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Lidl: trois travailleurs révèlent le fonctionnement de l'entreprise et leurs conditions de travail

Les salariés de nombreux magasins Lidl sont en grève depuis plusieurs jours. Le personnel dénonce une charge de travail trop importante. Mais en quoi consiste-t-elle exactement? À quoi ressemble une journée-type de travail dans ces magasins? Trois salariés témoignent pour RTL INFO à visage caché.

Tous les collaborateurs peuvent à tout moment exécuter n'importe quelle tâche

Interdiction formelle pour les travailleurs du groupe de s’exprimer dans la presse. C’est donc dans un endroit anonyme que quelques employés nous expliquent leurs cadences quotidiennes, et notamment la multiplicité des tâches.

"Tous les collaborateurs peuvent à tout moment exécuter n'importe quelle tâche dans le magasin", indique une personne. "Si vous êtes responsable en boulangerie, vous partez en renfort caisse, ou on va vous dire de terminer ce qui est pour le frais, mais après vous repartez en boulangerie. C'est tout le temps comme ça", confie une autre.

"Le fait de devoir se partager entre toutes ces tâches… rien n'est exécuté à 100% convenablement. À la longue c'est fatiguant cette frustration permanente", indique encore un autre témoin.

Forcément il y a toujours des manquements quelque part, et après ça nous retombe dessus

Face à cette situation, les collaborateurs se fixent des priorités. Quitte à négliger certaines besognes. Des manquements reprochés lors de contrôles inopinés. "Un audit arrive, inspecte tout, et forcément il y a toujours des manquements quelque part, et après ça nous retombe dessus", explique un employé. "C'est source de stress pour le personnel, et ça vient rajouter à l'angoisse aussi des collaborateurs de ne presque jamais pouvoir terminer le travail qui leur a été confié", ajoute un autre.

Chaque personne qui travaille dans le magasin doit rapporter autant d'euros

Selon les travailleurs, ce ne sont pas les besoins en personnel qui déterminent le nombre d’employés au planning, mais le chiffre d’affaires de chaque magasin. "Chaque personne qui travaille dans le magasin doit rapporter autant d'euros par heure prestée. Plus votre chiffre d'affaires va être élevé, plus vous avez d'heures injectées dans le magasin pour réaliser les tâches. Si le chiffre d'affaires diminue, forcément vous aurez une diminution du nombre d'heures à consacrer pour les tâches en magasin", précise un témoin.

C'est le corps qui trinque parce qu'on force

Tous dénoncent un taux de maladie élevé et un renouvellement anormal du personnel. "Le corps encaisse. Le corps encaisse pas mal physiquement avec les tâches qui sont demandées quand on manque de bras. Evidemment c'est le corps qui trinque parce qu'on force", confie une salariée. "Physiquement ce n'est pas toujours facile. Je vais vous dire, même pour un homme sportif, ce sont des douleurs qui arrivent dans le dos, c'est parfois les genoux qui peuvent prendre aussi, les bras…", réagit une autre personne.

"On va vers une limite du système parce que les gens se rendent compte que, finalement, ils n'ont pas un travail pour être traité sous pression comme ça non-stop. Et effectivement, on a des gens qui craquent", conclut un autre témoin.

Nos trois témoins se disent animés par l’envie de bien faire. S’ils acceptent de se livrer aujourd’hui, c’est dans l’espoir d’obtenir une amélioration de leurs conditions de travail.

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