecht voor Vrijheid (Lutte pour la liberté). Il est l’un des modérateurs du groupe Facebook "Protest tegen de corona maatregelen – Protester contre les mesures corona" de près de 10.000 membres.

A ses côtés à la modération du groupe, on retrouve Sarah Melis. À la manifestation, elle portait un pull à l’effigie de Feniks Vlaanderen, un nouveau groupe se composant de plusieurs membres du mouvement radical Schild & Vrienden de Dries Van Langenhove. Elle expliquera dans la presse flamande qu’elle n’est pas membre de Feniks, mais qu’on lui a prêté le pull car il pleuvait.

Selon le quotidien de Morgen, le troisième modérateur "Stephan Vanberingen" est en réalité un pseudonyme. Il s’agirait de Sacha Vliegen, le fondateur du groupe Feniks et ancien membre du groupe étudiant flamingant NSV.

À côté de Vecht voor Vrijheid et Feniks, une trentaine de mouvements (généralement des groupes sur les réseaux sociaux) ont relayé le message. Ils apparaissent sur cette image qui a circulé sur les réseaux sociaux :

© Appel à la manifestation du 21 novembre partagée sur les réseaux sociaux

Groupes libertaires, complotistes, antivax… Les objectifs visés par les co-organisateurs sont divers. Un des groupes les plus connus est Viruswaanzin, dont le porte-parole est l’avocat gantois Michael Verstraeten. Cet été, l’asbl a demandé en justice l’abolition de la plupart des mesures corona.

Liens avec l’extrême droite

D’écolos bobos aux antivax, le public était très divers le 21 novembre. Dans la foule, on voyait aussi de nombreux drapeaux flamingants. Même si les organisateurs affirment que la manifestation était apolitique, certains représentants d’extrême droite étaient présents à la manifestation, dont Dries Van Langenhove, fondateur de Schild & Vrienden et député fédéral pour le Vlaams Belang.

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D’autres figures emblématiques des mouvements radicaux de l’extrême droite ont fait la promotion de la protestation, dont Tomas Boutens un ancien militaire qui a été reconnu coupable de terrorisme il y a cinq ans. Il a dirigé le groupe néonazi "Bloed, Bodem, Eer en Trouw" et a planifié des attaques afin de garder la Flandre "blanche". Il voulait également assassiner Filip Dewinter (Vlaams Belang) afin de déclencher une guerre civile qui devait mener à un gouvernement de droite.

Sur le groupe fermé Facebook "Protester contre les mesures corona", on peut lire des messages qui incitent à la haine, dont Frank Vandenbroucke, le ministre fédéral de la Santé, est notamment la cible. Dans le message ci-dessous, on voit un internaute publier l’adresse du ministre avec le message "Attrapons-le".

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D’autres membres du groupe incitent à la rébellion : "La révolte ou l’esclavagisme ? Je choisis la révolte". "On a toujours payé la liberté par le sang."

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Selon Pieter Vanderwee, ancien membre d’organisations d’extrême droite flamande "reconverti", les débordements sont en bonne partie dus aux mouvements d’extrême droite : "Dès que ces organisations sont là, les risques de violence augmentent."

Sécurité renforcée

Sarkis Simonjan déplore les violences et appelle tout un chacun à manifester de manière pacifique : "C’est vrai, la dernière fois, il y avait des drapeaux et des mouvements d’extrême droite, mais il n’existe aucune manifestation où il n’y a pas de casseurs ou de personnes d’extrême droite ou gauche."

Pour éviter que la manifestation ne dégénère comme le 21 novembre, les forces de police ont renforcé leurs effectifs. En parallèle, l’organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM) met en garde contre la résistance aux mesures sanitaires qui s’est accrue ces derniers mois et mène à davantage de polarisation, d’extrémisme et de menaces : "Les discours de haine envers les politiques, les médias et les virologues semblent ainsi devenir de plus en plus socialement acceptés."


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Dans le cadre de cette manifestation, l’organisateur était en contact quotidien avec des organisations francophones et néerlandophones. Il explique néanmoins que les organisateurs de la première édition sont moins actifs cette fois-ci : "Ils n’ont pas été présents lors des réunions, car ils ont un autre projet : la manifestation du 9 janvier. Par contre, ils nous ont transmis leurs contacts et offert un soutien logistique et sécurité".

Pieter Vanderwee, observateur encore présent dans différents groupes d’extrême droite sur les réseaux sociaux, constate que l’engouement de ces mouvements radicaux flamands semble moins grand pour la deuxième édition : "Je vois moins d’appels à aller manifester sur ces groupes et moins de messages de haine. On dirait qu’ils préfèrent garder leur force pour la manifestation du 9 janvier".

Autre organisateur, autres méthodes

Alors que "Protester contre les mesures corona" est un groupe privé Facebook, "Belgium United for Freedom" est public et lance un appel visible de tous.

Les manifestants sont appelés à se rassembler ce dimanche à 13h à la Gare du Nord avant de rejoindre le parc du Cinquantenaire. La police prévoit du personnel en uniforme et en civil, précise Ilse Van de Keere, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Capitale-Ixelles.

Sarkis Simonjan s’attend-il aussi à rassembler plus de 35.000 manifestants ? "C’est difficile d’estimer un nombre, mais les nouvelles passent très vite sur les réseaux sociaux". Avant de conclure : "C’est un ensemble de citoyens du territoire belge qui se lèvera pour réclamer leurs droits. Aujourd’hui, ce n’est pas le gouvernement qui doit contrôler la population, mais la population qui doit contrôler le gouvernement, car l’inverse ça s’appelle la tyrannie".

JT du 21 novembre

Bruxelles : 35 000 personnes contre les mesures sanitaires

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