Le juge chargé de l'enquête sur l'explosion au port de Beyrouth, Tareq Bitar, a suspendu jeudi les poursuites judiciaires contre l'ex-Premier ministre Hassan Diab après que ce dernier a déposé une plainte contre lui, selon une source judiciaire.
Le juge d'instruction a été notifié de la plainte présentée par M. Diab devant la Cour de cassation et a décidé de suspendre les poursuites contre l'ex-Premier ministre et de renoncer à son interrogatoire prévu ce jeudi en attendant la décision de la Cour.
Le juge Bitar a déjà convoqué M. Diab et quatre anciens ministres en vue dans le cadre de l'enquête, mais ils ne se sont jamais présentés. Il a également délivré un mandat d'arrêt resté sans exécution contre un ex-ministre des Transports.
Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités sont accusées par les familles des victimes et des ONG de torpiller l'enquête pour éviter des inculpations.
Cible d'une campagne de dénigrement orchestrée depuis des semaines par le puissant mouvement armé Hezbollah qui demande sa récusation, M. Bitar a dû suspendre à plusieurs reprises l'enquête, objet de vives tensions et divisions au Liban.
Cette polarisation a dégénéré en violences meurtrières le 14 octobre à Beyrouth après des tirs en marge d'une manifestation organisée par le Hezbollah et son allié, le mouvement Amal, pour exiger le remplacement du juge Bitar. Les violences ont fait sept morts.