Comment peut-on avoir une 4e vague… Avec 75% de personnes vaccinées ?

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Par Arnaud Ruyssen

"Nous sommes entrés dans une 4e vague de l’épidémie" c’est le ministre de la santé Franck Vandenbroucke, lui-même, qui le dit. Mais comment expliquer qu’on assiste à une telle remontée des cas et, dans une moindre mesure, des hospitalisations alors que trois quarts des Belges sont vaccinés ? Déclic a essayé de comprendre, en s’appuyant sur l’expertise de Simon Dellicour, chercheur en épidémiologie à l’ULB et au FNRS et Nicolas Franco, chercheur en modélisation mathématique à l’Unamur.

1. Un variant Delta beaucoup plus contagieux.

C’est un élément qui pèse lourd. Nous ne luttons plus contre le même virus qu’il y a encore 6 mois. Depuis fin juin dernier, le variant Delta est venu supplanter le variant Alpha (dit aussi variant anglais) qui lui-même avait progressivement pris la place du virus tel que nous le connaissions à son arrivée en Europe. La différence est très importante : si le virus originel avait un taux de reproduction de base (R0) de 3, le variant Delta a un taux de reproduction de base (R0) de 7, au moins. "Sans doute même davantage, vu notre densité de population" précise Nicolas Franco.

Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Avec un R0 de 3 (dans une population sans geste barrière et sans immunité) une personne risque d’en contaminer 3, en moyenne. Avec un R0 de 7, dans une même population, une personne risque d’en contaminer 7. On a donc affaire à un virus au moins deux fois plus contagieux. Pour prendre une métaphore, si le virus de base était une pluie, le virus actuel est une grosse drache… donc nos protections anti-pluie n'empêchent pas complètement que nous soyons mouillés..

2. Un vaccin qui ne protège pas à 100%

" Il faut rappeler, précise Simon Dellicour, que ces vaccins ont été développés sur base de la souche qui circulait en Europe au début de l’épidémie, ils ne sont pas aussi efficaces sur la souche actuelle "

Cela n'empêche pas le vaccin d'être un excellent rempart contre les formes graves du virus, de multiples études le démontrent. Cependant, la dimension de protection contre l'infection diminue, elle, au fil du temps.  En clair, une fois que vous êtes vacciné votre risque d'être hospitalisé est très faible (et cette protection se maintient très bien au fil du temps) par contre, plus le temps s'écoule après votre vaccination, plus votre protection contre l'infection s'émousse.

Des études récentes révèlent en outre que  la protection vaccinale à tendance à diminuer plus vite chez les patients les plus âgés, précisément ceux qui sont les plus à risque de développer des formes graves. C’est d’ailleurs ce qui motive de nombreux pays, dont la Belgique, à promouvoir une troisième dose pour les plus âgés.

3. Des poches de non-vaccinés

Dans certaines communes, le taux de vaccination des 18 + est au-delà de 95%, dans d’autres il dépasse à peine les 50%. Cela crée forcément des poches dans lesquelles un virus aussi contagieux que le variant Delta peut rapidement faire beaucoup de dégâts.

A cela il faut ajouter une "poche naturelle de non-vaccinés ": les moins de 12 ans qui, par la force des choses, ne peuvent être vaccinés et chez qui le virus circule beaucoup en ce moment (c’est là que les taux de positivités sont les plus élevés). Cette circulation élevée, dans les écoles, relie toute une série de familles entre elles et c’est aussi un facteur de propagation du virus dans la société.

Une situation très différente d’il y a un an

C’est tout cela, et d’autres facteurs encore (notamment une reprise massive de contacts à une époque de l’année où la météo nous force à revivre davantage en intérieur) qui redonne un coup d’accélérateur à l’épidémie, malgré nos hauts taux de vaccination.

Mais la situation reste très différente d’il y a un an. En octobre 2020, quand on enregistrait le même nombre de nouveaux cas quotidiens (autour de 6000), on enregistrait 2 fois plus d’hospitalisations par jour (plus de 200)… malgré un virus deux fois moins contagieux.

 

Plus d’info et de détails dans la vidéo ci-dessus. Extrait de Déclic, chaque soir à 17H sur La Première et à 19H, sur La Trois.

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