Belgique

Jeudi en Prime : Jean-Michel Javaux (Ecolo) ne sera plus candidat bourgmestre en 2024

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Par Jean-François Noulet

L’ancien co-président d’Ecolo et actuel bourgmestre d’Amay, Jean-Michel Javaux était l’invité de l’émission Jeudi en Prime, sur la Une, après le Journal Télévisé de 19h30. Il a été interrogé sur ses projets, alors qu’il a annoncé qu’il ne souhaitait pas rempiler pour un nouveau mandat de bourgmestre après les prochaines élections communales, en 2024. Il a aussi évoqué les questions d’actualité telles que la Cop 26 et la sortie du nucléaire.

"Il y a 15 ans que je suis bourgmestre. Je ne veux pas devenir irritable"

"Ne pas faire le mandat de trop", c’est la raison avancée par Jean-Michel Javaux (Ecolo) pour ne pas se représenter comme candidat bourgmestre lors des prochaines élections communales en 2024. L’actuel bourgmestre d’Amay achèvera son mandat "avec détermination", mais ne rempilera pas. Il ne veut pas devenir "acerbe, impatient, irritable" et préfère laisser la place à d’autres. Il dit ne pas avoir "de plan de carrière".

Député, président de parti et, aujourd’hui, bourgmestre, Jean-Michel Javaux ne se dit pas lassé, même s’il reconnaît que ce mandat "a été très dur ces deux dernières années", notamment en raison du contexte sanitaire. "Souvent, on arrondit les angles dans les buvettes, dans les fêtes, au carnaval, dans les fêtes de personnels etc. Ici, le Covid, plus les crises que nous avons vécu font qu’on sent une montée d’agressivité", explique Jean-Michel Javaux. Il raconte que ces derniers mois, il reçoit des visites impromptues, que des collègues sont en burn-out. C’est un peu le revers de la médaille d’un mandat de proximité comme celui de bourgmestre. "On n’a pas peur pour nous, par contre, on a un peu peur pour nos familles, pour nos proches", reconnaît le bourgmestre d’Amay. Cependant, "95% du temps, c’est quand même des grands moments et beaucoup de reconnaissance", précise Jean-Michel Javaux.

Pour l’avenir, Jean-Michel Javaux se dit prêt "à être au service" ou à "aller voir dans d’autres secteurs" que la politique, lui qui est aussi actuellement président de NOSHAQ, ex Meusinvest, un fonds d’investissement liégeois qui œuvre au renouvellement de l’économie, notamment en région liégeoise.

Il ne tire pas pour autant définitivement un trait sur la politique. "Je pense qu’il y a différentes façons de faire de la politique". Devenir ministre "n’est pas une demande", précise-t-il. "Maintenant si vous me dites qu’Ecolo va prendre la ministre-présidence (wallonne) ou bien qu’on va être au cœur du logiciel en prenant l’économie, je pourrais lever mon doigt au fond de la salle, je ne l’exclue pas", avoue-t-il. On peut aussi, dit-il faire de la politique dans une asbl ou au niveau international.

A la veille de la Cop 26, "Ça ne va pas assez vite"

La transition climatique ne va pas assez vite, reconnaît l’ancien co-président d’Ecolo. L’impulsion ne devrait-elle pas venir du niveau local ? "On a un réseau de villes en transition. Avec des acteurs locaux, il va falloir prendre des décisions", estime Jean-Michel Javaux.

Selon lui, "tout est en place pour donner ce coup d’accélérateur", après la crise Covid et après les inondations de cet été. Il évoque ainsi les plans européens de soutien à la transition climatique, le Green Deal, par exemple.

Toutefois, dit-il, "les enjeux vont plus vite que notre rythme", celui de la vie politique, où les mandats de quelques années, ponctués d’échéances électorales ne poussent pas à prendre des décisions impopulaires. Alors qu’il y a d’importants défis à relever dans le cadre de la transition climatique, tel que la mobilité, l’énergie, "Il faut chaque fois qu’on soit devant la crise pour se dire qu’on aurait pu anticiper", reconnaît Jean-Michel Javaux.

A quelques jours du début de la Cop 26, les entités fédérées belges ne sont pas encore parvenues à se mettre d’accord sur la manière de se répartir l’effort de réduction des émissions de CO2. 4 ministres du climat sont à la manœuvre dans ces négociations, dont trois Ecolo (au fédéral, en Wallonie et à Bruxelles). "La bonne nouvelle, c’est que le Fédéral, la Région Wallonne et la Région bruxellois sont plutôt bien alignés avec des objectifs aussi ambitieux que les objectifs de l’Europe. En Flandre, je ne vais pas tout mettre sur la N-VA puisque c’est un gouvernement, ils ralentissent un peu", estime Jean-Michel Javaux. Celui-ci garde encore l’espoir que les entités belges parviennent à s’accorder. Cependant à l’avenir, il faudra, selon Jean-Michel Javaux, dans la prochaine réforme de l’Etat "qu’on dise que, s’ils ne se mettent pas d’accord, c’est le Fédéral qui reprend la main".

Et la sortie du nucléaire ?

Jean-Michel Javaux rappelle que cela fait 18 ans que la loi de sortie du nucléaire a été votée. 18 ans plus tard, on est encore "au pied du mur", constate l’ancien co-président d’Ecolo qui souligne qu’en Europe, "deux pays sont en retard dans les énergies renouvelables, la Bulgarie et la Belgique", car le fait d’avoir une filière nucléaire a fait "qu’on n’investissait pas dans les alternatives". Or, explique Jean-Michel Javaux, "on est toujours dans le nucléaire et on voit qu’on a aujourd’hui des prix de l’électricité et de l’énergie fossile qui s’envolent complètement". "La meilleure clé est d’être plus indépendants et d’avoir plus de renouvelable", estime Jean-Michel. Javaux. Pour lui, l’objectif doit être "du 100 renouvelable".

Quant au débat actuel sur la prolongation de deux réacteurs nucléaires, pour garantir l’approvisionnement, "ce n’est pas un tabou. On va voir ce qui se passera fin novembre", réagit Jean-Michel Javaux. A cette date, le gouvernement fédéral devrait savoir si les projets de construction de centrales au gaz permettront de garantir l’approvisionnement énergétique de la Belgique. Mais, ajoute Jean-Michel Javaux, "je suis convaincu que si on veut aller vers 100% de renouvelable, […] le nucléaire est un débat pelliculaire à côté de cela". Avec "ce qu’on doit faire en termes de mobilité, d’agriculture, d’industrie et de chauffage, c’est trop facile d’avoir uniquement le débat sur le nucléaire, c’est occulter tous les gros enjeux et tous les gros efforts à faire sur le côté", ajoute Jean-Michel Javaux.

Partis politiques et communautarisme

Ces derniers mois, on a vu la sphère politique régulièrement agitée par les questions relatives au positionnement des partis par rapport à l’électorat issu d’autres communautés, plus particulièrement à Bruxelles. Dans le débat sur le port du voile dans la fonction publique, certains ont critiqué une "dérive communautariste" chez Ecolo.

Pour Jean-Michel Javaux, "C’est un débat trop sensible pour le laisser uniquement à des politiques", "J’attends qu’il y ait des profs d’unifs, des chercheurs qui fassent des propositions pour qu’on ait un dialogue aisé sur ces questions-là, car le débat ne se limite pas à pour ou contre le voile ou à qu’est-ce que c’est une fonction d’autorité". Qu’il s’agisse du port du voile, de l’abattage rituel, par exemple, l’idéal serait, pour Jean-Michel Javaux, qu’un parti puisse se positionner en dehors des périodes électorales.

Il faut aussi, estime l’ancien co-président d’Ecolo, éviter "la Zemmourisation du débat en Belgique". Avec l’exemple de la campagne française, "on voit que certains partis ont envie d’instrumentaliser cette question et opposent différentes personnes et différentes cultures entre elles". Jean-Michel Javaux privilégie "un dialogue apaisé".

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