"Le journalisme n’est pas un crime" : à Bruxelles, une chaîne humaine en soutien à Julian Assange

Les manifestants en soutien à Julian Assange

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Par Jade Duong

En soutien au lanceur d’alertes Julian Assange, des manifestants se sont réunis ce mercredi matin devant le Palais de Justice de Bruxelles pour former une chaîne humaine. Le journaliste est convoqué devant la justice britannique par les États-Unis pour obtenir son extradition suite à une fuite massive de documents.

Il est un peu plus de midi quand les manifestants arrivent dans les rues jonchant le Palais de Justice de Bruxelles. Vêtus de jaunes, les membres du collectif Free Assange Belgium demandent à tout le monde de se rassembler. Les premières vingt personnes sur place déplient les banderoles, sortent les pancartes. Avant même d’être citées, les revendications sont claires : "liberté pour Assange", "le journalisme n’est pas un crime".

Près d’une centaine de manifestants pour la liberté de la presse

Les manifestants revendiquent le droit à la liberté d’expression
Les manifestants revendiquent le droit à la liberté d’expression © Tous droits réservés

Ils étaient plus de 80 personnes à se rassembler, d’après la police.

Mégaphone à la main, une femme menait la danse : Marie-France Deprez, responsable du collectif Free Assange Belgium. "Nous sommes ici pour deux choses : apporter notre soutien à Julian Assange, victime d’injustices. Mais aussi pour montrer aux manifestants présents en Angleterre que nous sommes là aussi". La militante appelle aussi les rédactions à accorder une plus grande importance médiatique au sujet et à le couvrir plus en profondeur. Elle plaide également en faveur d’un engagement solidaire des journalistes.

Petit à petit, de nombreuses personnalités se sont exprimées. L’ancien journaliste de la RTBF Marc Molitor a ouvert les prises de parole en lisant une lettre de la Fédération internationale des journalistes et en faisant le point sur les poursuites judiciaires. Alexis Deswaef, vice-président de la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH), s’est également exprimé sur l’impact de l’emprisonnement d’un journaliste sur les piliers fondamentaux de la démocratie.

Vers 13 heures, les militants et militantes se sont dirigés devant le Palais de Justice, en criant quelques slogans comme "only one decision, no extradition !". Puis, à l’aide de ruban jaune orné du hashtag #FreeAssange, en référence aux brassards jaunes que les détenus portent à la prison de Belmarsh, où est emprisonné Julian Assange, ils ont formé une chaîne humaine.

Une volonté de justice

De pensionné à étudiant, chacun apporte son soutien comme il peut. Victor Willame par exemple, est étudiant en histoire à l’ULB. "Je n’étais pas au courant de cette manifestation avant-hier. Mais j’ai décidé de venir pour montrer que c’est une situation injuste. C’est dommage qu’il n’y ait pas plus de monde."

Si certains ne militent pas toujours, pour d’autres en revanche, c’est une habitude. Dans les deux cas, les protestations sont communes. Claudine est présente ce mercredi, mais aussi chaque lundi avec le collectif sur la Place de la monnaie. "Nous militons pour les droits humains. Il faut arrêter de faire pression sur les journalistes d’investigation. Malgré tout, j’ai confiance en la justice pour libérer Julian." confie-t-elle.

Le rassemblement s’est terminé dans le calme, à 13h30, avec l’espoir, pour les partisans de Julian Assange, que justice soit rendue.

Plusieurs organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse, dont Amnesty International, Human Rights Watch et Reporters sans frontières ont demandé mi-octobre dans une lettre ouverte au ministre américain de la Justice, Merrick Garland, d’abandonner ses poursuites.

La chaîne humaine formée par les manifestants devant le Palais de Justice, Bruxelles
La chaîne humaine formée par les manifestants devant le Palais de Justice, Bruxelles © Tous droits réservés

Julian Assange, condamné à l’extradition

Le scandale WikiLeaks éclate en 2010 : cette année-là, le site internet dont l’Australien de 50 ans est le fondateur, publie, en partenariat avec plusieurs grands médias internationaux des milliers de documents et de câbles diplomatiques qui dévoilent, entre autres, la face cachée de la guerre menée par les États-Unis en Afghanistan et en Irak. Neuf ans plus tard, le lanceur d’alerte sera arrêté à Londres, poursuivi pour espionnage et menacé d’extradition vers les États-Unis.

Après sept ans reclus à l’ambassade d’Équateur à Londres et deux ans et demi à la prison de haute sécurité de Belmarsh, Julian Assange, considéré par ses partisans comme une victime d’attaques à la liberté d’expression, a fait un pas majeur vers la liberté en janvier dernier. La juge britannique Vanessa Baraitser avait alors rejeté la demande américaine d’extradition, avançant un risque de suicide de Julian Assange, qui risque 175 ans de prison aux États-Unis.

Washington a finalement pu faire appel de cette décision, remettant notamment en cause la fiabilité du psychiatre, Michael Kopelman, qui avait reconnu avoir trompé la justice en "dissimulant" le fait que son client était devenu père de deux enfants alors qu’il était cloîtré à l’ambassade d’Équateur à Londres.

Cet appel doit se dérouler sur deux jours à la Haute Cour, à partir de ce mercredi, mais la décision n’est pas attendue avant plusieurs semaines.

Au JT ce 27 octobre 2021

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