Evaluation mitigée pour le système "prime de retour": comment récupérer efficacement les 2 milliards de canettes produites par an en Belgique?

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Par Xavier Lambert

Près de 3 millions de canettes collectées sur seulement 19 communes, et malgré tout un échec?

C'est le paradoxe que laisse apparaître le rapport d'évaluation du projet de "prime de retour", que la ministre régionale de l'Environnement Céline Tellier (Ecolo) présentera ce mardi 19 octobre en commission du parlement wallon. 

Dans cette expérience-pilote, lancée dans 19 communes de 2018, les habitants des dites communes pouvaient percevoir des bons d'achat de 5 euros pour 100 canettes apportées, après inscription sur une plateforme en ligne, chez les commerçants participants. Attention: le projet visait toutefois les canettes abandonnées, et pas celles de sa consommation personnelle.

Le bilan est en demi-teinte, à tous points de vue:

  • quantitativement: 3 millions, cela peut paraître beaucoup. Mais selon FostPlus, l'asbl chargée du recyclage des déchets en Belgique, c'est près de 2 milliards de canettes qui sont mises sur le marché par an. Les canettes récoltées via le système représentaient donc 0,08% de celles-ci. Même rapporté à la population concernée des 19 communes, on estime que la quantité collectée devait représenter 4% de la quantité de canettes consommées
  • implication citoyenne: parmi ces 3 millions de canettes, 60% des canettes ont été rapportées par seulement 10% des utilisateurs. 3729 personnes en tout se sont inscrites sur la plate-forme www.primeretour.be, mais seuls 2.158 participants ont rapporté au moins 100 canettes, soit 1% de la population totale des communes participantes.
  • bilan environnemental: les organisateurs du projet pointent une légère tendance à la baisse du nombre des canettes abandonnées dans l'espace public, en particulier le long des routes et dans les quartiers résidentiels. Mais ailleurs (quartiers commerçants, parkings et stations-service), la réduction est moins évidente et l'impact de la prime est nul aux alentours des écoles, des arrêts de transport en commun, des abords des espaces récréatifs et dans les centres des villes et villages.
  • bilan économique: Le coût total du projet s'élève à 791.072,40 euros, soit 0,28 euro par canette ou 7570 euros par tonne de canettes collectées. A titre de comparaison, le coût moyen de gestion des déchets sauvages en Wallonie s'élève à 2763 euros/tonne et le coût de gestion des PMC par Fost Plus à 481,03 euros/tonne

Ces données seront analysées par la commission environnement mardi, et feront l'objet d'un débat plus large: la prime de retour, comme la consigne, ne sont en effet qu'une partie des pistes et des réponses aux dépôts sauvages et plus particulièrement au cas symbolique des canettes. Bien que très visibles, celles-ci ne représentent que 2% du nombre total et 7% du poids total des déchets sauvages?

Mais la ministre est décidée à s'y attaquer: dans un courrier adressé aux bourgmestres, elle déclare en effet: "Ma volonté est claire: je souhaite mettre en oeuvre tous les moyens opportuns pour que la situation s'améliore concrètement et rapidement sur le terrain. L'instauration d'une consigne sur les canettes et bouteilles plastiques PET est une solution qui est actuellement à l'étude pour éventuellement venir compléter la boîte à outils de mesures en faveur de la propreté publique".

 

Sur le même sujet: JT 11/05/2021

Canettes / Consigner pour réduire les déchets

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