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"Balance ton bar" a recueilli plus de 200 témoignages

Maïté Meeus, cofondatrice du mouvement "Balance ton bar" était l'invitée de VivaBruxelles ce matin

© RTBF

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Par Barbara Boulet et Lucie Hermant

VB-INVITE 7H50 26/10

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Après les nombreuses accusations d'abus sexuels qui visent deux bars du quartier du cimetière d'Ixelles, le mouvement "Balance ton bar" a lancé un appel aux témoignages sur le réseau social Instagram. Et les jeunes filles sont nombreuses à réagir, avec des histoires d'abus sexuels ou de viols, qui vont bien au-delà des deux bars bruxellois qui défraient la chronique depuis le début du mois.

La cofondatrice du mouvement Maïté Meeus était invitée sur VivaBruxelles ce matin.

Une vraie problématique sans frontière

"En un peu plus d'une semaine maintenant, j'ai reçu plus de 200 témoignages, je ne les compte plus... On dépasse les 1.000 messages de jeunes filles qui m'expriment qu'elles ont vécu des attouchements sexuels, des viols, des cas de drogues dans le verre dans des bars à Bruxelles, mais pas seulement. Plusieurs témoignages concernent des zones au-delà des frontières bruxelloises", explique-t-elle.

Des témoignages qui sont recueillis - pour des raisons légitimes - de manière anonyme. Alors comment faire la différence entre une histoire vécue et de la calomnie de la part de faux profils ? Par exemple, d'un ancien serveur qui créerait un faux profil pour se venger d'un bar ?

"C'est très facile de distinguer les faux profils de nos jours. Et puis souvent, quand je récolte les témoignages, je suis face à des femmes avec qui j'échange énormément. On s'envoie des messages vocaux, on se parle beaucoup. Ca va généralement beaucoup plus en détails que le simple témoignage que je publie. J'accueille leur démarche de façon bienveillante."

 

Les bars: complices ou victimes?

Sur le compte Instagram de "Balance ton bar", on constate également que certains établissements sont cités de manière récurrente. Dès lors, peut-on estimer que ces bars sont complices des faits ? Dans quelle mesure les patrons et gérants de ces lieux de fête pouvaient-ils ignorer ce qu'il s'y passait régulièrement ? 

"Ca, je ne peux pas le dire moi-même, je n'ai pas l'autorité pour le faire, c'est l'enquête qui le dira. Maintenant, c'est vrai qu'il y a deux catégories de témoignages : les abus par des personnes dont on ne connaît pas l'identité, et ceux qui visent clairement le staff et là c'est très incriminant."

 

Peu de plaintes officielles

Le nombre de plaintes déposées pour abus sexuels ou viols dans la zones de police Bruxelles-Ixelles sont très loin de la quantité de témoignages qui arrivent aujourd'hui, libérés par le mouvement et l'anonymat. Les autorités parlaient de 192 cas en 8 ans pour tous les bars de la zone de police Bruxelles-Ixelles. Un constat qui met en lumière la question de l'impunité: sans plainte, comment punir ?

Maïté Meeus remet les choses dans leur contexte: "Il faut se mettre à la place d'une victime ! Énormément de plaintes n'aboutissent pas, notamment par manque de preuves. Il faut savoir qu'une victime qui a été droguée au GHB a beaucoup de mal à la prouver puisque cette drogue du viol reste 12 heures dans le sang ou dans les urines. C'est-à-dire que si on a été droguée à 23H00, à 11H du matin le GHB a disparu de l'organisme. Donc le temps qu'on réalise ce qu'il s'est passé, qu'on se réveille, qu'on se rende à l'hôpital le plus proche, c'est déjà trop tard."

Elle rappelle d'ailleurs les difficultés que peuvent rencontrer les victimes de viols et d'abus sexuels dans le parcours judiciaire.

"Le chemin est très difficile. Ce que j'essaie surtout de faire c'est libérer la parole et permettre des actions concrètes. Ce n'est pas mon rôle de rendre le système officiel plus efficace."

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